Magie complémentaire

Sécurisé

Harry Potter se tenait face à Voldemort. C'était le moment de la bataille. L'affrontement. Harry avait attendu ce moment depuis qu'il avait appris qui était Voldemort. Il se retrouvait face à l'assassin de ses parents, avec l'intention claire de le tuer. De les venger.

Il s'y était préparé. Il avait travaillé dur. Il avait sacrifié beaucoup également. Et il savait que beaucoup ne croyaient pas vraiment en lui. Mais il s'en moquait. Ses parents lui avaient dit qu'ils croyaient en lui. Et ça, c'était tout ce dont il avait besoin. La confiance de ses parents.

Pour autant, même s'il était déterminé, il ne se voilait pas la face. Il avait parfaitement conscience qu'il était en mauvaise posture.

Alors que Voldemort riait et lançait sort sur sort, lui peinait à se protéger. Il lançait des boucliers, il évitait les traits lumineux qui fonçaient sur lui et il... survivait.

Il ne pouvait que survivre face à un tel déchaînement.

Harry était épuisé, et il avait de plus en plus de mal à réagir. Il avait pris conscience qu'il allait mourir face à son ennemi, face au meurtrier de ses parents. Il allait mourir et rejoindre sa famille, mais il ne se laisserait pas faire aussi facilement. Il avait bien l'intention de faire le maximum pour lui mettre des bâtons dans les roues.

Autour de lui, il entendait le fracas de la bataille. Les hurlements de rage, de douleur. Le bruit des corps qui tombaient, l'agonie des sorciers qui perdaient leurs duels.

La guerre n'était pas aussi propre qu'un simple Avada. Si quelques rayons verts bien reconnaissables fusaient, ils n'étaient pas majoritaires. Il y avait énormément de Doloris, de sorts de découpe et autres. Le but était de faire mal, de faire peur. D'anéantir l'adversaire.

Harry ne pouvait pas laisser la moindre seconde d'inattention avoir raison de lui. Alors il avait volontairement enfermé son inquiétude pour ses amis au plus profond de son cœur, et il essayait de ne pas y penser.

Il ne voulait pas mourir pour avoir regardé ailleurs. La meilleure motivation qu'il avait était de penser que s'il tombait ses amis seraient les premiers à être tués. Pour l'instant, il ne pouvait pas les aider. Les voir en difficulté n'avancerait à rien, les voir tomber ne pourrait que le faire échouer.

Il avait également cessé de tenter de reconnaître les voix de ses amis dans les cris qu'il entendait. Il ne voulait pas imaginer Hermione ou Ron blessé. Ni Luna, ni Ginny d'ailleurs. Il avait voulu écarter les deux plus jeunes de ses amies du combat, mais elles avaient été décidées et intraitables. Alors il leur avait fait jurer de rester saines et sauves. De ne pas se laisser avoir.

Lorsqu'il s'était avancé vers Voldemort, le cœur battant, il avait vu les Mangemorts le regarder passer. Certains souriaient moqueurs. D'autres semblaient de marbre. Puis, une fois face à face avec son ennemi, le combat avait été lancé.

Harry avait brièvement fermé les yeux en s'interdisant de regarder. Il avait transformé son inquiétude et sa peur en rage et avait commencé à lancer ses sortilèges.

Harry Potter était un sorcier puissant. Même en étant un adolescent, il parvenait à faire face depuis un long moment maintenant. S'il ne s'était pas agi d'un combat à mort, il aurait pu être fier de lui...

Plusieurs fois, Voldemort lui avait demandé de le rejoindre en fourchelang. Mais Harry ne se donnait même pas la peine de répondre : il se contentait d'intensifier ses attaques, même s'il devait puiser un peu plus dans sa magie et qu'il se fatiguait plus rapidement.

Le jeune homme vacilla un bref instant, et croisa le regard rouge empli de satisfaction de Voldemort. Le cœur battant, il comprit que le moment était venu pour lui. Il allait mourir, sur le champ de bataille. Il ne deviendrait jamais adulte et ne réaliserait jamais ses rêves.

Il espéra que ses amis survivraient. Qu'ils seraient suffisamment intelligents pour fuir et se mettre à l'abri.

A l'instant où il baissa les bras, prêt à se laisser tuer, il sentit un choc dans son dos.

Pour autant, il ne bougea pas, pensant qu'un combattant l'avait bousculé en se battant. Avant qu'il n'ait eu le temps de comprendre ce qui se passait, il sentit quelqu'un lui enserrer le torse d'une poigne de fer. Il entendit vaguement Voldemort hurler de rage puis une sensation désagréable l'envahit.

La seconde suivante, il était hors du champ de bataille, sur une route de campagne déserte. Pour autant, il ne put ni se dégager ni poser de question, puisque la personne qui le tenait le fit une fois encore transplaner.

Il y eut plusieurs étapes, et stupidement Harry pensa que son ravisseur semblait vouloir masquer ses traces.

Enfin, ils arrivèrent devant une petite maison isolée, qui semblait perdue au milieu d'une forêt. Il chancela, se préparant à une nouvelle étape mais les bras autour de lui le lachèrent. Une poigne de fer le stabilisa en agrippant son bras et il respira profondément pour retrouver son équilibre.

Quand Harry pensa qu'il pourrait rester debout sans vomir, il se tourna lentement et écarquilla les yeux en voyant l'homme qui lui faisait face.

- Toi !

La silhouette était dissimulée sous une grande cape vert sombre dont la capuche était rabattue bas sur les yeux. Cependant, il le connaissait si bien qu'il n'avait pas été trompé une seule seconde par le déguisement approximatif.

Les mains de l'homme face à lui rabattirent la capuche en arrière et un sourire moqueur sur le visage, Drago Malefoy haussa un sourcil.

- Et bien, Potter ! Heureux de me voir ?

Harry resta bouche bée un bref instant avant de grogner.

- Où sommes nous ?

- Dans un lieu sécurisé.

Le Gryffondor hurla de rage.

- Pourquoi tu as fait ça ? Idiot ! Les autres...

- Tu étais en train de crever Potter ! Tes précieux amis auraient été les premiers à être exécutés.

- Donc tu vas me livrer à ton maître ?

Drago se rembrunit.

- Je n'ai pas de Maître. Mais ta survie est... importante. Ou plus exactement ta victoire. Et tu n'étais pas prêt.

- Tu n'es pas Mangemort ?

- A ton avis Potter ?

Harry l'examina et eut soudain envie de le frapper. Pour l'avoir écarté du champ de bataille, pour l'avoir sauvé. Pour le forcer à continuer son combat. Pour semer le doute en lui. Après un long moment, il soupira vaincu.

- Peu importe.