Chapitre 37

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Le trajet dans le corridor pour se rendre jusqu'au foyer qui reliait Poudlard à notre maison par le réseau des cheminées fut des plus silencieux. Nous étions restés aussi tard que nous avions pu, mais même Hermione avait eu sa dose de lecture pour la soirée. Cedric était retourné chez les Poufsouffle plus tôt, avec un grand sourire sur son visage que j'aurais voulu arracher et lancer contre le mur. En fait c'était probablement mieux qu'il quitte la bibliothèque avant les autres, car ses pensées étaient en train de me rendre fou. Son absence serait-elle remarquée s'il ne se présentait pas à ses cours le lendemain ? Le monstre en moi se réjouissait à cette pensée.

Mais il était mon ami, et il en était venu à reconnaître la même chose que moi – que Bella était une créature dotée de toutes les qualités : elle était belle, exceptionnelle, et altruiste. Elle était digne de notre adoration. Je ne pouvais pas le blâmer sur ce point. Et il n'était pas comme Mike Newton, qui voyait seulement Bella comme une fille à conquérir. Cedric se souciait vraiment d'elle, et peut-être était-ce cela qui me dérangeait le plus.

Parce que, si les choses avaient été différentes, il aurait été bon pour elle. Un meilleur choix que moi... Un meilleur choix que Jacob... Mais tout ça était derrière nous maintenant.

Pourtant Bella lui avait dit 'Oui,' et c'est ça qui me contrariait le plus. Je luttais contre la voix de la vérité qui me harcelait en faisant remarquer que j'avais moi aussi dit oui à quelqu'un d'autre suite à ma bêtise et à mon silence. Cette voix qui se voulait magnanime souligna que Bella avait seulement accepté d'aller à la danse après que j'aie rompu nos plans. Elle me rappela que nous avions déjà convenu que Bella irait avec quelqu'un d'autre de toute façon – Ron Weasley, qui était épris d'elle lui aussi – et j'avais accepté.

Bella n'avait pas l'air d'être mieux disposée à mon égard. Le sillon entre ses sourcils, la raideur dans ses épaules, la moue sur ses lèvres, tout cela indiquait qu'elle était toujours en colère. Pour une fois, sa fureur n'avait rien d'adorable. Son attitude du moment était très différente du courroux qui me rappelait un chaton furieux, enragé mais inoffensif. La colère qui l'habitait présentement était très dangereuse. C'était une colère silencieuse... et meurtrière. Parce que Bella avait le pouvoir de me détruire avec une décision – celle de me quitter pour toujours.

Lorsque nous arrivâmes à Venlaw, Alice nous attendait devant la cheminée. D'après ce que je pouvais entendre, Carlisle et Esme se tenaient debout dans la cuisine et ne faisaient rien d'autre qu'attendre.

« Salut Bella, » dit-elle gaiement en nous voyant arriver.

« Salut Alice, » répliqua Bella – poliment mais sans aucune chaleur.

Qu'est-ce qui ne va pas, Edward ? Elle semble si différente...

Je lui lançai un regard éloquent en guise de réponse. Je n'étais pas d'humeur à en discuter.

Je suivis Bella dans notre chambre. Elle ne piétina pas de colère, ne poussa pas de soupir de frustration, et ne fit rien des choses typiques que je la voyais normalement faire lorsqu'elle était furieuse. Je m'attendais presque à ce qu'elle me claque la porte au nez, mais elle ne fit pas ça non plus. Je ne sais pas ce que j'aurais fait si elle m'avait banni de notre chambre. C'est tout juste si j'étais en contrôle à cet instant – ma propre colère couvait sous la surface.

Je l'observai du coin de l'œil alors qu'elle rassemblait ses affaires pour la nuit et disparaissait dans la salle de bain pour se préparer. J'entendis la douche couler et l'eau ruisseler sur le plancher de la cabine, et je sentis la chaleur s'en dégager... La douche resta ouverte plus longtemps que d'habitude. Puis, après une autre longue période de temps, Bella émergea dans un pantalon de survêtement et un tee-shirt et se glissa dans le lit sans dire un mot.

Les Cullen vont à Poudlard | Harry Potter Et TwilightWhere stories live. Discover now