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Severus était dans sa salle de classe, et surveillait ses élèves pour éviter une explosion de chaudron supplémentaire.

Il n'avait jamais eu la passion de l'enseignement. Adolescent, il n'imaginait pas devenir professeur de potions. Il avait eu de l'ambition à une époque. Il était doué, suffisamment pour modifier des potions avec succès ou pour inventer des sortilèges. Lorsqu'il était devenu Maître des potions, il avait eu l'impression que le monde était à ses pieds. Il venait de prendre la marque, et Voldemort ne lui avait pas encore imposé de tuer ou torturer.

Il était plein de rêves et d'illusions. Rejoindre les Mangemorts lui avait offert de faire partie d'un groupe, lui le garçon solitaire. Il avait enfin cessé d'être celui qui était persécuté par les Maraudeurs.

Il n'avait pas tout de suite eu conscience de ses erreurs. Lorsqu'il avait confié à son Maître la prophétie, et qu'il avait compris avec horreur que la famille Potter était l'une des cibles, il avait eu ses premiers doutes. Mais quand il avait du participer à un raid et tuer pour la première fois, il avait compris qu'il s'était trompé depuis le départ.

Il avait cru devenir libre, il s'était enchaîné de la pire des façons.

Pour sauver Lily, il avait couru à Poudlard, demander de l'aide à Albus. Il lui avait fait confiance et le vieil homme l'avait enchaîné encore plus. Il avait fait de lui un espion en appuyant sur sa culpabilité.

Severus avait accepté de devenir professeur de potions, pour pouvoir côtoyer Albus sans craindre les représailles des Mangemorts. Voldemort avait semblé satisfait de son nouvel emploi, qui lui permettait d'avoir un œil sur son ennemi... Mais Lily avait été tuée. Malgré tout ce qu'il avait dit, malgré tout ce qu'il avait fait pour l'éviter, il était arrivé trop tard et n'avait trouvé qu'un corps sans vie et un bébé vagissant.

Une fois Voldemort disparu, il avait voulu changer de vie. Partir. Mais Albus avait refusé. Il avait prétexté que c'était pour lui éviter Azkaban. Il était un Mangemort après tout, il portait la marque. Sans le soutien de Dumbledore il perdrait tout.

Dans un premier temps, il avait décidé de partir quand même. Peu importait Azkaban et ses Détraqueurs, il n'avait plus envie de vivre. Mais Albus lui avait parlé du fils de Lily. Qu'il pouvait le protéger, en mémoire de son amour perdu.

Et Severus s'était laissé faire. Il avait accepté, continuant à faire un travail qu'il exécrait.

Le professeur de potions sortit de ses pensées brusquement alors que la porte de sa salle de classe s'ouvrait brusquement et qu'un préfet entrait.

Il fronça les sourcils, mais le jeune homme face à lui semblait suffisamment inquiet pour qu'il oublie l'idée de le réprimander vertement pour cette intrusion brusque.

- Professeur Rogue ? Le Professeur Dumbledore vous demande d'urgence dans son bureau. Il m'a demandé de surveiller votre classe.

Severus soupira et fixa un bref instant ses élèves.

- Réduisez le feu sous vos chaudrons et soyez attentifs. La moindre explosion de chaudron sera sanctionnée par un mois de colle avec Monsieur Rusard.

Il partit à grands pas faisant voler sa cape derrière lui. L'air sombre il se demandait la raison de cette convocation et espérait qu'il n'y aurait rien de grave. Rien de trop grave.

Lorsqu'il entra dans le bureau directorial, Albus était avachi sur son siège et semblait somnoler. Il se redressa à l'entrée de Severus mais une grimace de douleur traversa ses traits.

- Albus ? Vous vouliez me voir ?

- Ah. Severus. Effectivement. J'ai rencontré un léger... soucis et j'aurais besoin de tes compétences.

Le vieil homme releva sa manche et tendit le bras, montrant sa main noircie et recroquevillée.

Sans un mot Severus s'avança et se pencha, examinant attentivement le phénomène.

- Que s'est il passé, Albus ?

Dumbledore toussota et détourna le regard, Severus devina qu'il n'aurait qu'une explication partielle, probablement loin de la vérité.

- Tout ce que tu as besoin de savoir mon garçon est que c'est un sortilège de Magie Noire et que Poppy ne peut rien pour moi.

Severus soupira et examina de nouveau la main du directeur. Malgré toute sa rancœur envers le vieil homme bien trop manipulateur, il ne voulait pas le voir souffrir. Malgré tout, il avait encore de l'affection pour ce vieux fou. Même s'il l'avait enchaîné à lui et à Poudlard par le souvenir de Lily, il lui avait offert un foyer et l'avait traité presque comme un fils toutes ces années...

- Albus, je peux brasser une potion, mais... ça ne fera que ralentir la progression de ce maléfice. Je ne suis pas sûr de pouvoir le stopper et encore moins l'inverser.

- Fais au mieux mon garçon.

- Je vous apporterai la potion dans la soirée. Mais...

- J'ai compris Severus. Ça n'a pas d'importance.

Les deux hommes se dévisagèrent et Severus soupira avant de quitter le bureau pour aller préparer la potion pour soulager Albus.

Une fois la porte fermée, Albus soupira en regardant sa main plus en détail. Il réalisa l'erreur qu'il avait commise en détaillant ce que le maléfice lui faisait. Il était littéralement en train de se consumer de l'intérieur.

Il devinait sans peine qu'il allait mourir dans un futur bien trop proche. Pensif, il ouvrit un tiroir de son bureau et sortit un mouchoir. Il le déplia doucement et prit le médaillon qu'il contenait.

Il était tombé dans un piège. Il se pensait malin, mais ça ne l'avait pas empêché de foncer à la recherche des horcruxes. Il avait suivi les indices qu'il avait recueilli et il avait trouvé le médaillon de Salazar là où il était sensé être.

Il avait été touché par un sortilège de magie Noire qu'il n'avait pas réussi à identifier et immédiatement sa main avait commencé à se nécroser. Mais au moins, il était rentré avec l'objet.

En arrivant, il était passé voir Poppy et l'infirmière avait blêmi en voyant sa main. Elle avait murmuré qu'elle ne pouvait rien faire pour lui, et lui avait conseillé de voir Severus.

Avant d'appeler le professeur de potions pourtant, il avait voulu examiner l'objet. Pour découvrir qu'il ne s'agissait que d'une banale copie.

Ainsi, il se retrouvait touché par un sortilège mortel, sans avoir obtenu ce pour quoi il avait risqué sa vie. Et Albus se demanda soudain ce qu'il allait devoir faire maintenant que les choses avaient changé.

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