Chapitre 27C:Enterrée.

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J'étais encore une fois,seule,à l'aube de la saison des pluies,abritée sous une grotte,quand j'ai entendu pour la première fois de ma vie parler du communisme.Une idée importée de Terre qui a fleuri sur Ankarka aussi.J'emballais , à l'aide de mes bras maigres,un ours en peluche doré,tout en prenant bien gare à ne pas lui faire mal,en prenant bien gare à ne pas voir de peur dans son regard doré.Communiste?Je vais analyser ça.Je n'osais pas demander d'explications à la peluche,ni à son acheteur.

-Qu'est-ce qu'on dit à son vieux père?demanda l'homme qui accompagnait une filles aux couettes noires d'à peu près cinq ans.

Derrière la cage où en tant que commerçante provisoire j'étais enfermée,à l'intérieur d'une grotte commerçante du sud du Débile-Soumis,à la frontière avec Sombralia,je me retenais de pleurer en pensant au mien.

-Alors,il arrive Ted?

-Dans un instant.

Il se retire juste assez pour me regarder,évaluant mon état mental.

-Vous voulez de l'espace,hein?taquine violemment l'employeuse rousse à fortes poitrines derrière.

Elle pousse légèrement mon épaule saillante vers les barres en fer,totalement intordables et insensibles à la magie.Elle a un sens du contact avec ses employés pour le moins étrange.Elle ôte une partie de la cage et je tend la peluche pour la faire rencontrer sa nouvelle mère,une débile-soumise.Il rit silencieusement,et je roule les yeux,étant d'accord.

-C'est vraiment agréable qu'ils habitent là-bas,au débile-soumis...Je suis toujours aussi confuse quant à l'idée d'émigrer là-bas,à mon tour...Mais Téaveugle,la deuxième ville du pays après Kécecé,ressemblerait davantage à la ville de mes rêves si j'étais avec mon mari!

C'était un pays dont je prétendais être originaire.C'est selon un ordre écrit,un message me dictant exactement ce que je devais faire,écrit au dos d'une lettre de bonne anniversaire.Je l'ai lue tellement de fois que je l'ai mémorisée par coeur,mais pour mentir,j'avais besoin de la toucher physiquement,et je serais crue sur paroles.Une fois que j'aurais touchée cette page granuleuse et jaunie,usée,toute l'anxiété négative serait remplacée par des mots choisis,réfléchis,je serai capable de respirer à nouveau,et de savourer le bonheur d'être en sécurité à la frontière même du pays d'où j'étais bannie.

Je cherche la monnaie à rendre,sur le dessus de la commode et j'ouvre simultanément chacun des tiroirs.Je pensais également à une solution toute trouvée au problème:déchirer cette maudite lettre et rendre mon tablier sur-le-champ.

-Vous avez de la chance de venir du Débile-Soumis...

-Très simplement,je n'ai eu que de la malchance dernièrement.

J'ai cherché d'autres morceaux de phrases dans ce langage si guttural,si étrange,et je les ai recollé ensemble,en imitant leur accent.Il fallait vite que je fuis avant qu'elle ne se rende compte de la supercherie,avant qu'il ne soit trop tard.

-Vous avez déjà des enfants?

Je bois,au lieu de répondre,une longue traite d'un breuvage d'une couleur fuschia vive tirant sur le violet.

-Je suis bouleversée...dévastée...vraiment,il n'y a rien que vous ou moi puissiez faire pour régler mes problèmes,je ne peux pas faire marche arrière,donc j'emballe des peluches vivantes avec psychologie et finesse pour ne pas finir plongée dans mes remords.

Je ne voulais pas faire de mon mieux pour paraître inaffectée,donc je parlais de mon malheur sans en donner le moindre détail.Malin.J'expire ensuite un soupir que je ne savais pas que je retenais.

Les bourgeons de la Haine [Between shades of gray fanfic]Where stories live. Discover now