Chat, félin

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Minerva MacGonagall était une pure écossaise. Sous ses dehors rudes, elle se souciait de ceux qu'elle considérait comme sa famille : Poudlard. Ses collègues, ses élèves en particulier les Gryffondor dont elle avait la charge.

En bonne écossaise, elle ne se mêlait pas de la vie privée des autres, ce qui était un peu en contradiction avec sa forme animagus... Après tout, le chat était bien connu pour être particulièrement curieux.

Elle respectait Albus par dessus tout, le voyant comme son aîné et comme son chef de clan. Jamais elle n'avait contredit sa parole, jamais elle n'avait douté.

Lorsqu'elle avait entendu Severus convoquer deux de ses Gryffondors, elle avait froncé les sourcils, se promettant de lui faire la morale sur sa façon d'outrepasser ses droits. Mais quand les deux élèves avaient été portés disparus par leurs camarades, elle avait vu rouge et avait immédiatement foncé dans les cachots sans en référer à qui que ce soit auparavant.

L'histoire de Severus l'avait perturbée. Bien plus qu'elle ne voulait l'admettre.

Elle avait eu des doutes au début, la première fois qu'elle avait entendu Albus parler de Harry comme étant un lâche. Au fond d'elle, une voix avait rugi, et s'il s'était agi de n'importe qui d'autre, elle serait intervenue.

Mais c'était Albus, et elle avait fermé les yeux.

Les rumeurs avaient enflé, et s'étaient aggravées. Le jeune Potter était passé de lâche à traître, et des Aurors étaient venus l'interroger sur la disparition de son élève. Elle avait pincé les lèvres et les avait fait sortir avec pertes et fracas, leur rappelant qu'il n'y avait pas si longtemps elle avait été leur professeur.

Elle n'avait rien dit à Albus, une fois de plus. Mais elle avait enlevé des points à chaque élève qui dirait un mot sur le sujet.

Un jour où Neville Longdubas avait fièrement défendu son camarade, se tenant aux côté de Luna Lovegood qui distribuait le Chicaneur, elle l'avait récompensé en lui offrant des points pour chaque mouvement correct qu'il fit le cours suivant avec elle.

Neville n'avait pas été dupe et il l'avait regardée gravement.

- C'est mon ami, Madame. Je ne lui tournerai pas le dos.

Et Minerva avait eu une étrange boule dans la gorge en songeant qu'un de ses élèves avait mieux représenté les valeurs de sa maison qu'elle même, pourtant directrice. La maison du courage. Sur tous les Gryffondor, un seul avait eu le courage de défendre son ami sans s'occuper des autres. Un seul élève.

Les paroles de Severus n'avaient été que... le catalyseur. L'élément déclencheur. Ce qui lui avait fait ouvrir les yeux et regarder ce qui était depuis le départ sous son nez.

Malgré tout ça, une part d'elle-même espérait encore se tromper au sujet d'Albus Dumbledore. Parce que si elle lui avait donné sa confiance aveuglément, qui sait combien d'injustices avaient eu lieu sous son nez, alors qu'elle lui faisait bien trop confiance pour vérifier ce qu'il fabriquait ?

C'était pour cette raison qu'un chat tigré se promenait dans les couloirs de Poudlard, ignorant les courants d'air glaciaux, pour se diriger en trottinant vers le bureau directorial.

Le félin se fondait dans les ombres, devenant invisible. En silence, l'animal bondit et se faufila derrière la gargouille avant de grimper souplement jusqu'au bureau du directeur.

Tapie dans les ombres, elle s'installa confortablement et commença à somnoler, bien que ses oreilles soient aux aguets.

Elle se redressa en entendant la cheminée annoncer un visiteur.

- Ah mon cher Ministre. Je me demandais quand vous alliez passer.

- Dumbledore. Je n'ai pas beaucoup de temps.

Fudge. Les moustaches en avant, Minerva s'approcha, totalement concentrée sur la discussion qui avait lieu à l'intérieur.

- Êtes vous si occupé Fudge ? Que faites vous donc de vos journées ?

- Je ne vous permet pas !

- Expliquez-moi pourquoi ce fichu gamin n'est pas à Azkaban ? Potter n'a personne pour le cacher !

- Il semblerait que si ! Les Aurors n'ont rien trouvé...

- Le monde magique est à sa recherche, son visage est connu partout et personne n'a été capable de le trouver ? C'est une plaisanterie, Fudge ! Il ne doit pas rester en liberté je vous rappelle !

Minerva, aussi immobile qu'une statue, écoutait avidement en repoussant la rage au fond d'elle. Sa part animale lui ordonnait d'entrer et de lacérer ces deux hommes qui parlaient d'envoyer un enfant à Azkaban avec tant de désinvolture.

Albus, celui qu'elle avait toujours admiré, était prêt à livrer Harry alors qu'il avait joué au protecteur.

Elle se concentra davantage sur la conversation alors que Fudge reprenait.

- Il a peut être des soutiens dans le monde moldu ? Sa famille chez qui vous l'envoyez ?

Minerva frémit au rire amusé de Dumbledore, ses poils se hérissant et ses griffes se plantant dans le sol.

- Sa famille moldue ? Son oncle le déteste tellement que si Potter y retournait en dehors des vacances il finirait probablement à l'hôpital. Sa tante ne le supporte pas et elle n'hésiterait pas à le jeter dehors au moindre mot de ma part. Pour eux, il est un monstre anormal.

- Des amis ?

- Ils sont ici et sous surveillance. Ils ne savent pas où il est je m'en suis assuré. La gamine Weasley m'a bien aidé en les surveillant et en répandant ces rumeurs de traîtrise.

Les deux hommes échangèrent un rire, mais Dumbledore reprit d'un ton dur que Minerva ne lui avait jamais entendu.

- Écoutez Fudge. Potter doit être hors d'état de nuire le plus vite possible. Il aurait du mourir lors de la bataille mais il a fallu qu'un inconnu s'en mêle. D'ailleurs... Avez-vous trouvé qui était ce mystérieux sorcier qui a pu transplaner aussi facilement ?

- Personne ne l'a reconnu, personne ne sait qui il est.

Minerva, vibrante de rage, décida qu'elle en avait assez entendu. Les écossais étaient rudes peut être, mais quand ils entraient en guerre, ils ne faisaient pas de quartiers. Et elle venait désormais de rejoindre l'armée qui se tiendrait derrière Harry Potter.

Alors qu'elle trottinait tranquillement dans les couloirs, elle jura qu'elle allait venir en aide à ces gamins. Elle allait rencontrer Severus, s'excuser une fois de plus de l'avoir soupçonné, lui raconter ce qu'elle avait entendu et lui proposer de l'aide pour que ces gosses puissent rester en vie.

Il était temps qu'elle fasse honneur à la maison Gryffondor, après tout.

Magie complémentaireWhere stories live. Discover now