Chapitre 26A:Viandes humaines et lumières citadines.

15 2 0
                                    

Pour la première fois de ma vie,je reçus un cadeau de noël.De la part de Jablonski,notre bienfaiteur chrétien,qui fit passer par l'un des pores du mur un filet de carpes,plein de citron,d'huile et de graisses.

-C'est ce qu'on fait chez nous,ce soir là,m'expliqua-t-il.

Pour la seule fois de ma vie,ce fut valable chez nous aussi.Trois semaines après une fête des lumières où les nazis raflèrent le fils du rabbin qui avait enterré Bronka sur son lieu de travail,je célébrais une fête chrétienne.Wladislaw y tenait,poussé par la nostalgie d'un père qui avait passé son enfance à l'église,et dont le fils termine dans un ghetto,symbole ancestral de la misère des juifs d'Europe.Une fenêtre allumée,brillant comme une ampoule moribonde derrière le patchwork,avant de rejoindre les autres dans la lumière totale.Une fête visant à nous donner espor,un avantage certain sur l'esprits des autres gens pour qui ce jour était un jour comme les autres,voir pour certaines individus comme Soshele le signe de leur persécution.Moi,je remerciais Wladislaw,et sa double culture,c'était vraiment un homme bon.

Cette nuit là fut aussi une nuit phare,et vectrice d'espoir.Dans l'emballage de Jablonski(c'est pas Jablonski qui était emballé,vous aurez compris),je m'aperçus que l'on s'était trompé de direction,qu'on était à l'est au lieu de l'ouest.C'est là que j'aperçus un de ses enfants gonflés et squelettiques à la fois,sur lequel tombait une neige qu'il n'avait plus la force d'enlever,près de ces caves où mon père était avec ma mère,sans doute préparaient-ils la résistance.C'est là que la charité prit le dessus,et que je l'aidais.

-Ok,on est pas sur la bonne route,fit Ania,et le couvre-feu c'est dans une heure et demi.

Se rendre dans la rue après le couvre-feu relevait du suicide.

Cette nuit là,pourtant,nous n'en avions même plus cure.Jablonski,proposait au sept enfants de partir.

-Si vous faîtes du mal à ces enfants de quelque manière que ce soit,je vous prendrais chaque souffle que votre corps prendra,menaça Waldek.

-Si je voulais vous tuer,je l'aurais déjà fait,et croyez-moi mais même en Pologne je connais des gens qui seraient prêts à le faire.

Bien étrange bonhomme.Je lève ma tête vers le gars avec qui il se tenait,qu'on verra encore deux fois.

-Savez-vous où est-il à présent,Panne?

Elle leva la main en guise de capitulation.

-Est-ce vous,Panne,qui avez envoyé cet homme?Savez-vous où se trouve la famille Milesko?

Jablonski nous proposa de changer de nom.Continuer à m'appeler Sara Isenberg serait inadmissible pour notre fuite.Je le regardai d'un air ahuri et continuait à m'appeler Sara.Il voulait me donner le nom de jeune fille de son épouse polonaise,qui me faisait l'effet d'acide dans les oreilles.

Si nous avions pu manger le 24 au soir,d'autres n'en avaient pas eu la chance.

On nous avait pourtant mis au courant d'une arrivée de viande exceptionelle.

-Elles sont là depuis environ 15 minutes,je ne sais pas d'où elles viennent par contre?m'avertit ma petite soeur de presque 8 ans.

C'est là que ma mère revint,totalement paniquée,ses cheveux noirs se collant à ce qu'il restait de peau tirée sur son visage,et je lui demandai ce qu'il se passait,pensant que l'occasion de manger au moins aujourd'hui était perdue:

-Que s'est-il produit?Conte-moi l'histoire au complet?

La voix de ma mère est paniquée alors que Zygmunt la prend dans ses bras pour ne pas que les nazis voient qu'elle est hystérique et la tire comme un pigeon.

Les bourgeons de la Haine [Between shades of gray fanfic]Where stories live. Discover now