Amnésie

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Manoir Malefoy, l'ambiance était pesante et électrique.

Du fond des cachots, Lucius en bien mauvais état entendait des hurlements depuis le matin, et quelque part au fond de lui il s'en réjouissait.

Pas des tortures en elles-mêmes, non. Bien qu'il entretienne une certaine rancune envers ses "collègues" d'infortune pour ne pas l'avoir défendu ou aidé devant le maître.

Mais il jubilait à l'idée que la mauvaise humeur de son maître et le concert de hurlements ne pouvait signifier qu'une chose : personne n'avait trouvé son fils. Ni Potter.

Lucius frissonna alors qu'un courant d'air le glaçait et son mouvement involontaire le fit grimacer de douleur. Son corps portait encore les stigmates du traitement qu'il avait reçu.

A l'étage, les Mangemorts évitaient de se faire remarquer. Ces hommes et femmes si cruels, prêts à tuer et à torturer sans l'ombre d'un remord, baissaient la tête et rasaient les murs comme des enfants.

Ils craignaient leur maître, celui qu'ils avaient rejoint sans l'ombre d'un doute, celui qu'ils suivaient dans sa folie sans se poser de questions.

Voldemort lui, tournait en rond, sa baguette serrée dans sa main. Sa magie crépitait dans l'air, électrique, et il marmonnait.

Il était fou de rage.

Furieux d'être entouré d'incapables, qui n'arrivaient pas à lui amener deux gosses. Deux gamins livrés à eux mêmes...

En voyant une silhouette en noir passer, il jeta un sort, récoltant un hurlement de douleur. Il s'en délecta quelques secondes avant de grogner.

- Alors ? Où sont les gamins ?

Son Mangemort gémit et secoua la tête négativement et celui qui fut autrefois Tom Jedusor hurla de rage.

- Des enfants ! J'ai une armée qui est mise en échec par deux gosses !

Lucius sursauta en entendant un nouveau hurlement. Les cris avaient cessé et les choses s'étaient calmées à l'étage pour quelques heures. L'aristocrate en avait profité pour somnoler, dans le but de récupérer un peu de forces. Il n'était pas spécialement quelqu'un d'optimiste, mais il espérait cependant sortir des cachots.

Il grimaça alors que la douleur dans ses muscles froids se réveillait et il tendit l'oreille, essayant de savoir ce qui avait causé cette nouvelle explosion de rage.

Il avait appris dès son plus jeune âge que l'information était probablement la ressource la plus précieuse qui soit.

Voldemort hurlait de rage, en lançant des sorts à tout va. Autrefois la pièce où il se tenait avait été un charmant petit salon, décoré avec goût. Une merveille où les Malefoy exposaient des objets précieux aux yeux des visiteurs qu'ils recevaient.

Depuis que le Seigneur des ténèbres avait élu domicile au Manoir, il ne restait que des vestiges de la splendeur passée.

Les murs portaient des traces noires, stigmates des sortilèges lancés. Les objets précieux - vases, sculptures et autres - avaient été brisés. Les tableaux et tentures étaient lacérés.

Même s'il ne restait rien à briser, Voldemort lançait des sortilèges à tout va autour de lui, jusqu'à ce que Nagini sa fidèle compagne, ne vienne à lui pour s'enrouler à ses pieds. Comme à son habitude, la présence du serpent calma l'homme.

Il attrapa Queudver, le traître qui se tenait sanglotant et gémissant au sol derrière lui et dénuda son bras violemment pour exposer sa marque. Ignorant le glapissement du vermisseau misérable devant lui, il posa sa baguette et appela ses Mangemorts.

Il nota immédiatement les absents. Lucius bien évidemment. Il était après tout enfermé dans son propre Manoir, à sa demande expresse. Il s'était toujours montré exigeant avec ses Mangemorts, il voulait obéissance et efficacité.

Plus étonnant, Severus Rogue était absent lui aussi. Il plissa les yeux mais se convainquit d'attendre, se rappelant que le potioniste jouait un double jeu auprès de Dumbledore et qu'il lui était particulièrement utile.

Il commença à haranguer la foule vêtue de noir, leur rappelant qu'il n'admettrait pas d'échec et qu'il voulait le gamin Potter pieds et poings liés à ses pieds. Il le voulait à genoux devant lui, il voulait le briser avant de le tuer, pour mettre fin à la menace stupide de cette prophétie idiote.

Bien entendu, tout le monde jura de lui apporter Potter. Ils n'allaient pas dire le contraire et risquer un Doloris.

Quand Voldemort eut terminé son petit discours, il nota que Severus était toujours absent, et un sentiment étrange tordit ses entrailles. Un pressentiment. Une vague idée qu'il n'allait pas aimer ce qu'il allait découvrir.

D'une voix aussi glaciale que la banquise, il prit la parole.

- Où est Severus Rogue ?

Personne ne répondit, les Mangemorts évitant soudain son regard. Aussi, il insista.

- Seriez-vous frappés d'amnésie ? Où est Severus ? Pourquoi n'est-il pas ici ?

Le silence se fit plus lourd jusqu'à ce que Crabbe ne fasse un pas en avant.

- Il n'a pas répondu à l'appel Seigneur.

Le pressentiment se fit étouffant, alors que Voldemort commençait à envisager une hypothèse particulièrement déplaisante.

D'une voix doucereuse, il posa la question.

- Et pour quelle raison ? Aurait-il eu un empêchement ?

Le silence s'épaissit, et il sentit clairement la volonté de fuir de nombreux Mangemorts. Sa colère monta, rendant l'atmosphère irrespirable.

Crabbe hoqueta et Goyle, son complice de toujours, vint à son aide.

- Pas à notre connaissance, Maître.

Voldemort gronda, essayant de se dire qu'il ne servait à rien de torturer le messager mais il finit par envoyer un long doloris aux deux hommes devant lui. Ils s'écroulèrent en gémissant sans pour autant qu'il ne se sente mieux.

Severus Rogue était un traître. Un de ses plus fidèle Mangemorts. Un de ceux en qui il avait placé sa confiance. Un qu'il n'aurait jamais soupçonné, persuadé qu'il serait celui qui resterait près de lui quoi qu'il arrive.

Il hurla de rage, et un vent de magie balaya tout autour de lui.

- Je veux ce traître. Je le veux devant moi.

Personne ne bougea. Personne ne parla. Il insista.

- Vous allez m'amener ce traître, que je puisse m'en occuper.

Du fond de son cachot, Lucius eut un rire silencieux. Il se sentait stupide de ne jamais avoir douté de son ami, de ne jamais avoir pensé qu'il puisse être un traître.

Un instant, il regretta de ne pas avoir eu plus confiance en leur amitié, il aurait été soulagé à cet instant s'il lui avait demandé de prendre soin de sa famille.

Il espérait qu'il aiderait au moins son fils puisqu'ils avaient toujours été proches tous les deux.

Lucius se sentit légèrement soulagé. Si Severus appartenait au camp de la lumière, alors il ne laisserait pas son filleul mourir.

Magie complémentaireWhere stories live. Discover now