Chapitre 19C:Abandonnées.

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J'étais seule à présent.Je devrais dire nous étions,mais Zowie,c'est ma moitié mon amie,elle fait partie intégrante de moi-même.J'ignore les recommandations de la femme qui aurait pu me sauver.J'ignore les au revoir de sa grand-mère,qui ne s'est pas beaucoup débattue.Et j'ignore les regards pleins de mépris des médecins pour le mauvais cobaye que je suis.Je m'en fous.

Les belles saisons ankarkéennes passent sans que je les vois,sans que je vois la moindre fois la lumière de notre étoile violette.Lorsque la sorcière était partie,c'était pour ne plus jamais nous revoir,pour vivre avec une culpabilité qu'elle n'allait jamais consommer,profitant du chant des oiseaux et nourrissant les écureuils gris et violets de la forêt.Elle n'avait pas sourcillé.Après avoir fait le bouleau de confier la souffrance de peuples qui n'ont rien à voir avec moi,elle part sans l'once d'un regret.Ben oui,nous les méchants ankarkéens qui avons laissé crever les sortceliers terriens.Comme si je ne ressentais pas de rages contre eux,en mémoire de ma mère chinoise.Ma mère terrienne.La Chine...c'est comment?

Me coupant dans les rares réflexions que le liquide démoniaque me laissait faire,une femme médecin coupa les fils.Elle avait troqué ses pleurs du aux acides auxquels elle m'exposait contre un sourire,fourbe,faible,faux.Je ne pus réprimer un hoquet de surprise,ou alors une recherche d'air véritable,d'air ankarkéen,celui où circule si librement les effluves magiques du vent.

Comment allait-elle s'y prendre,pour me l'expliquer?

-Je vais partir?Ma place n'est pas ici.Elle est à des milliers de km.

-Visiblement non.

Comme si tout cela ne l'affectait pas.Comme si finalement je l'avais bien mérité,pour avoir eu le malheur d'être fille de roi.Je tentai exaspérée d'ouvrir les yeux,mais je n'y arrivais pas.J'entrouvris péniblement les yeux,mes des tâches de couleurs agressives,des tâches de violet et de bleus apparaissaient comme du sang sur mes yeux,et alors je cessai tout simplement de voir.

Elle m'avait aveuglée.

-Je ne peux rien promettre,étant donné que je ne connais pas la cause de cet aveuglement soudain....Mais ça ne doit pas être important?

Za? Je ne peux plus rien voir,je suis entièrement coupée du monde,je ne vois rien,rien,rien du tout,mon sonar est presque annihilé,et pour elle ce n'est pas important.Zruilg,détrompe toi!

Mais mon sonar marche toujours.Enfin,la seule chose que je vois,c'est une grande boule de lumière au milieu de la pièce,éclairant les murs d'un vert d'eau sale,et une silhouette noire,celle de la femme médecin.

J'avais l'impression d'être dans un rêve.Et j'entendis une petite musique.Une musique semblant provenir des profondeurs du bâtiment,comme un instrument fantôme,un piège qui guide ses proies par son mystère.

Je m'attendais à tout sauf à ça!Un piano dans un bloc d'expériences médicales,qu'est ce que ça veut dire?Je ne sais pas quoi en penser,ce n'est pas parce que je suis une fée que je peux tout deviner loin de là.Une fée,une sorcière,ou autre,je ne sais pas.

Ma mère m'avait transmis sa passion,qui était de deviner la clé des mystères,et je ne pensais pas être si mauvaise!Vraiment,je lui fais honte.Je n'ai même pas parlé à d'autres de la souffrance de sa famille à Nankin.

Ma mère...Je la revois,quand je soufflais mes sept bougies avec entrain.Je la vois,ressentir tous les morts qu'il y avait à ce moment là,je la vois,qui sentait que guerre était proche sur terre et sur Ankarka.Je la revois me caresser tendrement les cheveux alors que les paquets cadeaux volaient dans notre direction.

Je n'arrivais toujours pas à croire que dans un monde où les fées existent on puisse prendre une vie comme ça.

Les bourgeons de la Haine [Between shades of gray fanfic]Where stories live. Discover now