Chapitre 42A:La rencontre avec les deux autres.

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Je pus rejoindre ma chambre en fin d'après-midi,le lendemain de l'arrivée de Loony et de mon bain bienvenu.J'ai heurté quelqu'un en arrivant,sans doute l'une des deux filles.Je poussais un juron yiddish que je tenais absolument à conserver,en marque triviale d'une civilisation annihilée.

Puis j'ai lancé,sans les regarder dans les yeux,sans même jeter un oeil à la chambre,la question qui me brûlait les lèvres et les paupières:

-Est-ce que dans ce monde-ci il est possible de faire revenir les morts à la vie?

Bien sûr,Loony s'est ruée pour me répondre par une énigme,car c'est bien connue dans un monde fantastique tout le monde parle en énigme,qui me disait en gros que j'étais très naïve.J'ai réussi à résoudre l'équation à vingt inconnues de sa phrase,avant de me chuchoter à moi même que j'aurais eu besoin d'y croire.Heureusement,une fée est arrivée avec du café.Je l'ai chaudement remerciée.

Le puzzle du passé de ces filles allait se compléter,mois après mois,et chaque jour qui passera après la révélation finale de Panne sera plongé dans l'incertitude,car le comportement des deux autre,comme le mien,était l'incertitude même.Loony me fixait,et c'était gênant.

-Je peux savoir ce que tu fais?

Loony reprit après une allure irréprochable.La seule chose que je savais d'elle,c'est qu'il s'agissait de la princesse de l'un de ces royaumes aux noms féériques qui s'enchaînent sur la côte Sud.Je savais que son Royaume était entre toutes les mains,sauf les siennes.Sans nul doute,cela était pour elle un sujet de honte.A dix-neuf ans,elle semblait elle aussi,avoir connu toutes les horreurs.

On est longtemps resté dans cette chambre qui était la mienne.Tout aurait continué,si je n'avais pas épouvantablement craqué au milieu de l'un de ces goûters.Je ressentis un immense besoin de solitude,comme si j'avais peur qu'elles piquent dans mon assiette,ou que ce soit moi.Je voulais être seule dans l'étroite pièce aux murs argentés,sur ce lit si bas et si épais à la fois,à la couverture finement ciselée de gris et de violet.Ce n'était pas la même chambre que celle où l'on m'avait ramenée ainsi que les deux autres adolescentes.Est-ce qu'une jalousie couve en moi à leur égard?Elles ont plus de bien être que moi ici,mais on me considère comme étant celle qui avait le plus souffert.J'espérais à raison,pour elles.Je posai mes pieds sur la petite commode en bois sombre,tirant à l'aide d'une large poignée argentée l'unique tiroir,pour y glisser cette étoffe qui ne m'avait jamais quittée.Je me demandais si ce qu'avait dit Panne à propos de la cinquième dimension était vrai.A la minute où ils me verraient,ils s'empresseraient de me démolir.Je suis persuadée de ne mériter que de la haine de leur part.Dans le cas contraire,il n'y aurait rien à arranger.Je porte sur mes épaules le poids d'âmes qui ne verront plus l'expérience par ma faute.

-Mais Sara,m'avait dit Panne,ce sont tes amis!Ta famille!

Je leur donnais quand même toutes les raisons de m'en vouloir.

-Les nazis profitaient des moments où vous baissiez la garde pour frapper plus fort.Un jour viendra tu ne t'en voudras plus.Il ne faut pas se tromper d'ennemis.

Il ne faut pas se tromper d'ennemis.Cette phrase a fortement frappé ma conscience,si fort que j'ai ouvert en grand la fenêtre rectangulaire de ma chambre pour laisser entrer l'air glacé,et peut-être chargé de neige.Je me balançais un peu,les coudes appuyés sur le rebord de la fenêtre,le visage enfoncé dans une nuit noire décorée d'étoiles multicolores,quand je vis une de ces créatures menaçantes dont des panneaux avertissaient de la venue un peu partout voler à toute vitesse vers moi.Alors c'était le moment ou jamais d'utiliser mon pouvoir pour me défendre.Mes mains jointes ouvrirent un rond de lumière glacée dans une pièce toujours extrêmement propre et calme.L'origine du glaçon allait devoir être demandée et reportée,et j'avoue que je serais fière de dire que ça sera de moi.Au moindre acte de violence,on risquerait de nous tomber dessus,de mettre cela sur le compte de notre passé.Injuste et logique à la fois.Alors,j'étais sûr que si jamais ils chercheraient à tout prix à connaître la vérité,ils opteraient pour le report d'un cas de légitime défense.Comme lorsque j'ai congelé ce salopard de nazi dans la forêt.Je me suis retournée sur moi même pour ouvrir la porte.

Les bourgeons de la Haine [Between shades of gray fanfic]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant