Magie complémentaire

Mécontent

Le Ministère traquait Harry Potter. Tout comme les membres de l'Ordre du Phénix.

Pour autant, ni les Aurors, ni les espions à la solde de Dumbledore n'avaient l'ombre d'une piste. Le garçon semblait s'être évaporé.

Dumbedore était mécontent. Tous les plans qu'il avait soigneusement mis en place depuis des années avaient été réduits à néant en l'espace d'un battement de cils.

Tout ça parce qu'un mystérieux inconnu était arrivé et avait emmené Harry Potter pour lui sauver la vie.

Il avait sur le moment pensé que c'était un coup de ses chers amis. Mais Ronald Weasley et Hermione Granger semblaient perdus.

Il les avait fait surveiller de près, pour s'assurer que ce ne soit pas un nouveau coup d'éclat du fameux trio. Il avait du se rendre à l'évidence et accepter le fait que Harry Potter avait eu un autre allié, un allié que lui - Dumbledore - sensé être son mentor, ne connaissait pas.

Le Ministre avait suivi son conseil, de faire déclarer Harry traître. Il était persuadé que le gamin réagirait en bon Gryffondor et se jetterait tête la première au devant du danger pour laver son honneur.

Sauf que pour une fois, Harry semblait avoir écouté la voix de la raison.

Le vieil homme jeta un regard autour de lui. Minerva semblait inquiète. Son élève fétiche était porté disparu et avait été accusé de traîtrise. Severus, son cher espion, avait l'air impassible comme à son habitude.

Devant eux, dans la Grande Salle, les élèves mangeaient en silence.

Depuis la bataille, depuis la disparition de leur camarade, les repas étaient inhabituellement calmes. Les maisons ne semblaient plus avoir cœur à se chamailler.

Il n'aimait pas voir son école aussi triste. C'était un passage obligé bien entendu. Il avait eu besoin de tout ça pour mettre fin à la folie de Tom.

Si Harry n'avait pas une fois de plus joué les fortes têtes, la guerre serait peut être terminée d'ores et déjà. Le gamin serait mort, Tom serait mort. Le monde magique serait à ses pieds.

Et Poudlard se porterait parfaitement bien.

Le Directeur soupira et commença à manger, déterminé à trouver une solution pour retrouver Harry. Il avait besoin de ce fichu gamin à cause de la prophétie. Lui vivant, il ne pouvait pas se débarrasser de Tom.

A la table des Gryffondor, Ron mangeait avec appétit tandis que Hermione repoussait les aliments d'un air sombre. Elle avait noté le regard de Dumbledore autour de lui, et elle se sentait quelque part trahie.

Elle se demandait si Harry savait que le directeur, en qui il avait eu confiance au point de lui confier sa vie, l'avait trompé toutes ces années. S'il était au courant que les rumeurs courant sur lui - sur sa lâcheté et sa traîtrise - venaient en grande partie de Albus Dumbledore.

Elle prit une bouchée de viande et mastiqua lentement. Tout le monde semblait triste, à Poudlard. Comme si la disparition de Harry avait fait disparaître la joie de vivre.

Ron lui jeta un regard interrogateur et Hermione se força à sourire pour le rassurer. Néanmoins, le jeune homme n'était pas dupe, et il lui adressa un sourire rassurant.

Une nuée de hiboux entra dans la Grande Salle, et d'un coup tout le monde s'anima.

L'événement était suffisamment inhabituel pour que le calme ne vole en éclats. Alors que les volatiles tournaient en rond au plafond, la vie revenait dans la Grande Salle. Comme avant la bataille.

Dumbledore avait les sourcils froncés, perplexe, ne comprenant pas ce qui se passait. Severus masqua de sa main un léger rictus et il croisa le regard amusé de Minerva.

Il reprit aussitôt tout son sérieux, mais sa sévère collègue lui adressa un léger clin d'œil.

Au fur et à mesure que les hiboux distribuaient ce qu'ils avaient en charge, il y avait des murmures de plus en plus forts, et des exclamations de surprise.

Hermione attrapa délicatement le rouleau ficelé et l'ouvrit doucement.

Son air inquiet se transforma en un large sourire ravi et elle montra à Ron ce qu'elle tenait : Le Chicaneur.

Sur la couverture, il y avait uniquement les lunettes de Harry dessinées, surmontées de l'éclair de sa cicatrice. Le monde sorcier dans son ensemble ne pouvait que comprendre de qui il était question.

Fébrilement, la jeune fille ouvrit le journal et le feuilleta jusqu'à tomber sur l'article qui faisait la une. Sans surprises, le journaliste n'était autre que Luna. Elle y décrivait la bataille, telle qu'elle l'avait vu, rappelant qu'elle y avait été présente contrairement à ses confrères de journaux rivaux.

Luna décrivait cette journée de façon détachée, rappelant au monde sorcier que c'était eux, les enfants, qui avaient mené la dernière bataille en date.

La Serdaigle décrivait le courage de Harry qui s'était placé face à son ennemi, qui avait entamé le combat alors même qu'il était un adolescent. Elle racontait chaque blessure, chaque sort qui l'avait touché.

Elle racontait qu'il avait tenu bon, restant debout malgré le sang qui coulait sur son visage, malgré les horreurs que lui lançait Voldemort.

Puis, Luna en venait à l'événement marquant de cette bataille, ce qui avait tout changé.

Elle répétait que Harry se battait, lorsqu'un sorcier dissimulé sous une cape était arrivé dans son dos et l'avait ceinturé avant de disparaître avec lui.

Beaucoup devaient être en train de lire l'article, puisqu'une vague de rumeur enfla et parcourut la salle. Sans un mot, Hermione passa le journal à Ron qui le lut à son tour, souriant lui aussi.

Les deux amis se tournèrent vers Luna, qui mangeait tranquillement, indifférente au chahut autour d'elle. Elle sembla sentir le regard des deux Gryffondor puisqu'elle leva la tête et leur adressa un clin d'œil complice assorti d'un sourire un peu rêveur.

Hermione sentit son cœur gonfler de gratitude envers leur étrange amie, et regretta instantanément de ne pas avoir été plus amicale avec elle. Harry avait toujours été celui qui avait été proche de la blondinette, écoutant ses histoires à dormir debout sans se moquer.

Ron gloussa, ravi.

- Cette chère Luna... Elle est extraordinaire ! Je comprends pourquoi Harry l'adore...

Hermione ne répondit pas, observant Dumbledore se lever et quitter la Grande Salle à grands pas rageurs.