Le frémissement de la guerre

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En marchant rapidement dans une rue déserte et sombre, Severus se souvenait des paroles qu'il avait surprises entre Dumbledore et Fol-Oeil.

" Si seulement Horace n'était pas introuvable ! Je suis certain que Tom lui avait parlé de ses projets"

Sur le moment, il n'avait pas compris. Ou plutôt, il n'avait pas fait attention. Jusqu'à ce qu'il ne repense aux horcruxes et au journal de Jedusor. Au journal de Tom Jedusor. Tom, qui avant de devenir Voldemort, avait été élève à Poudlard.

Une fois que son esprit avait fait cette connexion, il avait tout de suite su qui était Horace. Horace Slughorn, son ancien professeur de potions. Ce professeur particulier qui était attiré par la richesse et la gloire. Qui mieux que lui aurait pu guidé Tom dans ses projets de grandeur ?

L'homme n'était pas mauvais, mais il aimait le prestige.

Par un hasard merveilleux, Severus savait exactement où se trouvait Horace. Une fois à la retraite l'homme s'était retiré. Puis il avait disparu après la mort de Lily.

Lily avait été l'élève préférée de Slughorn. Et la dernière fois que Severus l'avait vu, c'était le soir même de la mort de Lily. Il était encore sous le choc d'avoir tenu le corps de son amie, et il avait écouté son vieux professeur lui parler de la magnifique jeune femme qu'elle avait été.

Slughorn lui avait laissé un papier en lui disant qu'il pouvait venir lui parler si besoin. Puis... il avait disparu de la surface de la terre.

Severus avait rangé le morceau de parchemin soigneusement, en pensant qu'il ne l'utiliserait jamais. Pourtant il l'avait gardé précieusement, parfaitement caché. Et finalement, le moment était venu pour lui de l'utiliser.

Lorsque Slughorn lui ouvrit la porte, son visage se ferma. Cependant, il le fit entrer.

- Severus ? Je vois qu'Albus...

Agacé, Severus le coupa immédiatement.

- Albus ne sait pas que je suis ici.

L'air soulagé de son ancien professeur lui arracha un léger sourire.

- Professeur, je suis venu pour...

- Ne m'appelle pas professeur voyons. Appelle moi Horace s'il te plait.

Severus acquiesça, un peu agacé de l'interruption.

- Je suis ici pour une question, Horace. A propos de Tom Jedusor.

L'homme pâlit immédiatement et recula d'un pas. Avec une grimace effrayée, il répondit aussitôt.

- Je n'ai rien à dire à ce sujet, mon garçon. Tu devrais repartir d'où tu viens.

- Albus vous cherche, Horace. Et j'ai besoin de savoir. Ne sentez-vous pas le frémissement de la guerre ?

Amer, l'homme se laissa tomber dans un fauteuil non sans jeter un regard à sa collection de photographies. Tous ses élèves préférés, ceux qui avaient réussi dans la vie. Ceux qui étaient devenus quelqu'un.

- Il n'y a rien à savoir, Severus. Rien du tout. Tom a été mon élève, tout comme toi.

Ils se dévisagèrent un instant, et les yeux de Severus errèrent autour de lui. Il tomba sur un portrait de Lily et son cœur se serra. Il prit le petit cadre et observa la jeune femme, celle qu'il avait tant aimée et qui était morte par sa faute.

Il soupira.

- Elle était si belle, n'est-ce-pas ?

- La beauté de Lily n'a rien à voir.

- Non. Mais sa mort si.

Horace grogna.

- Je n'y suis pour rien.

- Vous non, Horace. Moi, je suis celui qui a répété cette maudite prophétie.

Après un long silence, Horace secoua la tête.

- La culpabilité est une compagne tenace, n'est-ce-pas ? Toutes ces années, et toujours aussi vive...

Severus ne répondit pas, conscient que son ancien professeur parlait de lui-même.

Ce dernier s'ébroua, puis fixa Severus avec attention.

- Pour quelle raison es-tu ici, mon garçon ? La vraie raison, je te prie.

L'enjeu était trop important pour perdre l'avantage que Horace Slughorn pourrait apporter, aussi Severus répondit il sincèrement.

- Je suis ici pour le fils de Lily. Harry. Il... Il est sain et sauf pour l'instant, et il a découvert l'existence des horcruxes. Nous... Nous avons besoin de savoir combien il y en a exactement, pour ne pas envoyer ce jeune garçon à la mort.

Horace resta silencieux, perdu dans ses pensées. D'un coup, il se leva et commença à marcher de long en large, se frottant de temps à autre les yeux.

- Le fils de Lily... Le survivant... Pauvre garçon. Ainsi, tu es devenu son protecteur alors même que tu haïssais son père.

Severus s'empourpra légèrement en se souvenant de ses brimades et réflexions envers le jeune homme.

- C'est le fils de Lily.

- Oui, assurément pour vouloir nous sauver malgré ce qui se dit sur son compte. Il doit être vraiment exceptionnel.

Severus ne répondit pas. Il ne le dirait jamais à voix haute, mais oui, le garçon était assurément hors du commun. Horace s'arrêta devant Severus, et plongea ses yeux dans le regard du maître des potions.

- Un soir, il y a bien longtemps, un jeune garçon talentueux et prometteur est venu me voir. Il avait trouvé dans la réserve de la bibliothèque un livre traitant de la magie la plus noire qui soit, les horcruxes et il voulait en savoir plus. Je ne vais pas te répéter ce que sont ces abominations, parce que si tu es ici, tu le sais. Mais... J'ai été stupide, puisque je lui ai répondu en toute franchise. Je l'ai averti que c'était contre-nature et terrible, mais il... Il avait une telle soif de savoir, de connaissances...

Horace s'interrompit et se détourna pour s'approcher d'un petit meuble duquel il tira un verre et une bouteille de Whisky pur feu. Il s'en servit et but une rasade. Les mains tremblantes, dos à Severus, il reprit doucement.

- Je n'ai pas fait attention. J'ai... Nous avons parlé de ces choses, de comment les créer - par un meurtre. Puis Tom s'est posé la question de savoir si plusieurs pouvaient être créés. Oh... Merlin... Nous avons débattus du sujet, et moi... Moi je pensais que c'était de la curiosité...

Il laissa échapper un sanglot et reprit une gorgée de Whisky.

- Il a dit une phrase qui m'a glacé. Qui me hante encore aujourd'hui. "Sept est un nombre magique, n'est-ce-pas professeur ? L'idéal serait donc de créer six horcruxes". Je ne peux rien te dire de plus, mon garçon. C'est tout ce que je sais.

Severus s'avança et lui posa une main sur l'épaule.

- Merci.

L'homme hocha la tête sans se retourner.

- J'espère que tu n'as plus de questions, parce qu'à la minute où tu seras parti, je disparaîtrai pour de bon cette fois.

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