Magie complémentaire

Voir et croire

Hermione avait eu besoin de beaucoup de cajoleries pour que Ron accepte de l'écouter sans s'énerver. A un point tel que désormais personne ne doutait plus de leur "relation". L'avantage était bien entendu qu'ils pouvaient s'éclipser tranquillement, sans que personne ne se pose de questions.

Et involontairement, leurs camarades de dortoir faisaient barrage à Ginny en lui disant de laisser son frère draguer en paix.

Ron rougissait toujours énormément, mais personne ne s'en inquiétait. Quand à Hermione, elle s'estimait satisfaite de la situation... puisqu'ils avaient retrouvé le calme autour d'eux. Harry leur manquait toujours autant, mais ils faisaient en sorte de ne jamais parler de lui hormis quand ils étaient enfermés dans la salle sur demande.

La première rencontre avec les Serpentard eut lieu dans la salle sur demande justement. Ils s'y étaient retranchés discrètement, et en entrant, Ron avait grimacé en voyant Blaise et Théo déjà présents.

- Je n'aurais jamais pensé qu'un jour je puisse voir et croire quelque chose comme ça...

Hermione avait levé les yeux au ciel, mais Blaise avait demandé des explications. Et Ron avait répondu avec une bonne volonté légèrement suspecte au goût de son amie.

- Voir des Gryffondor et des Serpentard ensemble dans une pièce sans bataille. Croire que nous puissions nous associer.

Blaise avait gloussé, et ce fut au tour de Théo de soupirer d'un air fatigué.

Il leur fallut peu de temps pour se rendre compte que Blaise et Ron allaient s'entendre parfaitement : ils avaient le même côté un peu gamin, la même irresponsabilité. Le même humour douteux. Hermione comme Théo étaient les plus sérieux du groupe qu'ils formaient.

A la plus grande surprise de Hermione, Ron avait accepté assez facilement que ce soit Malefoy qui ait enlevé leur ami. Il avait juste haussé les épaules.

- C'était évident, ils sont les deux seuls absents.

Hermione avait serré les poings et lui avait jeté un regard meurtrier.

- Et tu ne pouvais pas le dire, sombre idiot ?

Ron avait détourné les yeux en marmonnant, ne comprenant pas pourquoi c'était aussi important puisque de toutes façons, ils ne savaient pas où ils étaient...

Théodore Nott avait finalement avoué à son ami ne pas vouloir suivre les traces de son père. Nott sénior était peut être sa seule famille encore en vie, mais... Mais il ne voulait pas vendre son âme. Sa mère lui avait appris avant de mourir à différencier ce qui était bien et ce qui ne l'était pas. Or, devenir Mangemort était clairement quelque chose dont il ne pourrait jamais être fier. Blaise l'avait alors traîné avec lui, assurant qu'il devait rester près d'eux pour sa propre sécurité.

Face aux deux Gryffondor, il avait été stupidement ému de se voir accueilli chaleureusement et non pas avec méfiance comme il s'y attendait. Hermione semblait particulièrement ravie de le compter parmi leurs soutiens.

Étonnement, l'idée selon laquelle ils devraient apprendre à travailler ensemble vint de Ron. Lorsqu'il le proposa, tout le monde le fixa et Hermione lui sauta au cou, ravie de sa proposition.

Hermione proposa de faire des recherches à la Bibliothèque et Théo assura immédiatement qu'il l'aiderait. Blaise et Ron pour leur part se chargeraient de mettre au point leurs rencontres et ce qu'ils allaient y faire.

De façon surprenante, personne ne s'étonna de voir Hermione à la Bibliothèque en compagnie de Théodore Nott, Serpentard. Comme si c'était une évidence que les deux élèves les plus assidus de l'endroit ne finissent par travailler ensemble.

Lorsqu'ils se retrouvèrent dans la salle sur demande quelques jours plus tard, Hermione souriait en portant un grimoire épais comme s'il s'agissait d'un précieux trésor.

Avant même qu'ils ne soient installés, Hermione avait tout de suite annoncé la grande nouvelle.

- Nous avons trouvé quelque chose de très intéressant.

Théo souriait, adossé au mur, les mains dans les poches. Il resta cependant silencieux, laissant la lionne expliquer.

- D'abord, nous avons chacun nos domaines de prédilection. Ainsi, Ron est un fin stratège. Blaise, tu es doué en métamorphose, Théo en potions. Je me débrouille plutôt en sortilèges. Cependant, ce n'est pas suffisant. Or, nous avons trouvé un passage dans ce livre qui parle de partager nos magie, de façon à gagner en puissance.

Blaise avait aussitôt froncé les sourcils.

- Partager nos magies ?

Théo avait gloussé immédiatement.

- Non Blaise, il ne s'agit pas de Magie Noire. Et toi, Granger, tu peux ajouter ça à mes compétences.

Ron grimaça.

- On ne va pas apprendre la Magie Noire quand même !

Hermione avait eu une hésitation sous l'œil horrifié de son ami.

- Nous en reparlerons quand... Quand tout le reste sera maîtrisé. Ça te va, Ron ?

Le rouquin hocha la tête, une grimace de dégoût sur le visage.

Hermione soupira et continua, renonçant à débattre sur l'intérêt de connaître quelques rudiments de Magie Noire.

- Le partage de Magie consiste en gros à se faire confiance pour lancer ensemble un sort. En le lançant à plusieurs, la puissance est... décuplée. Apparemment ce procédé était énormément utilisé autrefois, et ça s'est perdu au fil du temps.

Blaise gloussa soudain.

- Dommage qu'on ne puisse pas faire passer l'info à Drago. J'aurais adoré voir sa tête en apprenant qu'il devrait travailler de cette façon avec Potter.

Les quatre adolescents se mirent à rire de bon cœur, sans se douter que leurs deux amis - ceux-là même par qui leur rapprochement était devenu possible - étaient déjà au courant et travaillaient déjà de cette manière.

Ils passèrent le reste du temps à lister les sorts qu'ils devraient apprendre à maîtriser ensemble - sorts défensifs, sorts de bouclier, sorts de désarmement. Après plusieurs hésitations, ils arrivèrent à la conclusion qu'ils devraient s'entraîner tous les quatre mais également deux par deux, sans pour autant se restreindre à des groupes. Quoi qu'il arrive, ils devraient pouvoir lancer un sort avec n'importe qui du groupe - quelque soit sa maison.

Personne ne précisa qu'en s'entraînant de cette façon, ils ne seraient pas handicapés si l'un d'entre eux venait à être blessé ou tué lorsqu'ils en viendraient à se battre contre leurs ennemis. Ils n'avaient pas besoin d'y penser pour l'instant, juste de s'assurer qu'ils mettaient toutes les chances de leur côté.