Magie complémentaire

amertume

Ron arriva en courant dans la salle commune des Gryffondor, après avoir hurlé le mot de passe à la Grosse Dame en passant. Le tableau s'ouvrit tout en protestant vivement contre son impolitesse et Ron leva la main en signe d'excuse sans même tourner la tête.

Il dérapa et se précipita sur Hermione, l'attirant vers lui en lui attrapant le poignet. Après un regard circulaire, il nota le regard pesant de sa sœur sur eux. Et il entraîna son amie vers son dortoir à toute vitesse.

Ils croisèrent Neville et Ron lui chuchota d'empêcher quiconque de les suivre pour les cinq prochaines minutes. Neville gloussa.

- Seulement cinq minutes ?

Comprenant le sous entendu, Ron devint écarlate et Hermione détourna le regard avec un petit sourire gêné. Leur camarade leur promit de monter la garde et de ne laisser entrer personne, avec un clin d'œil amusé. Ron se jura de lui faire payer un jour ce moment de gêne.

Un dernier regard en arrière renseigna Ron : sa sœur s'était levée et attendait de voir ce qu'ils allaient faire, indécise. Le jeune homme grogna et attira Hermione dans le dortoir, fermant la porte derrière eux.

Hermione, dos à la porte, croisa les bras sur sa poitrine et leva un sourcil amusé.

- Vas-tu enfin me dire pour quelle raison tu as attiré l'attention de tout le monde de cette façon ?

Ron se gratta la tête en grimaçant et haussa les épaules.

- Euh... C'est juste que...

Il soupira et se souvint soudain de pourquoi il avait été aussi pressé.

- J'ai reçu un hibou.

D'un air décidé, il lui colla le parchemin entre les mains.

- Lis.

Hermione prit connaissance du message et elle perdit son sourire au fur et à mesure de sa lecture.

- Mais... Ils...

Ron détourna le regard, plein d'amertume.

- Je sais.

- Le Ministère a vraiment déclaré Harry traître ?

- Ma mère pense que c'est une façon de... ne pas risquer les représailles de Vo... Tu-sais-qui.

- Foutaises ! Ce fichu Ministre a toujours tout fait pour poser des problèmes à Harry. Ils veulent l'envoyer à Akaban !

Les deux adolescents entendirent des échos d'une conversation, dont le ton montait à l'extérieur. Ron grogna.

- Ginny. Ma propre sœur.

Hermione lui posa une main sur le bras.

- Il y a sûrement une explication. Elle...

- Peu importe. On verra plus tard. Il faudrait pourvoir envoyer un message à Harry. Lui dire ce qui se passe ici, qu'il doit rester caché où il est pour l'instant. Lui dire de ne pas faire confiance à l'Ordre ou à Dumbledore.

- J'ai dans l'idée que Harry s'en doute tu sais.

Ron ne répondit pas et gonfla les joues. Puis il soupira et se passa la main dans les cheveux.

- On devrait y retourner avant que Gin' ne jette un chauve-furie sur Neville...

En sortant de la chambre, Hermione attrapa la main de son ami et enlaça leurs doigts. Quand il la regarda, elle lui sourit et lui fit un clin d'œil amusé. Il s'empourpra aussitôt.

Leur sortie ne passa pas inaperçue et Colin Crivey se jeta sur eux en sautillant, bousculant Ginny.

- Oh ! C'est génial ! Vous êtes ensemble !

Ron allait nier mais Hermione lui pressa la main et il rougit un peu plus en marmonnant. Sans un mot pour personne, ils s'installèrent sur un sofa face à la cheminée, côte à côte. Hermione se pencha pour chuchoter à l'oreille de Ron.

- C'est l'alibi parfait qui nous offre un minimum de tranquillité.

Le rouquin ne répondit pas, toujours très rouge, hochant juste brusquement la tête. Il était peut être un lion courageux, mais il ne se sentait pas vraiment à son aise sur ce genre de sujet particulièrement.

Lorsque Ginny quitta la salle commune à grands pas rageurs, Hermione échangea un regard entendu avec Ron.

- Allons à la bibliothèque !

Ils s'éclipsèrent rapidement à leur tour, suivant Ginny de loin. Jusqu'au bureau de Dumbledore.

Ron stoppa brusquement, bouche bée.

- Que...

L'air sombre, Hermione hocha doucement la tête.

- Je m'en doutais un peu, à dire vrai. Ginny est l'espion de Dumbledore.

- Mais elle... Elle fait partie de ceux qui répandent le bruit que Harry s'est enfuit volontairement.

- Oui. Remus m'a dit que... Que l'ordre avait reçu l'ordre de capturer Harry. Pas de le retrouver mais bel et bien de le capturer.

Ron eut soudain l'air malade.

- Je croyais que Dumbledore voulait le bien de Harry mais... Mais la personne qui l'a emmené le jour de la bataille lui a sauvé la vie.

- Si seulement nous pouvions communiquer avec Harry ! C'est rageant !

Hermione tournait en rond, frustrée.

- Je jure que je vais trouver un moyen de pouvoir se contacter si on devait être de nouveau séparés. Au cas où...

Ron sourit sans répondre, alors qu'ils repartaient, se dirigeant cette fois-ci vraiment vers la bibliothèque. D'un ton léger, ils parlèrent de tout et de rien, comme ils le faisaient avant.

Avant que leur ami ne soit porté disparu, recherché, déclaré traître. Avant que le Directeur de leur école n'ait trahi Harry. Avant que la situation ne semble si sombre, sans aucune issue.

Ils s'installèrent dans un coin de la bibliothèque et Hermione sortit aussitôt ses parchemins de cours pour se lancer dans les devoirs qu'ils avaient à faire. Ron l'observa un moment avant de se laissa aller dans son siège en arrière, réfléchissant.

Les sourcils froncés, il essayait de se rappeler de tout ce qui s'était passé, jusqu'à la désastreuse bataille dans le parc même de l'école.

Les souvenirs tournaient dans sa tête, alors qu'il revivait tout ce qu'ils avaient pu vivre, toujours aux côtés de Harry. Jusqu'à présent, ils n'avaient pas été séparés. Ils avaient toujours pu compter les uns sur les autres... Et même lorsqu'il avait stupidement fait une crise de jalousie lors du tournoi des trois sorciers, il n'avait pas hésité à faire passer des informations par l'intermédiaire de Hermione.

Avec un soupir, Ron posa son front sur la table.

- Hermione ? Je crois que la personne qui a enlevé Harry est de son côté. Qui que ce soit, il lui a sauvé la vie et l'a éloigné de Dumbledore. Ce n'est pas un membre de l'ordre, c'est certain.

La jeune fille hocha la tête doucement.

- Tu as probablement raison... Et tu en penses quoi ?

- Qui que ce soit, le jour où nous les retrouverons, je le serrerais dans mes bras en le remerciant.