Dàn

Gellert 14

" Lucie, comment savais-tu pour la guerre ?

Gellert se tenait face à elle, presque menaçant. Elle résista à l'envie de se recroqueviller sur elle-même. Elle n'avait pas à avoir peur de lui. Relevant sa manche, elle mit à nu le poignet orné des runes de leur serment de mariage.

"Je jure de dire la vérité, et seulement la vérité à l'homme en face de moi. Par le lien qui nous unit, qu'il me soit impossible de le tromper par la pensée, par la parole ou par omission."

Le regard de Gellert s'assombrit en la voyant faire. Il n'osait imaginer à quel point le sujet était délicat pour qu'elle l'aborde ainsi. Les runes s'illuminèrent de magie, reconnaissant le serment qu'elle venait de faire. Prenant une grande inspiration, il  réitéra sa question.

"Comment peux-tu avoir des connaissances du futur ? Plusieurs fois, tu as semblé savoir des choses que seules les Parques ou les voyants peuvent connaître. Et encore, tes connaissances sur certaines thématiques scientifiques émergentes ne sont absolument pas compatible avec les capacités d'un voyant..."

Lucie avait longuement réfléchi à ce qu'elle pouvait lui dire ou pas. Il était temps de jouer carte sur table.

" J'ai été au bord de la mort petite, et des souvenirs me sont revenus alors que j'avais une forte fièvre. Des souvenirs de moi bien plus petite mais aussi d'autres, appartenant à un autre monde, à une autre vie.

- Et de quoi peux-tu bien te souvenir ? Demanda-t-il sceptique.

- La seule chose que tu as besoin de savoir pour le moment, c'est que tu risques d'être emprisonné.

- Bientôt ?

- Oui."

Ils se regardèrent, puis les yeux de Gellert retombèrent sur les runes brillant à son poignet. Il creuserait le sujet plus tard.

" Étions-nous ensemble dans cette vie aussi ?

- Non, tu étais mort bien avant. Albus t'a vaincu, t'enfermant à Nurmengard.

- Alors pourquoi s'intéresser à moi ?

- Pas pour te sauver, car c'est hors de ma portée. Je vais faire en sorte que ta captivité ne soit pas éternelle contrairement à la dernière fois.

- Donc par amour ? suggéra-t-il.

- Plus ou moins."

Il hocha la tête, l'expression illisible. Il était tourmenté intérieurement par ses propos.

" Pourquoi ne pas simplement me tuer ? Ou m'arrêter ?

- Il y a des évènements qui doivent avoir lieu, peu importe la façon dont cela se déroule. Ce n'est pas à moi de t'arrêter, ni de te tuer. Et je ne pourrais pas y faire grand chose."

Le silence tomba lourd entre eux, dans la semi-obscurité de la pièce, les runes brillaient toujours. Gellert avait voulu savoir, mais maintenant il le regrettait presque. Il ne pourrait plus jamais voir Lucie de la même façon maintenant qu'il supposait qu'elle était une envoyée des Parques.

" M'aimes-tu au moins ?"

Il devait plus que jamais s'assurer de son alliance avec elle, il ne pouvait pas la perdre et ce, pour de multiples raisons.

" Oui."

La réponse était ferme, sans aucun doute, aucune hésitation. Un raclement de chaise se fit entendre, et l'instant d'après, Gellert embrassait tendrement son épouse. Au moins dans cette vie, il l'aurait.