Magie complémentaire

épais manteau

Après la mort de Voldemort et l'arrivée des Aurors, nombreux étaient ceux qui avaient pensé que le monde magique vivrait tranquillement. Molly et Narcissa avaient eu la faiblesse de penser que tout ne pourrait qu'aller mieux.

Elles étaient au terrier, debout face au petit lac près de la maison, les yeux perdus sur l'horizon. Si Molly avait retrouvé son fils, Narcissa était toujours privée de sa famille. Le seul changement qu'elles avaient pu constater était leurs relations. Elles appartenaient à deux familles qui s'étaient toujours affrontées, pour d'obscures raisons. Et elles étaient désormais amies malgré leurs différences.

Les deux femmes appartenaient à deux mondes différents, et avaient des vies à l'opposé l'une de l'autre. Pourtant, elles avaient appris à s'entendre et avaient découvert qu'au fond, elles avaient plus de points communs qu'elles n'avaient pu le penser. De quoi former une alliance solide.

Lorsqu'elles avaient appris ce qui s'était passé, Narcissa était sortie pour aller se poster à son endroit favori, sans un mot. Elle n'avait pas la force de se rebeller contre le nouveau coup du sort qui la privait encore de son fils et de son mari.
Molly n'avait pas tardé à la rejoindre et elle lui avait déposé un épais manteau sur les épaules, la serrant contre elle pour la réconforter.

Il ne faisait pas froid au point d'avoir besoin d'un manteau, mais le vêtement était un réconfort pour Narcissa. Elle avait souri d'un air absent et elles étaient resté ensemble sans un mot.

Le soleil déclinait, se rapprochant de l'horizon quand Narcissa finit par parler.
- J'ai passé tout ce temps à réfléchir, à chercher une solution. Quelque chose.
- Vous devriez attendre un peu avant de perdre espoir, Narcissa. Il faut le temps que les choses s'apaisent.

L'aristocrate soupira.
- Je serais stupide de ne pas voir l'évidence. Pendant tous ces mois où nous avons du faire bonne figure alors que nous avions peur pour la vie de nos enfants, nous avons pensé que le problème était ... Vous-savez-qui... Nous nous sommes accrochées à l'idée qu'une fois cette guerre terminée, les choses deviendraient idéales. Que tout serait différent.
- Nous avions besoin de cet espoir... Et il n'est pas trop tard pour que les choses aillent mieux.

Narcissa laissa échapper un ricanement amer.
- N'essayez pas de me rassurer ainsi, Molly. Le problème ne venait pas de lui. Il n'était qu'un homme après tout. Nous avons tous oublié que le problème venait de tout ceux qui ont cru en lui. Si personne ne s'était agenouillé devant lui, nous n'en serions jamais arrivés ici.
- Alors quoi ? Que comptez-vous faire ?
- Les Malefoy ne sont pas aimés. Lucius a été un mari aimant toutes ces années mais un terrible manipulateur avide de pouvoir. Je n'ai jamais fermé les yeux sur ses travers, et je regrette de ne pas avoir tenté de le modérer un peu... Toujours est-il qu'il s'est fait un grand nombre d'ennemis, et que beaucoup n'oublieront pas la marque qu'il porte sur le bras. Quoi qu'il ait tenté de faire pour se racheter, ça ne pèsera pas très lourd dans la balance s'il venait à être jugé.
- Nous pourrons plaider sa cause.
- C'est inutile d'être en disgrâce pour défendre l'indéfendable. J'en veux à Lucius d'avoir entraîné Drago à sa suite, même s'il a juré qu'il assumerait les conséquences de ses fautes. Je suis faible cependant parce que quelles que soient les erreurs qu'il a fait dans le passé, je ne veux pas perdre mon mari.
- Narcissa... Peut-être que...

Elle leva la main, coupant Molly. Puis elle se frotta le visage en un geste presque enfantin, bien loin de la femme sophistiquée qu'elle paraissait en permanence.
- La seule chose qui me parait sensée serait de quitter l'Angleterre avec Lucius et Drago. D'aller à un endroit où le nom Malefoy n'est pas connu, où nous pourrions recommencer une nouvelle vie en oubliant tout ça.
- Vous avez l'air d'y avoir pensé sérieusement.
- C'est le cas. Je sais que je pourrais convaincre Lucius. Il me suivra.
- Mais ?
- Mais Drago refusera. Il voudra rester ici.

Molly soupira.
- Peut-être pas...
- Oh Molly... Je connais mon fils. Et il ne partira pas loin de Harry Potter. Depuis son tout premier jour à Poudlard, il n'a que ce nom à la bouche. Ils sont devenus proches et Drago ne l'abandonnera pas. Bien entendu, il trouvera des tonnes d'autres raisons pour justifier son envie de rester en Angleterre...
- Ron m'en a parlé oui. De la réaction de Drago quand il a pensé que Harry était mort.

Narcissa soupira et hocha la tête lentement.
- J'ignore ce qui s'est passé exactement, mais je suppose que ça confirme ce que je pense.
- Harry fera en sorte que Drago soit en sécurité. Il...

Molly hésita et l'autre femme se tourna brusquement, les sourcils froncés.
- Il ?
La matriarche Weasley se mordilla la lèvre puis haussa les épaules.
- Après tout, vous allez en entendre parler. Harry s'est volontairement placé devant Drago et a reçu l'Avada à sa place.

Narcissa pâlit brusquement et secoua la tête.
- Merlin. J'avais peur que Drago n'ait développé une étrange obsession pour le héros du monde sorcier mais...
Molly gloussa doucement, en posant une main sur le bras de Narcissa.
- Harry n'a pas de famille, mais depuis que je le connais, il n'a fait que parler de votre fils également. Ils sont attirés l'un vers l'autre. Plus exactement, Ron dit qu'ils sont incapables de s'ignorer.
- J'ai comme l'impression que je vais devoir préparer Lucius à rencontrer le Sauveur du monde sorcier régulièrement...
- Le Terrier est un endroit neutre, Narcissa. Vous y serez les bienvenus. Sans compter que j'ai hâte de voir la tête de votre mari quand il comprendra à quel point ces deux là sont proches...

Cette fois, les deux femmes se mirent à rire ensemble, et Narcissa se détendit légèrement.
Après un silence complice, Molly passa son bras sur les épaules de la femme et la serra contre elle.
- Si ça peut vous rassurer, Narcissa, je vous répète ce que je vous ai déjà dit : Harry protégera Drago jusqu'au bout. Il ne le laissera pas tomber, quoi qu'il arrive. Et il ne lui tournera pas le dos, même si Drago a la marque sur le bras.