Magie complémentaire

Monument historique

Drago Malefoy fronça les sourcils en entendant le ton résigné du Sauveur. Habituellement ce fichu Gryffondor était plein d'optimisme, toujours souriant. C'était Potter qui avait toujours une solution, toujours un espoir même quand la situation était désespérée. Et là... il baissait les bras.

Il était mal en point, la bataille avait laissé des traces. Mais il ne semblait pas mourant au moins. Il n'avait pas reçu de sort létal.

Drago grogna face à la réponse désinvolte, regrettant que ce fichu brun ne s'énerve pas plus, n'essaie pas de le frapper. Au lieu de quoi, il l'observait, attendant.

Le Serpentard soupira agacé.

- Suis-moi.

Voyant que l'autre ne semblait pas disposé à obéir, il lui attrapa le poignet, le serrant jusqu'à le faire grimacer, et le tira à sa suite.

La petite maison n'était rien de plus qu'une misérable cabane améliorée. Une chambre, un salon - cuisine, une salle de bains. Rien de plus. L'intérieur était propre, et étrangement confortable. Harry songea alors que parfois la magie faisait de merveilleuses choses.

D'un geste de sa baguette, Drago alluma un feu dans la cheminée et poussa Harry sur le sofa, vieux mais confortable. Il y avait peu de meubles. Outre le sofa, il y avait un fauteuil, poussé devant la cheminée, et une petite table avec deux chaises.

Le coin cuisine était plus une kitchenette avec évier et gazinière. Bien qu'il n'y ait qu'une seule fenêtre, l'intérieur n'était pas sombre.

Il perdit le fil de ses pensées quand Drago le secoua et lui ôta de force son tee-shirt pour soigner ses blessures. Harry protesta mollement mais le blond était déterminé et le Sauveur plia en grommelant.

Puis, il leva ses yeux verts vers ceux argent de son vis à vis.

- Tu n'es pas Mangemort ?

Drago eut une brève hésitation.

- J'ai été marqué contre mon gré. Je ne suis pas l'un d'entre eux.

Harry eut un ricanement désabusé.

- Tu devrais les rejoindre vraiment alors. Parce que je ne le battrais jamais finalement. C'était de la folie de croire qu'un adolescent comme moi pourrait... sauver tout le monde.

Le Serpentard renifla d'un air dédaigneux.

- Ne sois pas stupide. Ce n'est pas parce que tu n'étais pas prêt aujourd'hui que tu échoueras la prochaine fois.

Harry fronça les sourcils.

- Pourquoi ? Pourquoi m'as-tu écarté du combat ?

Drago soupira et détourna les yeux, suspendant sa main au-dessus du torse plein d'hématomes de Harry. Son regard se perdit dans le vague.

- J'ai été marqué parce que si je refusais ma mère aurait été tuée sous mes yeux.

Harry hoqueta mais Drago ignora l'intervention pour continuer.

- Je me suis juré que j'allais me venger, j'ai commencé à laisser traîner mes oreilles un peu partout. Lorsque j'ai entendu qu'une attaque à Pré-au-Lard était prévue, j'ai prévenu Blaise en parlant assez fort alors que MacGonagall était à côté. Mais je n'avais pas vu Severus Rogue. J'ai cru que j'allais mourir mais... il m'a convoqué et m'a demandé de lui transmettre les informations. J'ai obéi parce qu'il avait pris un risque en m'avouant presque qu'il était espion.

Le blond soupira et Harry fronça les sourcils.

- Ok. Tu as aidé en espionnant. Mais ça ne dit pas pourquoi...

Drago le coupa.

- Quand j'ai appris pour la Bataille qui devait avoir lieu, il était trop tard. J'étais au Manoir, et je ne pouvais pas partir avant tout le monde au risque d'être tué. Et puis... J'ai entendu mon père parler avec... Tu-sais-qui. Ils étaient ravis que leur plan soit en place. Ils avaient prévu un guet-apens. Ils voulaient tester ta puissance mais si tu avais été un danger tu aurais été tué directement. A chaque instant, tu avais au moins deux baguettes pointées sur toi, dans ton dos. Et les autres Mangemorts avaient pour instructions d'occuper efficacement tes amis et tes protecteurs.

Harry sentit sa respiration se couper et il secoua la tête.

- Mais...

- Tu t'attendais à quoi, Potter ? A ce qu'il joue selon les règles ?

- Pourquoi ne pas me tuer directement ?

- Il voulait voir ta puissance. T'évaluer. Et tenter de te corrompre. Tes amis contre ton allégeance.

- Et si j'avais accepté ?

Drago eut un mince sourire et leva un sourcil.

- Tu es un putain de Gryffondor avec le sens du sacrifice, sinon il y a longtemps que tu aurais plié bagage pour un pays lointain. Bien sûr que non tu n'allais pas le rejoindre même pour la vie de tes amis. Parce que je suis sûr que vous en avez déjà parlé, n'est ce pas ?

Harry s'empourpra légèrement, et détourna le regard, gêné que son rival ne le connaisse aussi bien. Il grimaça alors que Drago nettoyait une coupure plus profonde sur son bras et s'écarta doucement, attrapant son tee-shirt sale.

- On doit y retourner. Les aider et leur expliquer.

- Potter. Tu es un fichu Monument historique pour le monde sorcier. Et je me suis tiré avec toi en fuyant le méchant croque-mitaine. Que penses-tu qu'ils vont dire quand on va arriver frais comme des roses ?

Harry se rembrunit.

- Je dois rentrer à Poudlard.

- Hors de question.

- Je suis prisonnier ?

- Non. Mais tu vas rester ici, parce que tu sais très bien que c'est la seule solution.

Le Gryffondor montra les dents, agacé.

- Mes amis me soutiendront. Dumbledore...

- Dumbledore est un vieux fou manipulateur qui s'amuse avec la vie des gens. Il savait que j'allais être marqué, mais il n'a jamais tenté de m'aider. Jamais.

- Que... Que veux-tu dire ?

- S'il m'avait convoqué et tendu la main, je l'aurais saisie. J'aurais accepté de rejoindre votre camp. Mais... Mais je suis un Malefoy.

Harry le fixa, choqué en secouant la tête.

- Non. Il...

- Il a fait de toi son arme, docile et obéissante.

- Je suis le seul qui...

Drago secoua la tête en signe de dénégation.

- N'importe qui peut le tuer. Mais... ils se sont tous appuyés sur cette prophétie. Tu es puissant c'est tout.

Harry repoussa brusquement Drago et se leva avant de faire des allées et venues, réfléchissant. Il était furieux, parce que même s'il voulait refuser d'y croire, il ne pouvait pas nier qu'il avait eu les mêmes doutes. Mais il les avait repoussés en pensant qu'il était paranoïaque.

Sauf qu'entendre ces paroles prononcées à haute voix par un autre que lui rendait le tout désagréablement réel.

Il échangea un regard avec Drago et il n'y eut pas besoin de paroles. Il allait l'écouter, et ils allaient trouver une solution. Ensemble.