Magie complémentaire

Etoiles filantes

Severus n'avait pas eu l'occasion de montrer le dessin fait par Théo à Kréattur. Il n'avait pas revu Narcissa non plus, qui aurait pu l'appeler en tant qu'appartenant à la lignée des Black.

Aussi, lorsque Lucius lui donna rendez-vous à Pré-au-Lard, il empocha le parchemin avec détermination, espérant que ce dernier pourrait l'aider un peu.

Ils se rejoignirent devant la cabane hurlante.

- Lucius ?

- Severus, mon ami.

- Quelles sont les nouvelles ?

L'aristocrate rejeta ses cheveux en arrière tout en haussant les épaules, en un geste fluide né d'une longue habitude.

- Je suis rentré dans les bonnes grâces du Maître.

Les deux hommes se fixèrent un long moment. Severus soupira et hocha la tête.

- Très bien. Pas d'autre mission ?

- Pas pour l'instant. Merlin merci. Narcissa va bien ?

- Aussi bien que possible compte tenu des circonstances, Lucius. Et ton fils va bien également.

Lucius détourna la tête, l'air agacé puis soupira. Le silence retomba et Severus sortit son parchemin. Il lui tendit.

- As-tu déjà vu cet objet auprès du Seigneur des ténèbres ?

Lucius eut un geste de surprise.

- Pas auprès du Seigneur des ténèbres, non. Mais j'ai effectivement déjà vu cet objet.

Severus se pencha vers Lucius, se sentant soudain fébrile.

- Vraiment ?

- Avant de te répondre, qu'est-ce ? Un objet comme celui que je t'ai déjà ramené ?

- Oui. C'est un objet important comme la bague. Chargé de magie noire.

Lucius hocha la tête et se perdit un instant dans ses pensées.

- C'est cette affreuse Ombrage qui le possède. Elle a l'air de penser que cette chose est le comble de... du bon goût.

La grimace écœurée de Lucius amena un sourire amusé sur les lèvres de Severus. Voyant son air amusé, Lucius grogna.

- Oh tu ne serais pas si... joyeux si cette... personne te poursuivait inlassablement de ses assiduités.

Cette fois, ce fut un gloussement que Severus dut réprimer, à l'idée de la détestable Dolorès Ombrage poursuivant Lucius Malefoy.

L'aristocrate ignora son ami pour faire des allées et venues nerveuses.

- Tu as besoin de cet objet n'est-ce-pas ? Potter en a besoin ?

Prudent, Severus hocha la tête.

- C'est important oui.

- Seulement important ?

- Au point que je risque ma vie sans hésiter, Lucius.

Le blond continua de tourner en rond en silence, le front plissé, semblant plongé dans une intense réflexion. Alors que Severus allait l'interrompre pour prendre congé - il préférait ne pas rester trop longtemps hors de Poudlard pour ne pas être découvert - Lucius s'arrêta devant lui et planta ses yeux clairs dans les orbes onyx de son ami.

- Non. Tu ne vas pas risquer ta vie.

Severus se renfrogna immédiatement. Il détestait l'air supérieur que Lucius pouvait se donner, et plus encore il détestait sa façon de lui donner des ordres.

- Lucius...

- Tu ne vas rien faire, hormis respecter ta promesse et veiller sur ma famille. J'irais.

Sur l'instant, Severus crut avoir mal entendu. Après tout, il connaissait Lucius depuis des années et jamais ce dernier ne pourrait envisager de se mettre sciemment en danger. Qu'il ait eut le courage de lui donner la bague avait été une surprise déjà. Qu'il puisse lui proposer d'aller chercher le médaillon gardé par Ombrage était une autre surprise de taille. Ou plutôt, c'était inattendu.

- Toi ?

Lucius eut un rire amer.

- Surprenant n'est-ce-pas ? Je dirais bien que je suis devenu courageux comme mon cher rejeton, mais la vérité est bien moins... brillante.

Severus ne montra aucune réaction, se contentant d'attendre l'explication de son ami.

- Vois-tu, je dois supporter ce crapaud à chaque fois que je me rend au Ministère. Elle semble persuadée avoir ses chances pour devenir la... future Madame Malefoy. La disparition de Narcissa du Manoir a entraîné beaucoup de suppositions erronées.

L'aristocrate pinça les lèvres d'un air agacé et secoua la main comme pour dire que ça n'avait pas d'importance. Puis, après avoir soupiré bruyamment, il continua.

- Donc, ça sera un plaisir de... la déposséder de cette babiole.

- Ne risque pas ta couverture pour ça, Lucius.

L'avertissement de Severus ne sembla pas émouvoir son vis à vis.

- Sois sûr mon ami que la prochaine fois que je te contacterai j'aurais cet objet en main.

Severus grogna.

- C'est une mode chez les Malefoy de jouer les crétins de Gryffondor ?

Piqué au vif, Lucius se redressa, les doigts serrés sur sa canne à pommeau.

- Ne sois pas stupide. Si je t'assure que je peux te l'obtenir, alors c'est le cas ! Douterais-tu de moi ?

- De toi ? Non. De tes motivations ? Clairement. Tu n'es pas si prompt à te défaire d'une admiratrice un peu collante habituellement !

- Cette femme est folle. Totalement folle. Fudge a mille fois mérité sa mort pour l'avoir envoyé à Poudlard au milieu d'enfants ! Et vous avez eu de la chance qu'aucun enfant ne soit blessé sérieusement...

Severus se frotta les yeux, essayant d'oublier le passage désastreux d'Ombrage à Poudlard. Il avait été soulagé de la voir quitter les lieux. Ses Serpentard avaient compris comment s'en sortir en rejoignant sa stupide brigade inquisitoriale, et ils s'en étaient mieux tirés que les autres maisons. Mais il n'avait pas compris comment Dumbledore avait pu rester aussi passif.

Lucius lui adressa un sourire froid.

- Sais-tu que cette femme se vante à chaque fois qu'elle me croise d'avoir réduit au silence le Survivant ? D'avoir fait ployer l'échine de Potter ?

- Fais comme tu l'entends Lucius. Ne viens pas te plaindre après, car je t'aurais prévenu. Je doute que le Seigneur des ténèbres ne soit heureux d'être privé d'un soutien aussi... enthousiaste.

Lucius gloussa, amusé.

- Ne t'en fais pas pour ça. Je t'amènerai l'objet dès que je l'aurais en ma possession. Mieux vaut que je ne reste pas trop en contact avec, je pense ?

- Mieux vaut effectivement qu'Il ne sache jamais que tu as approché ces objets. Sinon, ton rôle d'espion sera le cadet de tes soucis, mon ami.

Ils restèrent silencieux un moment, pensant tous les deux aux implications de ce qu'ils faisaient. Puis Lucius soupira.

- Je dois rentrer. Salue ma femme pour moi. Dis-lui que... que je pense à elle. A chaque instant. Dis lui que nous retournerons voir les étoiles filantes tous les deux.

- Je le ferais, Lucius. Sois prudent surtout. Ne prends pas trop de risques, s'il te plaît.

L'instant d'après, ils se séparaient, repartant d'où ils étaient venus comme deux ombres.