Magie complémentaire

Sous la garde de

Épuisé après une journée d'entraînement intensif, Harry s'était endormi à l'instant où sa tête avait touché l'oreiller.

Depuis la dispute avec Drago, suivie de leur réconciliation, ils avaient intensifié le rythme de leurs entraînements. Ils n'avaient pas eu besoin d'en parler, ça avait été un accord tacite entre eux. De la même manière que la complicité qu'ils avaient s'était renforcée.

Les choses changeaient doucement, et Harry retrouvait l'espoir. Parce que Drago n'essayait pas de le rassurer : il agissait en le poussant au delà de ses limites. C'était en quelques sorte un message plus fort que les paroles qu'il aurait pu prononcer.

Un peu plus tard cette nuit là, lorsque Harry s'était retrouvé dans la tête de Voldemort, il lui fallut un certain temps pour comprendre.

Il n'y avait pas de violence, pas de cris, pas de torture.

Juste l'impression de tourner en rond dans une pièce qui avait dû être somptueuse mais qui était presque en ruines.

D'un coup, Bellatrix Lestrange entra dans la pièce en minaudant. Harry essaya de résister, mais il se retrouva face à elle, observant ses yeux fous emplis d'admiration.

La Mangemort s'agenouilla et s'inclina avec un sourire effrayant, son front touchant presque le sol. Elle semblait ravie de l'attention qui lui était portée, elle semblait heureuse de se retrouver avec son Maître.

- Maître, que puis-je pour vous ?

Il y eut un long silence pendant lequel le serpent flatta les boucles sombres de Bellatrix, comme il aurait pu le faire avec un chien fidèle. Puis il se pencha et attrapa le bras de la femme, la forçant à se relever.

Bellatrix semblait rayonner de l'attention qu'elle recevait et contemplait son maître avec vénération.

- Ma chère Bella... Sssssi fidèle... Ssssi Parfaite...

La femme semblait briller de l'intérieur et la folie de ses yeux laissa place au bonheur brut. Elle embrassa la main de Voldemort avec vénération, comme s'il était un dieu à ses yeux. Et c'était probablement le cas, aux yeux de cette femme qui avait perdu toute raison.

- Bella... Pour te récompensssser de ta fidélité, je vais te confier quelque chose...

Bellatrix ronronna presque de plaisir.

Voldemort se retourna pour prendre une coupe dorée, joliment ouvragée.

La folle fronça les sourcils.

- Ça Maître ?

Loin de se vexer, Voldemort eut un rire cruel.

- Oh Chère Bella... Ssssi passssionnée...

Désormais, Bellatrix n'avait plus d'yeux que pour l'objet, essayant de comprendre en quoi cette coupe était précieuse.

Voldemort se mit à rire de nouveau, de ce rire grinçant et effrayant.

- Tu te demandes en quoi la coupe de Poufssssouffle est importante, chère Bella ?

La femme ne bougeait pas, fixant juste son maître avec attention. Avec adoration.

- Sssache jussste que cet objet m'est aussssssi précsssieux que ma vie.

Bellatrix hocha la tête sagement et regarda l'objet avec une pointe de crainte, mais avec un respect nouveau.

- Je veux que tu caches cet objet, Bella. Que tu le protèges.

La femme hocha la tête avec un large sourire ravi.

C'est à ce moment que Harry parvint à sortir de la tête du monstre et à se réveiller, haletant.

Une vague de nausée le submergea en se souvenant du regard d'adoration de Bellatrix Lestrange, et il frissonna, se sentant si mal.

La revoir, celle qui avait tué Sirius, sa dernière famille avait été déstabilisant pour lui. Il la haïssait de toute son âme, mais il avait senti les sentiments de Voldemort. Des sentiments positifs. De l'affection.

Qu'un monstre tel que lui puisse avoir de l'affection pour quelqu'un le rendait confus. Il avait tué tellement de monde, torturé encore plus. Il avait détruit des vies, il était le monstre qui faisait cauchemarder le monde sorcier. Il n'était même plus totalement humain.

Et pourtant...

Et pourtant, il avait de l'affection pour Bellatrix Lestrange. Folle. Dangereuse. Meurtrière.

Bellatrix qui avait tué Sirius. En riant. Dans ses cauchemars, Harry entendait le rire dément de Bellatrix au moment où Sirius tombait.

Harry était toujours dans les brumes du sommeil, perturbé. Il ne se rendait même pas compte que les larmes mouillaient ses joues et qu'il gémissait doucement. D'un coup, Drago fut à ses côtés, l'enlaçant fermement, en murmurant des paroles de réconfort. Des mots sans suite, juste pour le consoler, pour le faire reprendre pied dans la réalité.

Harry s'accrocha à Drago comme si sa vie en dépendait, enfouissant son visage dans le cou du Serpentard, respirant son odeur familière et rassurante.

Drago ne bougeait pas, murmurant toujours. Puis, d'un main hésitante, il frotta le dos de Harry.

- Un cauchemar ?

Dans son cou, le Gryffondor hocha la tête lentement. Il tremblait légèrement. Pas parce que le cauchemar avait été effrayant. Mais juste parce que le monstre avait eu l'air si normal, si humain, qu'il s'en trouvait déboussolé. Il avait l'habitude de la cruauté de Voldemort, de ses meurtres et tortures. De sa colère. De sa joie mauvaise quand il faisait mal.

- Raconte.

La voix de Drago le ramena au présent, à la réalité. Il prit conscience qu'il était tout contre son ancien rival et il rougit. Cependant, il ne chercha pas à se dégager, parce qu'il s'y sentait si bien.

Drago était rassurant en quelques sortes. Il était apaisant pour lui. Il était son ancre, son phare dans la tempête.

Harry inspira doucement, emplissant ses poumons de l'odeur familière de Drago.

- J'ai vu un des horcruxes.

Il sentit Drago se raidir, et le blond raffermit sa prise sur lui, comme s'il comprenait qu'il avait besoin de ça pour ne pas dériver.

- Voldemort... Il... Il confiait l'horcruxe à Bellatrix Lestrange.

Harry sentit Drago se crisper, et il se souvint soudain que Bellatrix était ta tante. Il s'en voulu d'avoir mentionné son nom, espérant que le jeune homme n'allait pas s'écarter.

- Bellatrix ?

- Oui. L'objet... Elle l'a reconnu. Il a appelé ça la coupe de Poufsouffle.

Drago hoqueta et Harry se tortilla pour dégager sa tête.

- Tu sais ce que c'est ?

Le Serpentard gloussa doucement.

- Toi, tu n'as pas lu l'Histoire de Poudlard !

Harry se rembrunit immédiatement et prit un air boudeur.

- Hermione n'arrête pas d'en parler...

- Et elle a raison ! Tu saurais qu'il y a un objet associé à chaque fondateur.

- L'épée de Gryffondor !

- Exact. La coupe de Poufsouffle, le médaillon de Salazar Serpentard et le diadème perdu de Serdaigle.

Harry soupira et s'écarta doucement de Drago, les joues un peu rouge, mais se sentant beaucoup mieux. Drago ne fit aucun commentaires. Cependant, il prit la parole, parlant doucement.

- Si la coupe est sous la garde de ma tante, alors je sais où elle va la cacher.sous