Prudence est mon deuxième prénom

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Ils étaient reclus depuis une semaine lorsque Severus vint leur rendre visite. L'air sombre, il leur annonça les derniers nouvelles du monde sorcier.

Kingsley Shakelbot avait été élu Ministre de la Magie. Ce n'était pas réellement une surprise, l'homme était parfait pour le poste.

Membre éminent de l'Ordre, Auror émérite, il ne semblait pas avoir été attiré par le pouvoir.

Cependant, le monde magique était en ébullition. Voldemort était mort, et Kingsley avait fort à faire pour nettoyer le Ministère de tout ses anciens fidèles ou sympathisants.

L'opinion publique était divisée : d'un côté, les sorciers qui soutenaient Harry Potter, et qui l'élevaient au rang de héros. De l'autre côté, ceux qui s'accrochaient à la soit-disant traîtrise du jeune homme.

Kingsley avait fait une déclaration pour publiquement remercier Harry. Il avait mentionné l'aide précieuse que ses amis lui avait apporté, espérant ainsi préparer les sorciers à la réhabilitation de Drago.

Loin d'avoir l'effet désiré, les passions s'étaient déchaînées à ses sous-entendus.

La faute en revenait à la Gazette et ses articles lapidaires. Chaque jour, un article rappelait la fuite de Harry, sa longue disparition et son retour miraculeux au bon moment. Sans surprise, les articles au vitriol étaient signés Rita Skeeter.

Harry avait pu avoir un aperçu de l'influence de la journaliste auparavant. Malheureusement, la détestable femme avait réussi à discréditer un peu plus le jeune homme.

De plus en plus de sorciers ne croyaient pas qu'ils devaient la liberté à un tout jeune homme, préférant croire que les Aurors s'étaient montrés héroïques et qu'ils avaient défendu avec brio l'école de sorcellerie où étaient réfugiés leurs enfants.

Appuyée par les lecteurs de la Gazette, Rita Skeeter ne cessait de haranguer les foules pour exiger l'arrestation et l'emprisonnement des Malefoy. Harry n'était pas cité, mais juste évoqué, laissant supposer qu'après avoir obtenu la disgrâce complète des Malefoy la journaliste s'en prendrait au Sauveur.

Les deux jeunes hommes étaient restés silencieux, stupéfaits, et n'avaient pas dit un mot sur la situation. Severus avait soupiré et avait parlé de ses parents à Drago.

- Drago, tes parents sont réunis et ils envisagent très sérieusement de quitter le pays pour... éviter de vivre dans la clandestinité. Ta mère aimerait énormément que tu ailles avec eux.

Harry n'avait pas dit un mot, et n'avait pas regardé les yeux gris qui pesaient sur lui. Dans son esprit, il était évident que Drago devrait suivre sa famille, et il ne voulait pas l'influencer en lui montrant à quel point la pensée d'être séparé de lui lui était pénible.

Pour autant, le Gryffondor n'aurait pas du s'inquiéter autant. A peine Severus avait terminé son explication que Drago refusait fermement.

- L'Angleterre est mon pays, je refuse de fuir.

Le Maître des potions avait pincé les lèvres et dévisagé les deux garçons. Il avait soupiré.

- L'invitation s'étend à Harry.

Ils refusèrent de nouveau et Harry haussa les épaules avec un sourire triste.

- Je ne peux pas laisser mes amis. Hermione, les Weasley, Neville, Luna... Ils sont comme ma famille.

Severus grogna.

- Que prévoyez-vous dans ce cas ? Vous avez conscience que vous ne pouvez pas vivre en plein jour ?

Ce fut Drago qui répondit directement.

- Nous pouvons encore rester ici. Quelques temps. Voir comment les choses évoluent. Nous ne manquons de rien.

Harry approuva.

- Au pire, nous pouvons nous rendre sur le chemin de Traverse en étant déguisés.

Le professeur se leva, agacé.

- Il vous faudra être très prudents où vous finirez tous les deux à Azkaban !

Harry ricana.

- Prudence est mon deuxième prénom !

Drago gloussa en jetant un regard amusé au Gryffondor. Il connaissait suffisamment son caractère impulsif pour savoir que le jeune homme était tout sauf prudent...

Severus les avait fusillé du regard et les avait enjoints de réfléchir. Il reviendrait la semaine suivante pour permettre à Narcissa et Lucius de saluer leur fils avant de quitter le pays.

Lorsqu'ils furent seuls, Harry perdit son air frondeur.

- Tu es certain de ton choix, Drago ?

Le Serpentard leva un sourcil en fixant son ami.

- Ensemble. C'est bien ce que tu m'as dit ? Je sais que tu souhaites rester près de tes amis. Et je ne vais pas vivre ma vie entière avec mes parents !

Ils échangèrent un long regard puis Harry hocha la tête doucement.

- Tu as l'intention de passer ta vie entière avec moi, Drago ?

Le Serpentard rougit brusquement en détournant les yeux. Puis il soupira et prit un air revêche qui fit sourire Harry.

- Ensemble, c'est toi qui l'a voulu, non ?

Loin de se vexer, Harry se mit à rire et s'approcha de Drago pour le serrer contre lui. Le Serpentard se raidit un instant avant de se laisser aller contre le torse du jeune homme.

- Drago. C'est la pire déclaration romantique du monde, voire de l'histoire...

- Romantique ?

Drago avait grogné en tentant de se dégager mais Harry le maintenant, un large sourire idiot fixé sur le visage.

- Romantique. Tu viens juste de sous entendre indirectement que tu avais l'intention de passer ta vie à mes côtés. Je ne vois pas comment qualifier autrement ta déclaration.

- Tu es...

- Un idiot de Gryffondor. Je sais.

Le Serpentard lutta quelques instants pour rester grognon, mais il finit par secouer la tête en souriant lui aussi.

- MON idiot de Gryffondor. Je suis quelqu'un de romantique, je n'avais juste pas l'intention de l'être dans cette conversation.

Harry posa ses lèvres sur celles de Drago, recommençant jusqu'à ce que le jeune homme ne réponde au baiser.

- Je ne sais pas pourquoi je me suis tellement attaché à un Serpentard aussi pénible, tu sais...

- Je suis irrésistible, Potter. Cesse de lutter, c'est tout.

Ils se mirent à rire ensemble, avant que Harry ne redevienne sérieux.

- Tu es certain que tu ne regretteras pas ta décision, Drago ? Tes parents...

- Mes parents... Ils ont fait de mauvais choix, et même si je peux les pardonner, je n'oublie pas qu'ils m'ont livré à Tu-sais-qui pour que je sois marqué. Si nous en sommes réduits à nous cacher, c'est à cause d'eux.

- Peut-être. Mais ils ont changé. Ils nous ont aidé. Sans tes parents, nous n'aurions pas réussi, nous ne serions pas libres. Et peut être que nous ne nous serions pas trouvés.

Drago eut un sourire amusé.

- Aucun risque...

Magie complémentaireWhere stories live. Discover now