Chapitre 40B:Cet homme qui est entré dans ma vie

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17 Juin 1942.

-Cela ne servirait à rien,répéta ma soeur aînée Lavra.Même si tu trouvais la pire des vengeances.Ce qui est fait est fait et dans tous les sens du terme tu ne peux plus revenir en arrière,a-t-elle ajouté sur une intonation ascendante accompagnée d'un étrange sourire triste.

-Est-ce que tu te rends compte,a fait Markas,à quel point cette idylle a lavé le cerveau de ta soeur,a détruit son intelligence et sa lucidité?

-Pourtant,s'il y a bien un mec qui mérite de souffrir,qui mérite de crever sous une rafale de coup de pied c'est bien celui qui nous a séparé,ai-je dit à mon tour.

-En attendant,a reconnu mon moi actuel,il avait des pouvoirs magiques,on me faisait du mal et si j'étais de mauvaise foi je l'accuserais de ne pas avoir été foutu de nous aider.Pourtant je n'ai pas le souvenir d'un seul soir où je n'ai pas senti sa protection.

Je terminai ma phrase en envoyant valser un vieux stylo magique posé sur le bureau de Penne.

Le voyage en lui-même était désagréable.Le seul avantage par rapport à juin 41,c'est Markas,qui non seulement est en meilleur état mais qui aussi a trouvé un stratagème intéressant pour faire croire à notre grand nombre et éviter un genre de surpopulation carcéral.Alors quoi qu'il se passe derrière les murs de la caisse,je ne le verrai pas.Si Lasse m'aime encore ou non,je ne le verrais pas non plus.

-Ne rêves pas trop d'amour,a fait une femme à côté de moi.A une heure du matin,un homme épuisé viendra ivre s'effondrer dans ton lit.

-Vous êtes russe?rétorquai-je.

Pas de réponse,renfrognement.J'ai pensé à mon propre père,qui avait traité ses enfants comme des divinités,et qui ont été chassés du paradis par une volonté totalement indépendante de la sienne.

-Tais-toi donc,tu racontes n'importe quoi.

-J'émets seulement une hypothèse.

Il y avait des sujets plus intéressants sur lesquels émettre des hypothèses.Mais malgré nos qualifications nous manquions de contexte et de connaissance de l'actualité pour formuler quoi que ce soit.On avait un grand fan des Etats-Unis avec nous et il fit profiter à ses concitoyens lituaniens,nombreux dans ce train et qui semblaient,incroyablement,nos copies,nos reflets plus ou moins bien imités.Quelqu'un aborda notre américanophile tout en hauteur sous un quelconque prétexte,et il répondit par l'annonce de l'attaque de Pearl Harbor,qui remonte à six mois au moins.

En vérité,à l'ouest il y a peu de chance que quoi ce soit ait changé depuis mon brusque départ.J'étais précipitée dans un train vers une destination inconnue mais où je sais que j'aurais encore des journées de travail acharné.

18 Juin 1942.

Mélinda fut exécutée.Dés qu'elle était éveillée,elle était au chevet de sa fille,que nous connaissions à peine et dont l'étrange maladie la colorant de toute part avait fini par achever.Une heure plus tard,on se débarrassa d'elle sans autre forme de cérémonie.La mère ne put supporter ne serait-ce que de ne plus voir ce visage mongoloïde qui semblait paisiblement endormi,et se jeta à sa suite,et cela ayant pu être un délit de fuite elle fut,je l'imagine,tirée à son tour.L'heure de route qui suivit fut consacrée au silence,et à l'acceptation de notre situation qui ne faisait qu'empirer.

19 Juin 1942.

Ce matin,le train était à l'arrêt.Problème technique,on devrait dire.Elle s'avançait vers la porte,en se frottant les yeux pour éviter la lumière.J'ai entendu ma soeur,j'ai reconnu sa voix.Je me rendormis.

Je me réveillai,elle me faisait face,elle rentrait,le train redémarra,elle était couleur tomate.

Elle avait la tête baissée,et ses cheveux blonds redescendant sur son visage rouge ne cachaient rien du véritable sentiment qui était en train de naître dans ses yeux.

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