Château

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Severus se doutait que sa soirée ne serait pas agréable lorsqu'il reçut la convocation du Lord. Quand son bras commença à le brûler, il se crispa et se mit immédiatement en route pour le Manoir Malefoy.

Comme tous les Mangemorts, il avait été soumis au sortilège Fidelitas pour ne pas révéler où se trouvait Voldemort, mais pour l'instant, l'Ordre ne lui avait jamais demandé où il se rendait lorsqu'il était appelé.

Pour autant, il n'aurait jamais pu se douter à quel point les choses seraient compliquées. Lorsqu'il arriva au Manoir, il fut accueilli par une pluie de Doloris.

Il serra les dents et s'employa à supporter la douleur. Il répondit du mieux qu'il pouvait, le Lord voulant savoir où était caché Harry Potter.

Severus nota avec intérêt que pour les Mangemorts, la fuite de Harry et sa disparition était un coup monté par l'Ordre pour le mettre à l'abri.

Le maître des potions se rendit également compte que Voldemort avait probablement perdu le peu de raison qu'il lui restait face à la disparition du jeune homme qu'il avait prévu de tuer. Il ne pensait plus qu'à le retrouver pour se battre de nouveau contre lui, persuadé qu'il allait le vaincre...

Après un long moment à subir, Severus se retrouva au sol, haletant, luttant pour ne pas perdre conscience. Il commençait à douter qu'il puisse rentrer chez lui indemne.

Il s'obligea à vider ses pensées, à ne surtout pas penser aux deux adolescents qu'il avait juré de protéger. Pour l'instant, le Lord ne lui avait pas posé de questions au sujet de son filleul... et il s'en félicitait.

Finalement, tout s'arrêta. Il entendit la voix sifflante au dessus de lui.

- Trouve-moi Potter.

Il resta au sol un long moment, avant de finalement réussir à se relever. A pas lents, il quitta le Manoir Malefoy, titubant, pensant uniquement à rentrer à Poudlard.

Il lui fallut presque une heure pour regagner le château, et il s'effondra dans ses appartements, attrapant une fiole d'anti-douleur avant de s'écrouler sur son lit.

Ce fut à ce moment que Severus Rogue prit conscience qu'il était passé près de la mort, bien plus près qu'à n'importe quel autre moment. Il avait subi la folie du Lord, parce que ce dernier avait décidé de prendre pour cible un jeune garçon.

Même si sa vie était en jeu, Severus ne se voyait pas livrer un enfant pour survivre. Qu'il s'agisse de Potter ou d'un autre, il était avant tout professeur et il n'envisageait pas de mettre volontairement en danger un des enfants qu'il avait sous sa responsabilité.

L'homme commença à douter du bien fondé de continuer son rôle d'espion. Il avait été utile jusqu'à présent, mais... Dorénavant il était trop exposé.

Les Mangemorts ne l'avaient jamais respecté car il avait été le favori du Lord a une époque. Et Voldemort semblait décidé à le torturer jusqu'à obtenir ce qu'il n'avait jamais pu avoir : Poudlard.

L'école lui apporterait un grand nombre de gosses à modeler selon ses envies. Des otages également, pour rendre le monde magique docile.

Mais Severus lui avait toujours dit que l'école était imprenable, que le château était parfaitement bien défendu.

Alors que la potion contre la douleur commençait à faire effet, Severus se détendit légèrement, et il envisagea la possibilité de cesser d'être espion.

Il avait obéi pendant la plus grande partie de sa vie, il avait suivi les ordres de Dumbledore qui le poussait encore et encore à lui rapporter toutes informations pouvant aider à retrouver Voldemort affaibli et diminué.

Quand Harry Potter était arrivé à Poudlard, son mentor lui avait rappelé la promesse faite à Lily. Il l'avait enchaîné bien plus efficacement que par la menace, en lui rappelant son amour perdu. Lorsqu'il avait vu le gamin pour la première fois, il l'avait détesté de toute son âme, parce qu'il était le portrait craché de James.

A plusieurs reprises Minerva lui avait dit qu'il ressemblait plus à sa mère qu'à son père, mais il était resté ancré dans sa haine. Il l'avait protégé, inlassablement.

Parce que évidemment, le gamin se mettait en danger en fourrant son nez partout, au mépris du règlement. Il râlait en le comparant avec James, mais une petite voix lui soufflait que Lily avait eu une curiosité insatiable et qu'elle aussi aurait probablement terminé par attirer les ennuis comme son fils...

Il aurait pu demander à l'Ordre de le protéger. Il aurait pu leur parler de la folie galopante de Voldemort, de son habitude de le torturer de plus en plus violemment parce qu'il ne lui amenait pas Harry. Il aurait pu annoncer qu'il ne pouvait plus être espion, que sa couverture avait été découverte. Qu'il risquait avant tout d'être tué.

Mais il savait au fond de lui que son mentor qu'il avait tant admiré ne le soutiendrait pas. Qu'il l'obligerait à continuer jusqu'à ce qu'il soit tué, avide d'obtenir la moindre miette d'information.

Il le sacrifierait probablement parce qu'il savait que Severus malgré sa haine ferait en sorte de protéger Harry à cause de la promesse faite à Lily.

Quelque part en chemin, Albus Dumbledore s'était perdu. Il avait oublié qu'il avait au départ voulu arrêter Voldemort pour empêcher des morts. Il en avait fait un duel à mort, le choc de deux folies et de deux ambitions. Les deux camps bataillaient en utilisant leurs soutiens comme des pions, les envoyant à la mort sans sourciller.

Ils étaient tous devenus de la chair à canon, sacrifiables et remplaçables.

Ces deux fous plein d'ambitions avaient perdu de vue un élément important : Harry Potter. Harry Potter et son optimisme, et sa naïveté. Harry Potter qui voulait sauver tout le monde, peu importe qui ils étaient.

Ce fichu Harry Potter qui était parvenu à toucher le cœur de son rival. Qui avait dans l'idée de se battre main dans la main avec son rival.

Ce gamin qui malgré la trahison du monde sorcier envers lui était décidé à se battre encore, pour des gens qui lui avaient tourné le dos.

Avec un soupir, Severus sut qu'il allait cesser d'espionner. Il n'irait plus aux réunions de Mangemorts, il ne répondrait plus aux appels. A la place, il allait remettre sa vie entre les mains du fils de son ennemi. Qui était aussi le fils de son amour de jeunesse, sa douce Lily.

Magie complémentaireWhere stories live. Discover now