Chapitre 21B:"Faites le vite!"

22 3 0
                                    

Ces mots n'arrêtèrent jamais de se répéter dans ma tête,martelants,horrifiants,révoltants.Mais pour votre compréhension,Penne,il faudrait que je les replace dans leur contexte.

Je ne sais pas s'ils auraient pris la peine d'ouvrir la porte si nous n'étions pas arrivé à destination.Sans faire attention à Ama qui tenait ses deux filles dans les bras dans une mare de sang lui appartenant,ils nous ordonnèrent de sortir,ma mère et madame Grimas restèrent auprès d'Ama,avant de nous encourager tous à sortir du train.

Après avoir pleuré légèrement à cause du soleil dans mes yeux habitués à l'obscurité,et m'en être protégé avec un mouchoir en tampon,j'attrapai mon sac à main et ma petite soeur et je sortai du wagon.J'avais l'impression d'avoir replié mes jambes pour me jeter dans un grand puit de lumière.Je me retournais,pour voir et m'assurer que les autres s'en sortent.Je devrais savoir si ma mère va bien,si elle va bientôt descendre,et ce qui arrivera à Ama.Je me sentais totalement nimbée de lumière,partout sur ma peau,délassée,réchauffée.Comme au Sauna.

Markas sortit enfin du wagon,aidé par un homme aux cheveux gris et par Lasse lui-même.C'est là que j'entendis ce cri:

-NON!PAS MES FILLES!NE FAITES PAS CA A MES FILLES!

Est-ce que j'ai bien entendu?Je me pinçais les bras pour en être sûre,et je n'avais pas assez de chair pour cela...

-Faites le vite alors!FAITES LE VITE!

-Nous avons peu de risques d'être encore vivants ce soir,constata avec effroi Markas,et tout le monde l'approuve,pour une fois.

Nous attendîmes dans le silence,ourdissant au plus profond de nous le sentiment de révolte le plus déstructeur qui soit.C'est là que ce coup de feu déchira le silence,comme la déchirure d'un muscle tendu à se rompre qui craque totalement.

J'entendis le bruit d'un corps qu'on traîne et soulève par derrière,puis ma mère et Madame Grimas sont apparues,tenant chacune dans leurs bras une fille d'Ama.

Ils ont tué leur mère.Ils ont fait de deux filles au monde depuis seulement quelques heures,par la simple force de leur volonté,deux orphelines.Elles furent confiées à Madame Grimas.Elles étaient entrées dans l'aventure,dés le premier jour de leur vie,dans le combat de tous les instants que nous vivions tous:la survie.

Dés que maman nous rejoint,elle ne voulut répondre à aucune de nos questions,tout en pleurant,en nous guidant vers la table où ils distribuaient des bols de céréales grises.

-Alors c'est vrai?Elle est morte,fit Lavra,interrompant le silence qu'il y avait entre nous.

-Oui,elle l'est.

Si d'autres n'auraient pas eu besoin d'en savoir les circonstances,moi je le voulais.

-Ils disaient que Yolanda et Evgenia ne serviraient à rien pour le travail.Ama est donc entrée dans une crise de panique,ordonnant qu'on laisse vivre ces filles.Et eux,ils n'ont rien voulu savoir.Au final,ils ont abandonné l'idée de tuer les filles.Au contraire,ce garde...Il leur a embrassé le front.Et il est parti dans un autre wagon.J'aurais tellement aimé le garder auprès de nous,pour le remercier....Il était jeune,blond,ne semblait pas avoir la vingtaine...Un peu comme toi,Lavra.

-Alors qui est mort,demanda la principale interpellée.

-Ils m'ont demandé comme allait Ama.Nous avions dit qu'elle était très faible.Ils en ont déduit qu'elle ne pouvait pas survivre.

-Tu sais où on est,demande Gaëll d'une toute petite voix où suintait une horreur sourde et enfantine.

Ma mère nous dirigea vers une grosse branche d'arbre noircie,qui surplomnait la vallée profonde et boisée,éclairée par une lumière d'un bleu tellement profond,tellement doux.

Les bourgeons de la Haine [Between shades of gray fanfic]Where stories live. Discover now