Star Wars : L'Empereur T4 (Version finale)

Chap 18 Part.2 : Les Héros

L'humain accrocha son sabre à la ceinture, il n'en aurait pas besoin. Ses bras puissants soulevèrent la nièce mourante de la Reine.

De son côté, Mérhétéla était parvenu à tracer une longue estafilade calcinée sur la poitrine d'Ixtab. Le Jedi n'osa même pas se demander la provenance des pouvoirs de la Cathar, convaincu que la réponse ne le satisferait pas.

Le général hurla plus de rage que de douleur et fouetta le bras de Méra avec une force telle que son sabre glissa de sa main. La Cathar geignit, du sang coulant de sa plaie au poignet.

« C'est le moment... »

La Force se rassembla dans ses jambes et le propulsa haut dans le ciel d'Ondéron, mais pas assez pour qu'il ne puisse distinguer une faible lueur émanant du poing intact de la Cathar. Cette dernière se jeta son ennemie et lui administra un coup dans le ventre d'une rare violence. Sans ses tentacules, plantés dans le sol, Ixtab se serait retrouvé projeté dans les airs... et le plan de Taveel aurait échoué.

Suite à son saut, l'attraction fit le reste et sa chute le menait droit sur Ixtab.

« Le timing sera serré, » pensa-t-il en fixant tour à tour Allana dont la vie ne tenait qu'à un fil et Ixtab qui enroulait deux appendices autour du torse de la féline.

Et quand vous êtes prêt à faire don de votre existence pour le bien commun, comme Alastor Taveel, vous souriez tout simplement.

Cette mimique propre à de nombreuses espèces dans la galaxie vous paraît unique à cet instant. Car vous n'éprouvez aucun regret à la pensée d'abandonner votre vie mortelle ; car vous n'avez souri que trop rarement tout le long de votre existence ; car cette simple expression reflète maintenant la paix et la sérénité qui s'est emparée de votre cœur.

Vous chutez vers votre ennemie jurée et rien ne peut l'empêcher désormais. Votre regard se rive dans le sien alors qu'elle ressent votre arrivée. Vous y lisez le sort qui vous attend aussi surement que si vous sautiez, pied joint, dans la gueule d'un sarlacc.

Et parce que vous êtes Alastor Taveel, un Maître Jedi, un membre éminent du Conseil, un natif d'Haruun Kal, la Force est tellement puissante en vous qu'elle vous offre des bribes du futur. Parce que vous êtes un tel homme, vous rassemblez les fragments et en tirez un tout cohérent...

En premier lieu, votre plan se déroule comme prévu et vous survivez. La deuxième vision vous montre mourant, mais votre visage est illuminé de satisfaction, et c'est tout ce qui compte. Plus sombre, la dernière révèle votre corps désarticulé comme un pantin qui demeure en dessous d'une ombre tentaculaire.

À cet instant, quand vous êtes l'égal d'Alastor Taveel, vous restez de marbre devant ces visions et souhaitez simplement que le juste milieu l'emporte.

Vous vous rapprochez de la Sith à grande vitesse, vous crispez votre prise sur Allana et vous laissez deux appendices trouer votre poitrine. La douleur est insoutenable, mais vous l'endurez avec détermination. L'inconscience attaque votre esprit, mais votre volonté, dure comme un placage de duracier, la repousse.

Lorsque la Sith vous amène en compagnie de Méra, votre sœur d'armes, près d'elle, vous rejetez une flaque de sang de votre bouche.

– Mes deux ennemis se retrouvent enfin entre mes griffes, entendez-vous.

Votre alliée saucissonnée n'a pas abandonné, vous sentez qu'elle croit toujours en vous.

– Entre vos tentacules visqueux, en l'occurrence.

– Abomination des Sith, vous n'avez même pas conscience d'être pris dans une nasse. Je suis le conseiller Alastor Taveel, peut-être l'unique Jedi de la galaxie dotée du pouvoir de vous vaincre ! Lancez-vous d'une voix magnifiée par la Force.

La Sith rit de vos vaines paroles, demande pourquoi vous avez un corps dans les mains, abaisse sa garde et vous plongez dans l'ouverture aussi surement que dans le pouvoir dont vous parliez à l'instant. Vous transformez votre nature de récepteur à divers élément tel que la foudre ou les flammes.

Vous devenez un canal...

Désormais, tout ce qui entre en vous ressort.

Et vous savez trop bien ce qui est à l'intérieur de votre corps à cet instant précis. Vous appliquez vos mains sur les tentacules qui tourmentent votre organisme et vous aspirez la Force présente en elles. Vous ressentez la puissance enivrante de Côté Obscur qui a toujours fait partie de votre cœur. Si facile, si tentant et pourtant si éloigné de votre état d'esprit actuel, vous le repoussez tel un fétu de paille.

La Sith use de son don pour la régénération alors vos dommages corporels se résorbent aussi vite.

Et vous le saviez, cela faisait partie intégrante de votre plan.

Vous n'êtes qu'un canal alors la Force qui entre en vous cherche la sortie. Seulement, vous ne la renvoyez pas vers l'ennemi comme vous le feriez pour des Éclairs, non...

Parce que vous êtes Maître Taveel et que vous vous souciez d'autrui, vous expédiez le pouvoir régénérateur dans le corps d'Allana Valel Ka. Vous sentez l'étincelle de vie encore présente en elle se muer un feu ronflant et crépitant. Sa blessure fatale se referme en même temps où le rire d'Ixtab s'évanouit.

Cette dernière réalise enfin l'ingéniosité de votre duperie, inimaginable pour un être égoïste comme elle.

Et cela aussi, vous le saviez, car aucun Sith ne peut concevoir un sacrifice pour le bien commun.

La Force quitte Ixtab avant qu'elle n'ait pu réagir. Ses tentacules se résorbent dans d'horribles gargouillis, et vous vous retrouvez face à une frêle femme. Libéré, votre corps se guérit une dernière fois avant que vous ne redeveniez comme jadis.

La Sith tombe à genoux devant, accomplissant la plus enviable des visions offertes par la Force. Vous n'avez rien à dire alors vous attirez votre sabre laser dans la paume de la main et l'activez dans un grésillement chatoyant. La femme effondrée en face de vous représente un danger extrême et pourtant vous hésitez à choisir entre la logique et le Code Jedi. La guerre est un fait nouveau pour vous alors vous prenez subitement peur à la pensée de découvrir que détruire une vie de sang-froid pourrait vous plaire.

– Qu'attendez-vous ? Mettez un terme à sa répugnante existence ! vous enjoint Mérhétéla avec hargne.

Mais elle sent votre réticence et décide d'en finir elle même. Et vous maudissez votre incapacité à faire le nécessaire lorsqu'une horde de Méchashizors débarque et sauve le général Sith vaincu.

À cet instant précis, vous pensez que vous auriez préféré sacrifier votre vie pour détruire la Sith plutôt que vivre en ayant renié votre serment de Jedi. En fin de compte, c'est bien l'unique chose qui vous différencie encore des Vengeurs...

Tel était Taveel lorsque la fuite ne fut plus que la seule option...

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