Magie complémentaire

Les histoires d'un voyageur

Neville Longdubas avait l'habitude d'être ignoré ou regardé avec condescendance. Depuis son arrivée à Poudlard, son appartenance à la maison Gryffondor avait été remise en cause.

Il n'en voulait à personne : après tout, même sa propre famille avait pensé qu'il était cracmol. Sa grand-mère le bousculait sans cesse, le comparant avec ses parents - véritables héros de guerre.

Il enviait ses camarades parfois de ne pas vivre avec une telle pression sur les épaules. Il voulait juste vivre sa vie tranquillement, pouvoir être passionné de botanique, oublier ses héros de parents.

Parce qu'ils avaient combattu, tout le monde attendait de lui qu'il ne prenne leur suite. Qu'il ne se décide à les venger.

Neville était probablement la personne qui comprenait le mieux Harry. Il savait ce que c'était d'avoir un poids sur les épaules, un poids qui avait été placé avant même leur naissance. L'un comme l'autre, ils avaient été privé de leurs parents. Ils avaient grandi loin de l'amour qu'ils auraient du recevoir, même si Neville avait eu de la chance avec sa grand-mère. La vieille dame n'était pas maternelle mais elle l'aimait. Assurément.

Contrairement à ce que beaucoup pensaient, Neville n'était pas stupide. Mais son apparence débonnaire l'avantageait en quelques sortes : beaucoup parlaient en sa présence sans se méfier. Il se trouvait ainsi tenu au courant de beaucoup de choses.

Il avait ainsi été aux premières loges quand les premières rumeurs avaient commencé à courir sur Harry et sa prétendue lâcheté. Neville avait été furieux au départ : Harry pouvait être beaucoup de choses, mais la lâcheté n'était pas l'un de ses défauts.

Le jeune homme avait compris que les choses étaient plus complexes qu'elles en avaient l'air, et il avait choisi de rester en retrait et d'observer. Luna était venue le trouver un jour et ce fut tout naturellement qu'ils avaient parlé de ce qui se passait. De la façon dont leur monde était en train de changer.

Luna était comme lui : les gens parlaient devant eux parce qu'ils ne se méfiaient pas.

Lorsque Hermione et Ron avaient disparu à leur tour, ils n'avaient pas eu besoin de se consulter pour savoir qu'ils étaient parti rejoindre Harry. Et ils n'avaient pas eu besoin de discuter pour décider qu'ils voulaient les aider. Aider Harry, jusqu'au bout. Le soutenir.

Ainsi, Neville et Luna passaient du temps ensemble - encore plus qu'avant - et discutaient. Pour quiconque les croisait leur conversation semblait décousue et sans le moindre sens. Ils échangeaient des idées au milieu d'explications de Luna sur les créatures imaginaires que le Chicaneur décrivait et de descriptions botanique de Neville.

Après avoir proposé d'utiliser les joncheruines du côté de Luna, ou d'enchanter un filet du diable pour que ses lianes forment des lettres pour faire passer des messages, ils finirent par éclater de rire à leurs propres facéties.

Ce fut Luna qui proposa d'utiliser une sorte de code pour communiquer. Elle supposait que les hiboux pourraient leur parvenir, mais ils ne voulaient pas prendre de risques.

Après réflexion, Neville soupira.

- Il faut un code que Hermione puisse comprendre.

Ils échangèrent un regard entendu et alors qu'ils croisaient d'autres élèves Luna reprit d'une voix forte.

- Les joncheruines sont nombreux en ce moment. Je suis certaine que c'est pour ça qu'on peine à trouver des ronflack cornus tu sais.

Neville masqua un sourire en notant les ricanements moqueurs autour d'eux. S'ils savaient...

Peu de temps après, Neville avait cherché Luna dans tout Poudlard, impatient et excité, avant de finir par la trouver près du lac à l'extérieur.

La jeune fille l'attendait sagement, souriante.

- Neville, tu m'as trouvé !

Le jeune homme gloussa en hochant la tête.

- J'ai trouvé !

Ils échangèrent un regard et Luna l'entraîna à sa suite en sautillant, en direction de la forêt interdite. Elle l'attira dans une clairière et lui montra un coin ombragé.

- C'est là où vivent les sombrals.

- Les sombrals ?

- Ce sont les animaux qui tirent les calèches. Personne ne les voit. Enfin presque. Il faut avoir côtoyé la mort pour pouvoir les voir.

Neville dévisagea la jeune fille.

- Tu les vois toi ?

- Oui. Harry aussi.

Ils restèrent silencieux un moment et Neville s'empêcha de demander pour quelle raison Luna voyait de tels animaux. Avec douceur, Luna posa une main sur son bras.

- Qu'as-tu trouvé Neville ?

- Le code idéal. Le chiffrement Arnold. C'est un principe simple : il se base sur un livre, n'importe lequel. Les deux interlocuteurs doivent posséder le même. Le code est une suite de trois chiffres pour chaque mot : numéro de page, numéro de ligne et position du mot dans la ligne.

Luna réfléchit un instant, le front plissé.

- Donc, on envoie une suite de chiffres ?

- Oui.

Ils restèrent un instant silencieux, puis Neville haussa les épaules.

- La difficulté est de trouver un livre que tout le monde a.

- Les histoires d'un voyageur.

- Quoi ?

- C'est un livre de contes pour enfant.

- Je connais Luna, je l'avais étant petit. Mais comment peux-tu être sûre qu'ils l'auront là où ils sont ?

La jeune fille gloussa.

- Parce que j'ai donné ce livre à Hermione le jour même où elle est partie étant donné qu'elle ne le connaissais pas.

- Et telle que nous connaissons Hermione, elle l'aura pris avec elle pour pouvoir le lire entièrement. Elle n'aurait jamais abandonné un livre qu'elle n'avait pas terminé.

Luna gloussa de nouveau, toute joyeuse.

- C'est réglé donc.

Ils repartirent tranquillement vers le château en discutant comme à leur habitude, échangeant de façon décousue de la manière qui n'appartenait qu'à eux.

Ils croisèrent leur professeur de potions et Neville se crispa involontairement, bien qu'il devait avouer que Severus Rogue se montrait bien moins incisif ces derniers temps. Pour preuve, cela faisait plusieurs cours qu'il n'avait pas fait exploser de chaudron sous le stress ! Un record pour lui.

Neville se mordilla la lèvre soudainement.

- Luna ? Tu penses réellement que ce sera aussi simple ? Juste un hibou ?

La jeune fille laissa échapper un rire amusé.

- Bien sûr que non. Il nous faut un messager, pas un hibou.

Neville secoua doucement la tête, amusé malgré lui par son amie.

- Et tu as une idée je suppose ?

Elle prit un air mystérieux et se pencha vers lui. Il put humer son parfum fruité alors que les lèvres de Luna s'approchaient de son oreille.

- Je suis certaine que les Ronflack cornus nous conduiront à un parfait messager.

Neville haussa les épaules et décida qu'ils verraient bien en temps et en heure comment procéder...