Chapitre 15A:31 août 1939.

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Oui,Panne,nous sommes la veille de mes 13 ans.J'étais sur la petite terrasse de la maison,je lisais un petit livre écrit en polonais appartenant à la bibliothèque du collège et que j'ai oublié de rendre,ce qui risquerait une grosse amande.Le temps était étouffant,la confiture de fraise collait à mes lèvres.Mon père était parti,quelqu'un ayant déclaré avoir des nouvelles de notre famille Mileskovitch.

Je ne sais pas pourquoi,mais déjà l'ambiance était terriblement tendu à la maison,on ne parlait pas,on criait à l'intérieure de la maison,on faisait attention à chaque gestes des enfants.

Soudain,papa est rentré à la maison.Je l'entendais hurler,quelque chose comme:

-Ce n'est pas possible!C'est sûrement une blague!Ma famille!Et je les ai abandonné!

Il avait les yeux explosés par la détresse,la veine de son cou était saillante,l'eau sortait à flot de ses globes oculaires,et ma mère tentait de le calmer,bien qu'elle s'attende au pire.

-Comment peuvent-ils nous faire ça!Comment!

-Zygmunt,qu'est-ce qui t'arrive,dis-moi!

Elle était une pauvre femme,tentant de consoler ce mari qu'elle aimait,tout en pleurant parce qu'elle redoutait que toutes ces choses que nous redoutions soient arrivées.

-Zygmunt,je me soucis de ce qui t'arrive!Dis-moi ce qui se passe!VITE!

-Grazele..Les enfants...Ils les ont arrêtés.

-Quels enfants?demanda ma mère,dont la lèvre inférieure tremblait.Elle laissait les questionnements des deux autres hors de la conversation.

-Ma famille...Pietr...Mara...Irena...Wanda,et même Ian..

-NON!hurlai-je.Chacun de ces mots étaient comme un coup de fouet sur mon esprit,surtout ceux des enfants.

-Comment tu le sais?demanda Martyn dont les yeux commencèrent à gonfler.

Il commença son énumération morbide,celle de toutes les confirmations qu'il a reçue.

Sans que mon père ne puisse parler,quelqu'un frappe à la porte et la petite Gosia se lève pour aller répondre.

C'était Zosia.Il était quatre heures,et j'étais censées aller au cinéma avec elle à 17H.Je ne sais pas pourquoi elle avait fait tant d'efforts pour aller à cette séance,mais c'était aussi loin de mes préoccupations que ne l'était la frontière avec le Maroc.

-Pas maintenant,Zosia.Pas maintenant...

Zosia est restée à la maison,tentant de nous consoler,jusqu'à 17H30.

-Zygmunt,les allemands ont envahi la Pologne?

Ma mère avait posé la question qui lui incendiait la langue.

-Non.

-Comment!Ils n'ont pas été arrêté par les allemands!

Une idée horrible fit remonter la soupe de midi dans mon oesophage.Maman posa la question à ma place,sans se soucier de la présence de Zosia.

-Les polonais?

-Les russes.

Personne ne dit rien.Je n'arrivais pas à réaliser.Irena,ma cousine,mon amie d'enfance,a été arrêté,sans qu'elle ne soit coupable de rien.Son petit frère de quatre mois n'avait même pas été épargné.

-M'as tu entendue,Grazena!

-Oui,Zygmunt,je t'ai entendu.Je ne m'attendais pas à ce que les russes viennent les arrêter enfin!

Elle était hystérique,n'arrivant pas à réagir calmement avec toute ces douleurs.

Mon père se tapa la tête contre la porte.

-Et moi?Qu'est ce que tu crois?

-Mais pourquoi ils les ont arrêtés!Parce qu'ils étaient juifs?

-Même pas!Parce que nous sommes PO-LO-NAIS!

La surprise est évidente sur tous les visage,surtout celui de Zosia.Ma mère éclate en sanglot et nous prend tous dans ses bras,mais mon père esquive son étreinte,il tremblait de rage et de détresse.L'embarras envahit son visage,et elle repose une question.

-Comment ça?

Elle ne mâchait même plus ses mots.

-Parce que Pietr est un ancien soldat et  que Mara est voyante et institutrice.Ce..j'ai pas de mot...de Staline aime vraiment arrêté les gens,et il n'en est qu'à sa première vague.Dans quelques mois,ce sera peut-être nous qu'il arrêtera...si les allemands ne s'en chargent pas avant.

Tout le monde crie,sauf Gosia.

-Mais pourquoi?Pourquoi tant d'acharnements?demandait ma mère en s'essuyant les yeux avec une serviette de table.

-On approche de la fin,ma chérie,la fin de tout ce qui nous entoure,on ne reverra jamais nos amis d'avant.Peut-être que certains d'entre nous auront plus de chance...J'espère surtout que ce n'est pas entre les mains des nazis que nous tomberont.

Zosia s'est mise à pleurer violemment,elle en devenait carrément hystérique.Je m'en sentais responsable,parce que j'avais accepté de la laisser entrer alors que je ne le pouvais pas.

-Zosia,rentre chez toi,et préviens ta famille.

Elle me lance un regard désespéré,je m'approche d'elle et elle me tourne le dos pour partir en courant.

-Zosia...

-Il semble qu'il va y avoir un orage...fit-elle en dardant ses yeux sombres sur le ciel de la même couleur.Malgré son visage rougi par l'angoisse,sa voix est calme.

-Ca va aller.Au fait,c'est mon anniversaire demain n'oublie pas.

-Tu rigoles,je prendrais la première opportunité pour me le rappeler.

Et elle est partie.Je tourne la poignée,et elle ne bouge pas.J'ai un mal fou à fermer la porte.

Je parle silencieusement,espérant que personne ne m'entende.

Ce fut le triste couronnement de cet été funèbre.Ma grand-mère est morte.Irena,ma cousine,ma moitié,a été arrêtée.Le jour de mon anniversaire,la guerre a été déclarée.

Les bourgeons de la Haine [Between shades of gray fanfic]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant