Magie complémentaire

La fin du monde

A Poudlard, la vie avait pris des allures de fin du monde. Un ballet d'élèves allait et venait à l'infirmerie, et Madame Pomfresh ainsi que le professeur Rogue étaient obligés de brasser en permanence de la potion de sommeil sans rêves.

Rogue avait même recruté quelques uns de ses meilleurs élèves, en leur promettant un bonus sur leur moyenne pour l'aider dans sa tâche. Bien entendu, les élus étaient uniquement issus de Serpentard, les seuls en qui il avait confiance pour écouter correctement les consignes selon lui.

Les rires se faisaient plus rares, et beaucoup refusaient de rester dans le parc qui avait été le témoin de tant d'horreurs quelques jours plus tôt.

A côté de ça, il y avait la disparition de Harry Potter. L'enquête avait déterminé au final qu'un inconnu était venu et avait transplané avec lui.

Certains élèves s'inquiétaient en pensant que le Sauveur avait été kidnappé au nez et à la barbe des Aurors. D'autres pensaient qu'il avait lâchement fui, rejoignant le camp des ténèbres.

Hermione et Ron n'étaient pas stupides. Ils avaient bien noté l'insistance d'un groupe à appuyer la thèse d'un Harry lâche qui aurait fui pour sauver sa vie. Mais sans nouvelles de leur ami, ils ne pouvaient qu'assurer leur soutien à leur ami, et répéter à tout va qu'ils avaient une entière confiance en lui.

Lorsque Hermione entendit Maugrey Fol'Oeil dire à Dumbledore en passant dans un couloir bondé que Harry Potter était un fichu lâche qui avait manqué de maturité et que le poids des responsabilités lui avait fait perdre la tête, la jeune fille fronça les sourcils.

Que certains élèves colportent des rumeurs était une chose. Que Rita Skeeter publie des articles diffamatoires n'était qu'une habitude.

Mais qu'un membre de l'ordre profère de telles accusations sans que Dumbledore ne proteste ou ne prenne la défense de Harry était bien plus grave.

Elle profita d'un rare moment où elle et Ron étaient seuls tous les deux pour lui faire part de ses soupçons. Elle s'attendait à une explosion de colère - Ron avait très mal vécu la disparition de son meilleur ami - ou à un haussement d'épaules désinvolte.

Au lieu de quoi, le rouquin prit son temps pour répondre. Sourcils froncés, il parla lentement.

- Tu as peut être raison. Il y a quelque chose de pas clair. La grand-mère de Neville lui a envoyé un hibou en lui demandant des explications. Apparemment la rumeur est déjà bien ancrée au Ministère.

Hermione pinça les lèvres.

- Il ne faut en parler à personne. Personne ne doit ... comprendre que nous doutons. Ou que nous avons gardé confiance en Harry.

- Tu crois qu'il va bien ?

Les yeux de Hermione s'étaient humidifiés et elle laissa Ron la serrer dans ses bras.

- J'espère, Ron. J'espère vraiment.

Après un long moment enlacés, Ron soupira.

- Il faut l'aider. Coûte que coûte.

Ce fut la semaine suivante que Hermione se rendit compte qu'il était quasiment impossible pour elle de se retrouver seule avec Ron. Il semblait y avoir toujours quelqu'un à proximité, où qu'ils se trouvent.

Au début, elle se dit qu'il s'agissait de son imagination. Mais lorsque Ron lui-même s'emporta après Ginny qui traînait une fois de plus autour d'eux, Hermione l'attira à la fin d'un cours jusqu'à la salle sur demande.

Habitué aux délires parfois un peu trop enthousiastes de son amie, le rouquin la suivit sans discuter. Il avait appris à ne pas discuter dans ces moments là, il était plus rapide pour lui de la suivre et d'attendre de voir ce qu'elle avait en tête.

Une fois seuls, il se laissa tomber sur un fauteuil fourni par la salle et haussa un sourcil interrogateur. Puis il observa Hermione faire des allées et venues à toute vitesse en marmonnant. Finalement elle se planta devant lui.

- Tu as remarqué toi aussi ?

- Remarqué quoi ?

Hermione leva les yeux au ciel en reprenant ses allées et venues. Avant de stopper de nouveau face à lui.

- Que nous ne pouvons jamais être seuls ?

Ron s'empourpra violemment et ouvrit la bouche avant de la refermer violemment. Puis, il fronça les sourcils.

- Nous sommes seuls, là.

Hermione leva les yeux au ciel en soufflant.

- Parce que je t'ai attiré ici ! Mais...

- Ginny est collante.

- Oui ! Exactement ! Et quand ce n'est pas Ginny, c'est quelqu'un d'autre !

Ron fronça les sourcils, et ouvrit de grands yeux.

- Mais oui ! Depuis que... Depuis le départ de Harry, nous avons été... entourés.

Hermione eut un large sourire.

- Exactement !

- Mais c'est...

- Une coïncidence ? Je ne pense pas, Ron. De la même façon, tout ceux qui ne cessent de parler de la lâcheté d'Harry...

- Harry n'est pas un lâche !

Hermione s'accroupit près de Ron, et lui posa les mains sur les genoux.

- Je sais Ron. Harry est bien plus courageux que tous ces idiots qui... Qui pensent faire mieux. Il a été l'affronter, sans hésiter, alors qu'il savait pertinemment qu'il risquait de ne pas revenir.

- Il me manque, Hermione. Il me manque tellement. J'espère le matin en ouvrant les yeux que tout ça n'était qu'un cauchemar et que je vais tourner la tête et le voir dans son lit près de moi...

- Oh Ron...

- Dis-moi qu'il va bien, j'ai juste besoin de...

- Je ne sais pas. J'espère de tout cœur qu'il... Qu'il va bien. Que la personne qui a fait ça est du bon côté.

Ils restèrent silencieux un long moment, perdus dans leurs pensées. Puis Hermione ferma les yeux et soupira.

- Ils vont nous chercher. Nous devrions...

- Retourner auprès des espions ? Ma propre sœur !

Hermione grimaça.

- Peut être qu'elle veut juste savoir où est Harry... Elle n'a jamais caché qu'elle était intéressée par...

- Conneries ! Tu ne crois pas toi-même à ce que tu viens de dire.

Ils échangèrent un regard sombre et se levèrent.

- Place au cirque, Ron... Nous allons devoir... faire comme si nous n'avions pas remarqué leur petit manège.

Le rouquin gonfla les joues avant de hocher la tête d'un air décidé.

- Pour Harry.

- Pour Harry. Et nous allons le retrouver. Sain et sauf.

Ils sortirent d'un air décidé, et Hermione attrapa la main de Ron, pour se donner un plus de courage.