Chapitre 25C:La philosophie d'un couteau et d'un garçon aux yeux noirs.

17 2 0
                                    

J'avais un rendez-vous,à la bibliothèque,qui visait très certainement à me convaincre de ne pas me rendre en chine.Cette Chine qui avait façonné mon image,qui m'a faite inconsciemment voir les choses en grand pendant toute mon enfance,une civilisation encore plus ancienne que la jeune Sombralia.Je carburais à la ferveur populaire et intime,et à l'admiration des foules qui autrefois aimaient leur princesse,et qui ensuite la trahirent.

-Eh bien,si tu vas là-bas,je te conseille au passage de te cuisiner quelque chose.Le ton était ferme,limite agressif.

Je déposais ma bague,la bague de Sombralia,une bague de famille,un peu comme dans le royaume de Solaris où elles circulaient de génération en génération.L'Homme qui me recevait me regardait d'un air complètement neutre.

-Ok...

Je fais la grimace.Je savais qu'il me concoctait encore une vidéo assez horrible,qui me forcerai à rester sur Ankarka,une planète bien plus unie et pacifiste que la Terre.Ils pensaient sûrement que ma mère avait fui cette planète sans se retourner.Je ne voyais pas comment une femme de 19 ans pouvait comme ça tout abandonner pour épouser un roi.

-Seriez-vous contre le mariage?me demanda-t-il.

-A sa place,j'aurais peur comme pas possible de faire un enfant à 19 ans.

-Eh bien,j'ai pour vous quelque chose de bien plus effrayant,me répondit-il avec un petit sourire sarcastique.

Je m'assieds derrière le bureau et je regardais le documentaire de 4H,celui avec le japonais fou.

-Allons-y,répéta-t-il.

Si ça vous intéresse,vous pouvez regarder le film Philosophy of a knife sur internet,attention il s'agit du film le plus gore jamais réalisé,le plus choquant aussi,si tu as 14 ans je te déconseille de regarder.

Je ne peux décider si je peux croire ou non ce que j'ai vu.Je l'ai vu.J'avais vu,pendant quatres heures consécutives,ce que les terriens pouvaient faire.

-Es-tu toujours prête à y aller?Quand pars-tu alors?Parce que là-bas,vendredi,ta maison sera déjà toute meublée pour ton arrivée,et tu seras prête à y emménager?

-C'est vrai?

Une peur ancestrale,un rebut,un choc,m'empêchait d'avoir assez de courage pour m'y rendre.Ma famille n'avait de toute façon pas été entièrement anéantie?Qu'est ce que cela changerait alors que je m'y rende?

-J'espère que vous voyez votre famille,et si vous venez avec moi,ce ne sera pas si difficile que ça.

-Vous n'avez l'air de croire en rien à ce que vous dîtes.Cela semble facile pour vous simplement parce que vous ne m'accompagnerez pas!Vous ne m'aurez pas montrer ce film sinon!

La boule de cristal sur son bureau se mit à vibrer,à sauter sur place,en rebondissant,brisant mes pensées stressantes concernant la Chine.Il la colla à son oreille et se mit à parler.Un poids me compressait,une immense haine contre ceux qui avaient fait tout ce que je venais de voir,tout ce que je voulais bannir de mes pensées,pour ne conserver que le souvenir de l'instant présent,et de tous les souvenirs heureux qui malheureusement n'arriveront plus.

-Tu as un visiter me dit l'homme dans mon oreille.Mon coeur bondit soudainement,compressant tout le reste de mon être avec lui.

-Hey,je suis désolé de venir ici comme ça.Je ne dérange pas au moins?

J'entendais ses pas sur le sol,il se dirigeait vers le bureau.

-Il y a quelque chose qui ne va pas?me demanda-t-il,voyant à quel point j'avais la tête baissée.Je ne voulais pas le voir.

Je m'appuie maladroitement les coudes contre la table glissante,crispée,en essayant de ne pas voir son visage.Il s'avance davantage dans la pièce,sur le sol carrelé de rose saumon et de blanc,et je lui dis:

-N'essaie pas de me faire relever la tête,j'ai dit d'un air menaçant.

Sa voix prit un air plus décontracté.

