Magie complémentaire

Les yeux dans le vague

Harry rêvassait, un livre dans les mains, lorsqu'il sentit sa cicatrice le lancer. Un instant, il était dans la cabane, caché aux yeux du monde sorcier. L'instant d'après, il était dans la tête de Voldemort, à le regarder jubiler.

Face au serpent, Lucius Malefoy était agenouillé, montrant sa soumission et son allégeance.

Harry observa le père du garçon qui partageait sa chambre boire les paroles de son maître, et lui jurer qu'il ne le décevrait pas. Lui promettre sa fidélité.

Quelque part au fond de lui, Harry avait envie d'intervenir, de hurler à cet homme qui avait été si fier de ne plus courber l'échine.

L'arrogance qu'avait eu Lucius Malefoy a chacune de leurs rencontres avait été réduite à néant. Un bref instant, il pensa qu'il avait contribué à ça, après les événements du Ministère. Il avait dénoncé Lucius, il l'avait envoyé à Azkaban.

Et Drago avait sous-entendu qu'Azkaban l'avait brisé.

Il comprit immédiatement de quoi il était question alors qu'il se concentrait de nouveau sur la conversation en cours. Voldemort rassemblait ses horcruxes, petit à petit. Et l'objet suivant semblait être une bague, que Lucius devait récupérer d'après les instructions qui venaient de lui être données.

Même s'il avait les mêmes informations que le père de Drago, Harry ne pourrait pas localiser le mystérieux manoir des Gaunt et récupérer l'objet avant que le Mangemort ne soit sur place. Il ne pouvait pas se permettre de réapparaître, au risque de trahir Drago et de risquer leurs vies.

Il leur resterait alors à se débrouiller pour trouver où serait caché l'horcruxe une fois que Lucius l'aurait remis à son maître. Il espérait qu'il se retrouverait à nouveau dans la tête de Voldemort, même s'il détestait la sensation de perdre son libre arbitre, de ne plus se sentir humain.

Voldemort n'était que haine et envies de violence.

Lorsque Lucius partit, Harry put sortir de la tête de Voldemort avec un certain soulagement.

Il lui fallut quelques instants pour reprendre pied dans la réalité et il croisa le regard inquiet et légèrement interrogateur de Drago. Il lui fit un sourire qu'il espéra rassurant en haussant les épaules. Puis il détourna le regard.

A la première occasion, il mentionna qu'il était fatigué, et il en profita pour s'isoler.

Il se torturait l'esprit en se demandant s'il devait en parler à Drago. Il s'était attaché à celui qui avait été son rival, son adversaire.

Il ne pouvait pas lui cacher quelque chose d'aussi important. Drago avait peut être fui ses parents et choisi de leur tourner le dos mais Lucius restait son père.

Plutôt que de mentir, il préférait encore ne rien dire, et l'éviter jusqu'à ce qu'il prenne une décision sur le sujet. Il savait d'ores et déjà qu'il n'évoquerait le sujet devant leurs amis que si le blondinet était d'accord. Ça serait à lui de décider.

Harry sursauta quand la porte de leur chambre s'ouvrit et que Hermione passa la tête.

- Harry ? Le Professeur Rogue est ici, et il demande à nous parler.

Il hocha la tête et se leva de son lit où il s'était allongé, les yeux dans le vague, avant de rejoindre le salon où tout le monde était rassemblé.

A son arrivée, Severus le regarda d'un air étrange, puis sortit une bague de sa poche qu'il posa sur la table. En sentant la Magie Noire s'en dégager, Harry comprit immédiatement de quoi il s'agissait.

- C'est l'horcruxe... Mais... Comment avez-vous su... ?

Severus plissa les yeux, trouvant que le Sauveur n'avait pas l'air bien surpris. Il répondit à sa question, en fixant son filleul.

- Lucius m'a appelé pour me le remettre. Il a décidé de nous aider, d'espionner pour nous.

Drago eut l'air choqué mais il se reprit rapidement. Cependant Harry nota ses mains tremblantes qu'il serrait sur ses cuisses. Il lui attrapa le poignet discrètement, juste pour lui montrer qu'il n'était pas seul. Puis il prit la parole.

- Pourriez-vous le cacher à Poudlard ? Sans que Dumbledore ne le trouve ? Nous ne pouvons pas le détruire ici sans les crochets de Basilic et... Et nous ne savons pas s'il peut les sentir d'une manière ou d'une autre. Nous ne pouvons pas prendre le risque d'être localisés, alors qu'à Poudlard il lui sera impossible de pénétrer.

Severus sourit, et un éclair d'approbation passa dans son regard.

- Excellent raisonnement, Monsieur Potter.

Harry regarda Drago et lui fit un signe discret. Puis, il se leva, sans lâcher le jeune homme, et l'entraîna à sa suite, sortant de la cabane. Il jeta par dessus son épaule qu'il devait parler à Drago.

Severus haussa un sourcil surpris et s'adressa à Hermione.

- Quelle mouche l'a piqué ?

- Il est étrange depuis ce matin, Monsieur.

Drago suivait Harry sans protester, comprenant qu'il allait savoir ce qu'il avait depuis le matin. Penser au comportement inhabituel du Sauveur lui permettait de ne pas penser au fait que son père avait risqué sa vie pour les aider, alors qu'il pensait qu'il était un Mangemort convaincu.

Finalement, ils se retrouvèrent dans la clairière qu'ils utilisaient pour leurs entraînements et Harry enlaça Drago fermement, devinant qu'il était perturbé.

Le Serpentard se fit la réflexion qu'il était réellement choqué pour se laisser câliner par le Gryffondor qui partageait son quotidien depuis quelques temps. Cependant, il commençait à parfaitement le connaître et sans briser l'étreinte qu'il trouvait rassurante, il demanda :

- Potter... Que me vaut ce câlin Gryffondor ?

Harry gloussa dans son cou, mais raffermit son étreinte, inspirant son odeur.

- Ne t'énerve pas après moi, s'il te plaît.

- Tu es bizarre depuis ce matin parce que tu pensais que j'allais m'énerver ?

Harry hocha la tête contre Drago, n'osant pas le regarder, essayant juste de faire en sorte qu'il se sente mieux.

- Je savais que ton père devait récupérer l'horcruxe. J'ai vu Voldemort le lui ordonner. Mais...

Drago hoqueta mais ne chercha pas à écarter Harry.

- Mais tu ne voulais pas me le dire.

- C'est ton père, Malefoy.

- Il a fait ses choix. Il les avait fait tout du moins. Tu n'es pas responsable.

- Tu ne m'en veux pas donc ?

- Pas le moins du monde !

Harry gloussa à nouveau, plus calme, le cœur allégé d'un poids.