Magie complémentaire

Majestueux

Le Manoir Malefoy appartenait à la famille de Lucius depuis une éternité. C'était la maison de ses ancêtres. L'endroit qu'ils avaient fondé, et où les membres de la famille Malefoy pourraient toujours être à l'abri.

Tout au long de son enfance, son père lui avait répété en boucle que le Manoir était un sanctuaire. Plus que tout le reste, personne ne devait en violer l'entrée. Seul leur sang devrait pouvoir y séjourner.

Lucius avait grandi, mais il n'avait jamais oublié les leçons de son père. Il en avait parlé à son fils, mais sans insister comme Abraxas l'avait fait avant lui. Lucius avait bien d'autres chats à fouetter. Entre son rôle au Ministère et ses activités de Mangemort, il ne pensait plus vraiment aux traditions familiales chères à sa famille.

Et puis un jour, il avait reçu un ordre qui l'avait grandement perturbé. Le Maître demandait - non, exigeait - qu'il l'héberge au Manoir Malefoy. Selon le Lord, le Manoir était le lieu idéal d'où il pourrait vaincre ses ennemis.

Une demeure Sang-pur, protégée par la magie du sang, protégée par les lois sorcières. La demeure d'un aristocrate, Lord au Ministère, ami du Ministre de la magie en personne.

Une demeure luxueuse, majestueuse, où l'argent coulait à flots, pour le changer de la clandestinité dans laquelle il avait été plongé par le fils Potter.

Lucius avait obéi. Une légère hésitation lui avait valu un Doloris, alors, il avait accepté. Ce n'était pas comme s'il avait eu le choix, après tout.

A contre cœur, il avait ouvert les portes de son Manoir à son Maître et avait affronté le regard plein de haine de son épouse. Il aimait tendrement sa femme, mais... Mais celle-ci avait aussitôt changé de chambre, en lui disant d'un ton glacial qu'il ne redeviendrait son mari qu'en libérant leur maison des étrangers qui y squattaient.

Il avait été furieux au début. Furieux que Narcissa ne comprenne pas pourquoi il n'avait pas eu le choix, furieux que Narcissa le lui fasse payer.

Lorsque son fils avait été marqué de force, sa femme lui avait juré que si jamais il s'approchait d'elle à nouveau, elle le tuerait. Connaissant la famille Black, il ne doutait pas de la menace, et avait laissé Narcissa à l'écart de sa vie...

Avec sa femme enfermée dans une aile du Manoir, et Drago marqué et retourné à Poudlard, Lucius avait pensé que les choses seraient un peu plus simples pour lui. Il était l'un des favoris de son maître, et son avenir s'annonçait brillant. Le Lord avait prévu de se débarrasser de Harry Potter rapidement et de prendre le contrôle du monde de la Magie très vite en suivant.

Mais les choses avaient légèrement dérapé. Potter s'était échappé, aidé par un mystérieux inconnu. Le Maître avait été furieux, à tel point que des hurlements de douleur avaient longuement résonné dans le Manoir de ses ancêtres.

Ce jour-là, en rentrant du Ministère, il grimaça en voyant Greyback vautré dans un délicat fauteuil qui avait connu plusieurs générations de Malefoy. Avant qu'il ne puisse se débarrasser de l'animal de compagnie du Lord, il reçut une pluie de Doloris et il s'effondra en gémissant, n'ayant même plus la force de hurler sous la douleur.

Lorsqu'il se redressa, il vit le sourire narquois de Greyback et le visage furieux du Lord.

- Luciusssss

L'aristocrate se raidit sous le ton sifflant de son Maître, conscient qu'il était la cible de sa fureur.

- Mon cher Luciussss. Tu te demandes probablement ce que tu as fait...

L'homme se redressa au mieux et hocha doucement la tête. Il se crispa dans l'attente d'un Doloris qui ne vint pas.

- Tu n'as rien fait, Luciussss. Toi, tu n'as rien fait. Ton filsss par contre...

Lucius se raidit, sentant soudain un frisson glacé dévaler son échine. Il oublia sa peur de la douleur pour s'inquiéter pour son héritier, en pensant vaguement que Narcissa ne le lui pardonnerait jamais si Drago était blessé. Lui, il ne pourrait pas se pardonner.

Quoi qu'il en dise, son fils était ce qu'il avait de plus précieux, et il avait estimé que le forcer à prendre la marque serait le meilleur moyen de le protéger...

L'aristocrate attendit sagement, et le Lord eut un rire sifflant.

- Je peux sssentir ton inquiétude, Luciussss. Ton filsss m'a trahi !

Sous la surprise, Lucius se redressa, prêt à protester, mais un Doloris le fit retomber au sol sous le rire gras de Greyback. Haletant, il se leva, des larmes de douleur coulant sur ses joues.

- Où est ton fils, Luciussss ?

- A Poudlard, Maître.

- Il a fui. Le traître a fui.

Un terrible pressentiment envahit Lucius, et il masqua soigneusement ses pensées. Cependant, son sursaut de surprise n'échappa pas à Voldemort. Ce dernier lui infligea quelques Doloris de plus avant de le laisser partir.

Ce fut Severus qui vint s'occuper de lui, les lèvres pincées. Lucius se laissa faire avec mauvaise volonté, restant silencieux. Puis, quand il s'estima capable de tenir seul sur ses jambes sans se ridiculiser un peu plus, il se redressa.

- Drago m'a trahi. Mon propre fils, mon héritier. Il a fui comme le lâche qu'il est.

Severus soupira.

- Lucius...

- Rien de ce que tu pourras dire ne sauvera ce petit ingrat. Je sais que tu adores ton filleul, mais... C'est bien plus qu'un vol de bonbons ou qu'un vase précieux brisé.

- Ça reste ton fils.

- Plus maintenant. Il est mort pour moi à l'instant où il a décidé de fuir. Par sa faute... Narcissa aurait pu être tuée !

Severus soupira, en sachant que son ami regretterait un jour ses paroles. Pour autant, il ne protesta pas réellement, comprenant que pour l'instant le sujet était trop sensible.

- Narcissa risque de ne pas aimer ta décision.

- Elle n'est pas le chef de cette famille. Je suis le patriarche Malefoy, et en tant que tel, j'ai décidé que Drago avait déshonoré notre nom. Le maître a réclamé vengeance, et... chaque Mangemort aura pour ordre dorénavant de ramener ici Potter et Drago. Vivants. Pour être offerts au Maître en signe de regrets.

- Lucius...

- Toi aussi mon cher ami, tu auras à obéir aux ordres si tu ne veux pas subir le même sort.