Chapitre 10A:Bienvenue en antisémitanie

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Je me consumais à l'avance pendant cette période.J'étais dépendante de la vérité,je voulais absolument savoir ce qui se passait, on parlait d'antisémitisme de plus en plus . Je voulais que maman n'est plus peur parce que je n'aimais pas la voir souffrir(logique,c'est plutôt l'inverse qui devrait vous inquiéter).

-Je voudrais que tu saches que quoi qu'il arrive,on ne te laissera pas toute seule,Sara.On ne vous laissera jamais seuls,les enfants.David et Shoshele sont des parents formidables pour vos cousines,et j'espère que rien qu'en souvenir de nous si nous ne passons pas la frontière,ils prendront soin de vous aussi longtemps qu'ils vivront sur Terre.Ils feront en sorte que tu sois heureuse,comme nous on l'a toujours fait pour toi.

-Mais vous allez réussir à passer la frontière,non?j'ai demandé en reniflant.

-Bien sûr chérie,dit papa comme une évidence avant se s'eclipser lentement.

J'ai toujours trouvé qu'il n'avait pas l'air très sûr de lui à ce moment-là.Il pensait sûrement que les enfants allaient pouvoir passer la frontière,c'était vraiment une certitude pour eux.Le bruit des bottes s'amplifiait au porte de Pologne et l'antisémitisme se répandait sur toute l'Europe.Je sus plus tard que mon père n'avit souhaité fuir que pour mettre sa femme et ses enfants en sécurité,et de les protéger en cas de souci.Parce que lui,il ne croyait pas à la fuite.Il croyait à la lutte socialiste,il pensait que si lui et ses formidables amis unissaient leur force ils renverseraient le pouvoir.Je le croyais aussi.A l'époque,j'admirais mon papa,comme je l'admirais quand j'avais 3 ans,ou comme je l'admire encore aujourd'hui.Oui,je le crois.Mais il n'a rien pu faire.Quand l'occasion s'est présentée,il était trop tard.Je ne sais pas si aujourd'hui je pourrais me résoudre à accepter cette vérité.Le temps,en deux ans et quelques mois,n'a toujours pas fait son travail.

J'étais en cinquième durant cette période,et comme beaucoup d'élèves juifs de la classe A sont partis,et que beaucoup d'élèves de la nôtre sont partis également,on a mélangé les deux classes.J'avais de nouveaux amis.On allait souvent se balader en ville ensemble,prenant le tramway pour aller chercher des boutiques de vêtements,et parlant yiddish pour se confier tout un tas de petits secrets "eau précieuse"incompréhensibles pour une certaine catégorie de gens.Zosia et Kinga se voyaient de plus en plus souvent sans moi.Ces amies ne me rejettent pas. On me répétait souvent que nous les juives on était les seules filles à avoir eu un passé aussi cahotique et que personne ne pouvait nous comprendre. Que leurs parents se faisaient licencier sans raison ou plutôt que la raison on la connaissait. Qu'on se faisait tuer à vue aussi. Elles pensaient que je m'étais auto-exclue.De toute façon,j'évitais de trop m'attacher,car j'étais persuadée de ne plus jamais les revoir,et je ne voulais pas une trop brutale séparation d'avec la Pologne,ma vie polonaise,les gens que j'y ai rencontré.Le père de maman devait partir le 24 mai,Irena,Gosia,Wanda,Marek,le bébé,Sohana et moi le 26 juin,et enfin les parents le 16 juillet.

Il ne me restait que trois mois à vivre ici,et je contais en profiter au maximum.

Les bourgeons de la Haine [Between shades of gray fanfic]Όπου ζουν οι ιστορίες. Ανακάλυψε τώρα