Les bourgeons de la Haine [Between shades of gray fanfic]

Chapitre 12C:Fuite.

Je ne vois plus rien.Je préfère fermer les yeux et laisser mon sonar me déplacer,me faire éviter les obstacles.D'où l'avantage d'être une sombralienne.Tu marches les yeux fermés.

-Ouvre tes yeux,Loony,disait Zowie avec un air inquiet.

Cela faisait maintenant deux heures qu'on avançait dans la neige,en plein saison de Botant.Mes amies faisaient le guet autour de moi,pour voir si tout se passait bien,comme si...Comme si j'étais encore une princesse qui avait des gardes du corps.Mais les gardes du corps,ça m'a toujours traumatisé.J'avais six ans,et j'ai eu un traumatisme...Rêvé,un jeune gars noir, et on sait toutes qu'ils sont la beauté ,fut assassiné devant mes yeux.J'ai jamais vu une telle quantité de sang. Heureusement c'était un rêve. Tiens,je vais raconter l'anecdote.Je l'ai fait,et elles ont baissé la tête en se rangeant derrière moi.J'ai ouvert les yeux.

Elles ont souri,heureuse que je n'ai plus les yeux fermés.J'avais envie de regarder la forêt rouge recouverte de neige.Je me recouvris d'une couche de vêtement.L'air devenait encore plus froid dans cette forêt.

Knegna avait toujours son foulard sur l'épaule et ses chaussettes en accordéon autour des chevilles.Knegna venait d'une famille originaire de la Terre installée à Sombralia depuis des dizaines d'années.Elle avait grandi dans une de ces communautés dont on évite de parler.La communauté terrienne,dans le cas présent,russe.Pourtant,son nom est parfaitement ankarkéen.

-Loony!

Je me retournais et me plantai devant elle,constatant que le teint de Knegna était devenu cireux.

-Tu n'a jamais fait de différence entre moi et Zowie parce que je suis d'origine terrienne?

-Non,surtout pas  maintenant.C'est moi la plus terrienne d'entre vous.

-Très bien,fit-elle en se détendant.

Visiblement,elle s'était toujours inquiétée à ce sujet.

Le jour suivant,le 36 Botant,arriva bien assez vite.On avait dormi dans une mousse rousse qui faisait un tapis sur le sol.Je n'arrivai toujours pas à dormir,à cause  des cauchemars qui ne cessaient jamais de venir m'embêter.Mes amies elles dormaient profondément. Elles venaient probablement de perdre leur famille. A quoi pensent-elles? Peut-être que je les enviais, pour elle il y avait encore de l'espoir.

Le soleil était redevenu chaud,la neige avait commencé à fondre pour devenir de l'eau.Nous reprîmes notre route.

Deux semaines plus tard,je la vis enfin.Au détour d'un arbre rouge,je la reconnus.Cette vieille dame en pourpre et bordeaux,son dos courbé,ses deux grosses nattes blanches,son pendentif en forme de hibou,cette femme marchait,une file de champignons la suivant en volant.

-C'est elle!

Nous avions couru pour la suivre,nous rendant invisible lorsqu'elle entra dans sa petite maison,derrière un portail décoré de cadenas.

Mais un sentiment étrange m'empêcha d'aller lui parler.Comment cela se fait que je l'ai vue aussi facilement?Nous rendant visibles,nous avancions doucement sur le parterre de feuilles mortes,sans faire de bruit.

La maison était petite,plein-pied,au toit recourbé,et une grande lueur violette se reflétait sur les fenêtres rondes.Nous la vîmes faire chauffer un élémentaire d'eau et sortir des biscuits au chocolat lorsque nous décidâmes de toquer à la porte.Je pris ma respiration en l'entendant arriver.

-Qui êtes-vous?fit l'oeil bleu tournant sur la porte.

-Je suis la princesse Loony,et je serais heureuse de parler à la propriétaire des lieux.

Oui,ça me semble poli comme formulation.Dans quelques temps,j'allais connaître l'histoire de ma mère.Comment cette terrienne avait-elle appris qu'elle devrait faire ses études sur une autre planète?

-Bonjour,Loony.Je t'attendais.

Je m'assis sur le canapé bordeaux,d'une mollesse telle qu'il perd tout confort.Je me sentais triste,terriblement triste,regardant le mur blanc incrusté de petites bougies.De petits dragons verts chahutaient dans les poutres du toit,toit en paille brune laissant passer la lumière.Je me repliais sur moi-même,regardant la forêt par la fenêtre ronde.

Je dus m'endormir sans même m'en rendre compte,comme ça,sans gêne sur le canapé,car il faisait nuit quand la porte s'ouvrit violemment et que je me réveillais.Une grande sorcière aux cheveux noirs et aux yeux gris se tenait,menaçante dans l'encadrement.Elle était vêtue d'une longue robe vert émeraude et portait un chapeau pointu sur la tête.

-Les voilà!cria-t-elle.Soldats!Saisissez-vous d'elles!