Chapitre 44C.

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Arrivée à ma hauteur,une créature surprenante s'accroupit devant moi.J'ai remarqué que c'était ce que faisaient les créatures au physique le moins avantageux pour parler à d'autres.


J'étais en train de me confier,je n'étais pas d'humeur à entendre des Clashs aussi bas,surtout déclaré par une voix aussi sérieuse.

-Hé bien,ça ne va pas?

-Si,si,mentis-je,au lieu de la reprendre sur son langage.

C'est alors que résonna dans mon esprit Nolj Tonplafzgu,l'hymne national si entraînant de Sombralia.Celui que chantonnaient les employées de cuisine.

Car cette petite créature me proposa de travailler pour l'ennemi tout en pouvant gentiment lui nuire.J'ai assuré que je n'avais aucun talent et j'ai fait un stage d'épluchure de légumes dans une cave.J'inaugurai,avec une rage secrète,des techniques d'empoisonnement dont ma mère assurait qu'il s'agissait de l'arme des femmes.

J'aurais adoré être une créature vénéneuse,ou venimeuse,mais de façon inhérente,à savoir ne pas avoir besoin de la magie pour empoisonner les créatures qui me mangerait.Comme ce n'est pas le cas,je devais passer le temps qui restait à côté d'un gros ventilateur à les rater,à aller jusqu'à les manger,ce qui n'était pas vraiment un acte héroïque,vu que j'ai vu d'autres pauvresses en fichu piquer des sucreries.Je n'avais,pour être honnête,jamais encore mis les pieds dans la cuisine d'un grand restaurant,même en ayant grandi dans le luxe et en ayant enchaîné les petits boulots,et quand j'essaie de m'en faire une idée,c'est ce que je vois.La lucidité me vint très vite:Ils tenaient des propos très méprisants,que je n'ai pas envie de retranscrire,en notre présence,parce que je ne comptai pas.Je me suis mise à regretter le temps béni de la censure en ce qui concernait la famille royale.Aucun ne se doutait de ce que cela signifiait pour moi,j'étais méconnaissable.J'espérais que personne ne relevait,sous les odeurs de cuissons,ce à quoi ont laissé place les effluves de jacinthe et de miel.Je m'en fichais,on pouvait se doucher en même temps que les légumes,le nettoyage par sortilège et élémentaires d'eau étant considéré comme inefficace.Alors on avait droit à un peu d'intimité entre deux murs de parpaing.

-Vous avez gagné le droit d'en voir un cliché,ai-je dit à Ponno.

Du sac bouffi et brun qui m'accompagnait,j'ai sorti une photo aux 4 coins renforcés par des métaux.Un pathétique cliché des cuisinières maigrichonnes de la cuisine sous-terraine d'un grand hôtel communiste.Ponno l'a tournée et retournée dans ses mains,avant de me la rendre.

-Le photographe vous a plutôt bien réussi je trouve.

Il fallait admettre que sur ce coup là elle avait raison.Elle me demandait souvent des photographies,notamment du pays dont elle était aussi originaire,et me répétait sans cesse que dés la fin de mon récit elle voulait qu'on passe encore une journée ensemble.Ce serait sous la contrainte si j'acceptais une journée de relooking plutôt qu'une soirée entre couple avec Luke.Je n'étais pas sûre que ses deux amies me portent réellement dans leur coeur et je voulais m'assurer de pouvoir former un couple réel avec Luke.

-Heureusement que la cave était ventilée,le plucho 4952 était torride.Alors que nous étions en train de profiter de la vie éveillée,parfois les soldats en personne venaient nous obliger à dormir afin d'augmenter notre productivité,de manière assez sévère.On tentait,sans succès,de dire qu'il fallait apprendre à se connaître,mais tu t'en doutes ça ne faisait que les énerver encore plus.Je guettais également une réaction de leur part à l'encontre des cuistots,les garçons dont on nous séparait.

Je tremblais chaque fois que je les voyais et ils plaisantaient en disant que j'allais me pisser dessus,ce qui n'est jamais arrivé.

Je continuais mon récit en parlant le visage caché dans mes cheveux,mais même avec cette barrière de kératine,elle pouvait voir les expressions,les sentiments qui me compressaient le coeur sans pitié.Je ressentais une grande douleur,ils avaient été vraiment durs avec moi.Parfois,ils me frappaient pour que j'avoue avoir commis des vols dont je n'étais pas coupable.Je n'acceptais pas de mentir,j'étais trop faible,je tremblais comme une pauvre feuille.Je leur répétais naïvement que ce que je disais était entièrement la vérité,mais leur esprit ne savait pas juger ou faire la part des choses,alors ils se contentèrent d'appuyer sur les os fragilisés de ma main.Il était vrai cependant que ces hommes,les cocos,n'avaient plus rien à voir avec ceux qui avaient massacré ma Vonshidiwali,ils étaient beaucoup moins méchants.

Les bourgeons de la Haine [Between shades of gray fanfic]Where stories live. Discover now