Les bourgeons de la Haine [Between shades of gray fanfic]

Chapitre 53A:Idzie lasem pani jesien.

Jarzebine w koszu niesie.

L'automne arrive et ça fait 4 ans que c'est la guerre.Et c'est toute l'Europe qui en crève.Pendant que j'erre tel un fantôme.Peut-être était-ce ce que nous sommes réellement devenus.Des fantômes,condamnés à hanter les forêts pour rappeler aux riverains qu'ils auraient dû nous aider comme ils auraient sauvé des chrétiens.J'avais l'impression d'être immortelle et immatérielle moi aussi.Je ne me sentais plus respirer,je n'avais ni faim ni soif,je n'avais plus l'impression de souffrir de la maladie de la vie.Si nous étions tous morts...En gros,ça signifie que je me suis endormie et que quand je me suis réveillée ce n'était pas mon corps,c'était juste mon esprit.Donc,si tu es un fantôme,tu ne voles pas,et tu ne retrouves pas tes proches.

Dans cet univers où on se massacre les uns les autres pour des prétextes quand même assez douteux,même la mort ne laisse aucun espoir à ceux qui ne sont plus vivants.

-Waldek,est-ce que tu penses que nous sommes morts?

-Je suis allé pisser il y a une heure,je ne peux pas être mort.Tu devrais t'inquiéter pour toi car il me semble que tu es vivante Sara.

-Quand même,je me pose beaucoup de questions,a fait Ania.Hitler a envahi pleins d'autres peuples que nous,rien que les polonais déjà.On est pas le seul peuple qu'ils haïssent,les allemands.Ils auraient pu en martyriser d'autres que nous.Mais non.Les ghettos,Treblinka,la dératisation,ça concerne que nous.Ce doit être un privilège.

Je comprends enfin pourquoi les anciens nous qualifiaient de peuple élu.

-Tu es sérieuse ou t'essaies de démontrer par l'absurde pourquoi le chauvinisme juif n'a pas de sens?

-Vous me croyez jamais,juste parce que je suis plus jeune que vous.Je suis pas une gamine,j'ai 14 ans!

je suis assez démunie face à ce genre d'argument.J'ai regardé Panne.Elle rangeait des feuilles où elle avait écrit chacune de mes phrases,dans un coffret qui avait des pieds mobiles et des dorures autour de la serrure.

C'est là que j'ai encore senti quelque chose,comme un pressentiment surnaturel.'Fin,c'était,un pressentiment surnaturel.

-Je crois que y a un truc qui a tourné.Que le cours de la guerre est en train de s'inverser.

Ils eurent une réaction appropriée:ils étaient éberlués.

-Quoi?Mais comment est-ce que tu peux savoir ça?Qu'est-ce que t'as fait encore?Tu fais de la magie,avoue-le?

-Si je faisais consciemment de la magie,je vous aurais prévenu.

J'ai failli agrémenter tout ça d'un clin d'oeil.En fait,il m'a semblé clair que j'étais une magicienne et que ma magie se manifestait à travers moi de façon épisodique,que c'était une entité libre.J'ai adressé un grand sourire,et à Panne,et aux quatre autres.

-Si tu te trouvais un bon prof,on serait libres.

-Je peux te trouver un bon prof,a fait Panne.La mère de Yoshi Haneda est adorable et très compétente.Elle a vécu plusieurs années sur Terre,au Japon,où elle a fait sa formation de déesse,de protectrice terrienne,et où elle a eu,bien entendu,ses enfants.

-Bon,ça,on verra plus tard,l'ai-je coupée.

-Est-ce que tu souhaiterais encore de la confiture?me demanda-t-elle.

-Oui,celle à la mûre.

Panne ne fut pas surprise,elle s'était souvenue que c'était la première chose que j'avais mangé en arrivant ici,et que cela avait influencé toutes mes habitudes alimentaires à venir.Au niveau des papilles,il y eut clairement un avant et un après l'arrivée ici.Elle demanda méchamment à une employée de l'hôpital de venir m'en chercher.Timide,je ne l'ai pas reprise.

Quand elle est revenue,je lui ai fait un grand sourire,forcée qui ne dut pas lui faire que du bien,malheureusement.J'ai avalé mon petit-déjeuner,en m'imaginant dans ma chambre que l'on avait réservée pour moi,où je pourrais toucher les photos abîmées,en noir et blanc qui plus est,de mes parents.Tout au long de nos échanges j'avais refusé de la montrer à Panne,ni même de l'évoquer,de peur qu'elle n'insiste pour que je la lui montre.

-Dîtes-moi Panne,ai-je fini par oser lui demander,de quelle espèce êtes-vous?Je crois qu'on se connaît suffisamment pour que vous finissiez par me le dire,non?

-Sûrement pas de la même que moi en tout cas,ai-je ajouté.

-Bon,d'accord,je ne suis pas humaine,et j'ai 340 ans.

-Bon,ça répond déjà à pas mal de mes questions.

-Vous ne descendez pas de moi,a-t-elle fait.Je ne me serais pas parjurée en me reproduisant avec un nid à bactéries,a-t-elle répondu d'un ton condescendant.

-Trop aimable.Vous semblez pourtant vous soucier de ce que nous avons vécu en Pologne.

Et j'aimerais ajouter que curieusement,j'ai réalisé pourquoi j'avais si peu ressenti le froid quand je vivais au ghetto ou quand on s'est échappé en plein hiver dans la forêt polonaise.Et je me suis sentie tranquillisée.Comme si j'utilisais trop de chaleur et que j'allais trouver un moyen magique d'en apporter aux autres.

Je ne pensais pas être une magicienne.Je n'avais pas l'impression que la magie venait de moi.Mais que la magie circulait sur Terre et s'était manifestée à travers moi,ou non,que le pouvoir de d.ieu s'était montré au monde par l'intermédiaire de l'une des martyres du peuple élue.

J'ai décidé d'y voir une élection.