-Vous n'arrêtez pas de dire ça mais c'est toujours ce qui se produit.

Enervée,je râle légèrement,et je lève doucement la tête vers lui,écartant mes cheveux,afin de mieux voir son visage.Je fronce les sourcils.

C'était le garçon que j'avais vu au Mcdo.Un garçon à la peau mate,cuivrée, avec de longs cheveux noirs,des yeux ronds,noirs,denses,pétrifiants.

-Je hais plus que tout les confrontations,j'ai dit.Mais si tu ne me dis pas tout de suite ce que je veux,je peux me montrer très violente.Dois-je te rappeler qui je suis?J'ai des choses à savoir si vous voulez tellement que je tourne la page sur la..situation.

-Je ne sais pas,fit l'homme qui m'avait montré le film.Tu ne peux pas l'emmener en Chine avec toi?

Mon coeur palpite.

-Non,oh,que non,répondit-il.

Autant abandonner à tout jamais à son sort le pays de ma mère.A cette idée,je fondis immédiatement en larmes,m'écroulant dans mes cheveux si secs et si sales.

-Je ne parle pas de la Chine...

Je fronce les sourcils,et il quitte la pièce,fermant la porte derrière lui.

je restais donc seule avec l'homme,dans cette pièce carrelée de rose et de blanc,aux murs gris,avec des meubles de bois sombres.Parmi mes trois alliés,c'est le seul qui fut constamment là.Celui qui m'aida un minimum.Et dire que je ne le verrais plus jamais.Les larmes brûlent,aucunement accueillies,en descendant sur mes joues,alors que j'essaie de me reprendre en main.Je ne devrais pas pleurer à cause de cela,je suis trop forte pour me le permettre.

L'entretien prit fin.Cette ville allait me manquer.J'allais rentrer dans la forêt,où j'allais me terrer,jusqu'à ce que quelqu'un puisse m'accueillir sans risquer la mort.J'allais rentrer chez moi,là où reposait Zowie.Je regardais une dernière fois le bureau,mes yeux se concentrant sur l'écran où j'ai vu les images que je n'aurais jamais du voir.Mon estomac se tord totalement alors que je mémorise tout ce que j'ai vu,ce qui me foudroie totalement le système nerveux.Elles inondent mes sens.

Je ne suis donc jamais allée en Chine.Cela ne m'a pas manqué.J'eus beaucoup d'autres occasions de souffrir avant d'arriver ici.

-Attendez!cria une voix derrière moi.Je laissais entendre quelques pas pressés sur le carrelage avant de me retourner.

Je me retourne.Il s'agissait du garçon aux yeux noirs.

-Il faut...que je vous dise..où faire vos affaires...avant de vous en aller...

-Oh,mais je ne vais pas si loin que ça!

Je suis tentée de sourire mais je ne souris pas.

-Merci.

-Comment tu te sens après ce documentaire?

-Je sais que je ne devrais jamais l'avoir vu.Dire que parmi ces gens,il y avait un cousin,la soeur d'une grand-mère...

-Eh bien je ne m'attendais pas à ça,fit-il.

-Tu t'attendais à quoi?Que je danse la polkamon?

-Au contraire.Que tu défende l'honneur de ton pays d'origine,de ta nationalité,et que tu hurles après les pourfendeurs de ta nation blessée.

-J'aime pas ton petit ton ironique,mon chat.

Son ton était en effet sarcastique et sa voix rauque.

-Est-ce que j'aurais le temps de me brosser les dents?j'ajoute.

-Oui,t'inquiète.On a déjà mis une brosse à dent de rechange dans ta valise.On a dû mettre tes affaires sur le tapis volant.

-Merci.

-Une dernière chose.Si jamais tu as envie de te réfugier quelque part...

Il me tendit un petit bout de parchemin arraché de façon tellement abrupte qu'il aurait très bien pu avoir utilisé ses dents.Lisez,Ponno.Cela devrait vous intéresser.

Ponno lit le parchemin.L'étonnement passa dans ses iris plus noires que toutes les ténèbres sombraliennes,et elle se leva,visiblement attérrée:

-Oh,le connard.

Les bourgeons de la Haine [Between shades of gray fanfic]Where stories live. Discover now