Chocolats suisse

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- Ne me déçsssois pas Luciussss...

- Non Maître. Je suivrais vos ordres.

Lucius gardait la tête baissée pour cacher son visage. Il n'était pas sûr de pouvoir masquer ses émotions, pas après avoir de nouveau été torturé et après avoir passé du temps dans ses propres cachots. Enfermé.

Plus le temps passait, plus il avait de mal à jouer son rôle de Mangemort. Lui qui avait pendant tant de temps été l'esclave de Voldemort, il avait l'impression de ne plus pouvoir accepter tout ça. Depuis qu'il avait ouvert les yeux, il se rendait compte de la folie qui l'entourait.

Il s'était fourvoyé. Complètement.

C'étaient eux, les Sang-pur, qui avaient donné de l'importance à Voldemort. Il s'était dressé, charismatique, terriblement séduisant. Il leur avait parlé de pureté et de puissance. Il leur avait promis le pouvoir. Et ils avaient tous suivi.

Chacun avait eu ses raisons probablement. Lui avait eu la faiblesse d'être attiré par le pouvoir. Il avait fermé les yeux sur les meurtres et les attaques, parce que Voldemort répétait qu'il fallait affaiblir l'ennemi pour gagner.

Aucun d'entre eux n'avait voulu voir que leur maître plongeait dans la folie. Il avait peut être toujours été fou, avide de domination. Ou la folie s'était emparé de lui peu à peu, au fil du temps, insidieusement.

Maintenant, les Mangemorts obéissaient à un fou furieux. Un fou qui courait après un gamin pas même majeur, un gosse qui avait grandi dans le monde moldu et qui avait la facheuse tendance de survivre à tout les obstacles sur sa route...

L'aristocrate quitta rapidement le salon où Voldemort avait installé son trône. Il siégait tel un roi et tous venaient s'agenouiller pour entendre les instructions.

Il soupira, soudain fatigué, et se rendit dans son bureau, seule pièce à n'avoir pas été souillée par les ténèbres. Le portrait sévère de son père qui en gardait l'entrée était probablement la raison de sa tranquilité.

Il écrivit quelques mots sur un parchemin, puis se frotta les yeux en pensant à Severus. Depuis qu'il jouait ce double rôle, il pensait en permanence à son ami, et aux années pendant lesquels il avait prétendu être un autre. Severus, espion pendant des années, sans faiblir. Alors que lui, Lucius, était en permanence au bord du précipice. Quelques jours et il avait déjà peur de se trahir...

Lucius relut le parchemin et se demanda si c'était bien raisonnable. Si son hibou était intercepté, il risquait gros.

Il jeta un sort sur le message, le rendant invisible. Un simple revelio suffirait pour retrouver ce qu'il avait écrit, mais il avait l'impression d'être moins exposé de cette façon.

En regardant son hibou partir, chargé du message désormais invisible, il pensait à sa mission. Il savait déjà ce qu'il allait faire.

Il devait tuer un homme. Un de plus.

Par le passé, il ne s'était jamais posé la question de savoir si ce qu'il faisait était bien ou mal. Il suivait les ordres, il suivait ses convictions. Tuer était parfois inévitable. Et aussi horrible que cela paraisse, cela ne l'avait jamais empêché de dormir.

Pourtant actuellement, il devait tuer un homme et il se sentait coupable. Ce n'était pas un homme qui méritait la pitié, pourtant. Mais le fait est qu'il voyait les choses différemment.

Avec un soupir, Lucius s'obligea à oublier ses doutes pour se concentrer sur ce qu'il devait faire. Sa cible était si prévisible que ce serait un jeu d'enfant... ce qui indiquait probablement que c'était un test. S'il voulait rester en vie, il n'avait plus le droit à l'erreur.

Il ouvrit une porte au fond de son bureau et entra dans la petite pièce qui contenait un petit laboratoire de potions. Rien d'aussi fourni que celui de Severus, mais largement suffisant pour y concocter des poisons.

Il allait tout simplement se servir des faiblesses de sa cible. Il aimait à la folie les chocolats Suisse.

Alors il n'allait pas vraiment se salir les mains, lui courir après, le traquer. Juste lui envoyer un cadeau. Une boîte des chocolats dont il raffolait tant, fourrés du plus puissant poison du monde sorcier. Une mort douce pour un homme incompétent bien trop friand de pouvoir.

-

Lorsque Severus prit connaissance du message, il soupira doucement. Il connaissait la situation dans laquelle se trouvait Lucius pour l'avoir vécue. Choisir les missions qui pouvaient être remplies, tuer pour se couvrir. Prier pour ne pas se tromper.

Son ami avait pris un énorme risque en leur remettant l'horcruxe.

Froidement, le maître des potions décida que la mort du Ministre de la Magie n'était pas forcément une grande perte. Bien entendu, Voldemort allait placer un de ses pions pour le remplacer, c'était à prévoir. Mais le Ministère était déjà gangrené par la corruption et les choses ne changeraient pas vraiment.

Il envoya aussitôt un message au Terrier pour prévenir que le Ministre de la Magie était sur le point de changer en demandant à Arthur et Tonks de se méfier, puisqu'ils y travaillaient directement.

Au Manoir Malefoy, Lucius fut appelé dans le salon où siégeait Voldemort. Il s'avança, le visage neutre, cachant son inquiétude.

Au lieu du Doloris qu'il s'attendait à recevoir, ce fut un sourire cruel et satisfait qui l'accueillit.

- Ah... Luciusss... Tu as fait un excellent travail...

Lucius se tendit imperceptiblement mais le gloussement de Voldemort lui permis de se détendre.

- Il ssssemblerait que le Minissstère sssoit sssens-dessssus-dessssous. Ce cher Minisssstre nous a quitté dans d'étranges csssirconstancssses.

Lucius hocha la tête et se permit un léger sourire.

- Il est possible que je me sois souvenu qu'il aimait un peu trop le chocolat.

Le Seigneur des Ténèbres éclata de rire, laissant aller sa tête en arrière.

- Il semblerait au final que tu ne sssois pas un traître, Luciusss. Tu m'en vois ravi.

Lucius hocha la tête oubliant son cœur qui battait un peu trop vite et ses mains un peu trop moites.

- Va me chercher ce cher Piusss. Qu'il devienne notre nouveau Minissstre.

L'aristocrate ne perdit pas de temps pour quitter la pièce, essayant d'oublier que c'était dans ce salon - autrefois charmant - que Narcissa lui avait annoncé sa grossesse. Puis, il appela Thickness pour l'envoyer à son maître, notant mentalement de prévenir Severus de l'identité du pantin que Voldemort allait placer à la tête du monde magique.

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