Piste

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Lorsque Severus Rogue arriva auprès de Harry et Drago, il eut la surprise de les voir assis face à face plongés dans des livres aux pages jaunies. En silence.

Habituellement, quand il venait, ils se chamaillaient gentiment ou discutaient. Les deux garçons semblaient toujours éviter le silence, trouvant toujours un moyen pour l'éviter. C'était dans ces moments là que Severus prenait le plus conscience qu'il était face à deux enfants. Deux adolescents qui n'avaient pas encore eu le temps de grandir correctement, qui n'avaient rien vécu. Qui ne connaissaient que le pire de la vie.

Ce silence l'inquiéta plus que de raison, et il les observa l'un après l'autre. Les deux jeunes hommes échangèrent un long regard et Harry fit un signe de tête à Drago. Ce fut ce dernier qui prit la parole.

- Severus, nous avons une piste pour les horcruxes.

- Une piste ? Mais...

Harry le coupa.

- La coupe de Poufsouffle est un horcruxe. C'est B...Bellatrix Lestrange qui l'a.

Severus ne répondit pas, réfléchissant à cette information. Il avait parfaitement noté l'hésitation de Harry en prononçant le nom de la Mangemort, et il était parfaitement conscient de la raison pour laquelle il avait ainsi buté sur le nom honni.

Les deux garçons échangèrent un nouveau regard, et le maître des potions se tendit. Il avait peur de ce qu'ils allaient dire. Il avait pensé que ce serait à lui, l'adulte, de protéger les deux garçons, de leur éviter les informations trop pénibles. Mais en réalité, c'était eux qui menaient la danse. Ils n'étaient pas encore des hommes et l'avenir reposait sur leurs épaules.

Leurs regards qui se croisaient, leur mode de communication silencieux était impressionnant. Severus hésita, se demandant s'il devait vraiment leur parler de leurs amis qui voulaient les rejoindre. Il ne voulait pas briser cette entente, parce qu'il avait le sentiment que toute cette complicité était un atout majeur dans les batailles qu'ils auraient à mener.

Drago reprit la parole, coupant net ses réflexions.

- Severus ? Nous aurions besoin que tu nous rendes un service. Un énorme service.

Le maître des potions soupira et haussa un sourcil, attendant la suite. Il s'était attendu à beaucoup de choses, mais certainement pas à la demande de Drago.

- Nous aurions besoin que tu permettes à quatre de nos camarades de nous rejoindre ici. Granger, Weasley, Zabini et... Nott.

- Quoi ?

Severus avait été si surpris qu'il n'avait rien trouvé de mieux à dire. Lui qui cherchait comment aborder le sujet, voilà que l'herbe lui était coupée sous les pieds.

Il secoua la tête et se laissa tomber sur la dernière chaise de libre. Harry eut un rictus amusé, et ses yeux brillèrent un moment. Puis, le Sauveur regarda Drago et à cet instant, Severus fut persuadé qu'ils pouvaient communiquer par télépathie.

Finalement, Harry reprit son sérieux.

- Cela pose t'il un problème, professeur ?

Severus grogna.

- Je suppose que non. Surtout que vos amis sont venus me voir tous les quatre pour être conduits à vous.

Drago eut un sourire tranquille et haussa un sourcil amusé, ne semblant pas surpris. Harry gloussa.

Et Severus les détesta un instant avant de leur envier leur insouciance malgré leur destin.

- Ils sont venus tous les quatre ensemble ?

Severus soupira.

- Ils semblerait qu'ils soient devenus... amicaux les uns envers les autres.

Drago secoua la tête.

- Je te l'avais dit Potter, Zabini a toujours été... un sentimental.

Severus avait secoué la tête d'un air agacé avant de les laisser, jurant entre ses dents contre ces fichus adolescents qui ne prenaient rien au sérieux.

Rentré à Poudlard, le maître des potions ne perdit pas de temps pour convoquer les quatre jeunes gens. Il prétexta une explication à avoir concernant une bagarre entre Gryffondor et Serpentard... Et ils ne furent pas long à apparaître, presque tous ensemble.

Le professeur de potion soupira, et secoua doucement la tête, se demandant dans quoi il s'était embarqué exactement...

- Je vais vous conduire à vos camarades. Cependant... Je me dois vous prévenir que c'est une décision irréversible et dangereuse. J'entends par là qu'une fois que vous aurez quitté Poudlard, il n'y aura pas moyen de revenir en arrière, autant pour votre sécurité que pour celle de vos camarades.

Ils hochèrent tous les quatre la tête et Severus se pinça l'arrête du nez, essayant de ne pas penser à tout ce qui pourrait mal tourner dans son entreprise de faire sortir discrètement quatre adolescents de Poudlard, pour les conduire dans un lieu tenu secret où se terraient deux autres jeunes gens recherchés par le monde magique dans son entier.

Je vous laisse une heure pour vous préparer. Il vous faudra ensuite me rejoindre dans le parc de Poudlard, près de la forêt interdite. Vous prendrez uniquement l'essentiel, ce que vous pouvez porter dans un petit sac. Quelque chose qui ne soit pas trop voyant. Maintenant, filez.

Au départ des quatre jeunes gens, Severus s'installa à son bureau et commença à corriger des copies. Il n'avait pas forcément la tête à travailler mais il s'obligeait à sa routine habituelle. Il avait été espion suffisamment longtemps pour savoir que c'était des détails qui pouvaient trahir ceux qui avaient quelque chose à cacher. Comme un professeur qui changerait soudainement ses habitudes, pile le soir où quatre élèves décideraient de disparaître.

Lorsqu'il fut l'heure de sa ronde habituelle, il partit tranquillement, comme à son habitude. Il sentait le portoloin dans sa poche, celui qu'il avait enchanté pour conduire les gamins à leurs amis.

Il fit le même trajet qu'à son habitude. Il s'arrêta échanger quelques mots avec Minerva quand il la croisa avant de la saluer pour repartir.

Il adressa un vague signe de tête à Rusard quand il le croisa au moment de sortir dans le parc du château, comme il le faisait tous les soirs pour aller prendre l'air.

Il prenait l'air ainsi pendant environ une heure. Ce qui lui laissait largement le temps de conduire les gamins à la cabane et de revenir en toute discrétion.

Lorsqu'il se fondit dans l'obscurité du parc, il hâta le pas, et nota la présence de quatre silhouettes serrées les unes contre les autres. Ils avaient obéi et pris chacun un sac à dos.

Severus sortit le portoloin - une tasse à thé ébréchée - et s'approcha.

- Dernière chance de changer d'avis.

Mais chacun posa un doigt sur l'objet, un air décidé sur le visage.

Magie complémentaireWhere stories live. Discover now