Chapitre 24A:La mort de Bronka.

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On a presque plus d'argent.Les rares personnes travaillant dans la maison gagnaient chacun une misère,et surtout,la nourriture était rationnée.Attention,la quantité est plus que pharaoniques:200 calories par jour.Et par personne,encore heureux.

Je n'avais pas le talent nécessaire et surtout pas assez de connaissance de la musique pour être embauchée comme chanteuse,je ne savais pas dessiner,je ne savais pas coudre,mais je sais me battre.Ce discours pourrait tenir si nous étions encore au XVIIIème siècle.Parce qu'ici,un soldat allemand décide au hasard de tirer une balle de calibre et nous ne sommes plus là.A la fin du mois d'avril,j'ai vu une femme trébucher juste devant moi.J'étais avec Waldek,et nous avions proposé de faire le mur pour essayer de soigner sa mère.Nous avions passé la nuit à établir notre plan,sous une planche,pour nous protéger des projectiles qui pourraient éventuellement atteindre nos fenêtres.

Elle était sortie de son immeuble,elle marchait juste devant nous.Elle était à peine plus mince,à peine plus brune que moi,la peau à peine plus blanche.Et surtout,elle était enceinte.Pas de beaucoup,mais une femme maigre a la grossesse plus visible.

Elle a trébuché juste devant nous,et elle ne s'est jamais relevée.Parce qu'elle est morte,un des gars l'a voulu.Point.

Waldek m'a ordonné de me reconduire à la maison au lieu de partir.Il ne voulait pas être surpris en train de partir,ou de rentrer.Et puis,il craignait que les nazis n'ait déjà tout détruit chez nous.

Je n'étais que légèrement craintive.J'avais emprunté des vêtements polonais dans une laverie.Waldek également,et comme moi,il n'avait jamais porté les vêtements d'autres.

-Je suis sûre que tu seras plus à l'aise dans ces vêtements que dans ta robe.

Nous sommes allés voir la mère de Waldek.

Ses coudes reposent sur ses genoux,elle est assise sur un lit au milieu de la chambre,et elle regarde droit devant elle,ses yeux verts totalement vides,au milieu de ses joues creusées à l'extrême et couvertes de plaques rouges.

-Si tu ne veux pas continuer à rester avec moi,je comprendrais...

-Quoi?fit Waldek d'une voix bouleversée où transparaissait des larmes,je ne penserais jamais ça...Je ne vais pas t'abandonner.Je te le promets.

Il tint sa promesse.La nuit même,alors que j'étais à peu près endormie,il posa sa main sur ma bouche,un doigt sur les lèvres:

-Sh...Nous allons partir.J'ai trouvé un moyen de nous enfuir.Prend ton manteau,la nuit est un peu fraîche dehors.

-Waldek,arrête,on est en mai et je sais pas si tu te souviens on a essuyé un hiver sans vêtements chauds.

-Justement.

-Mais tu...

Il est reparti vers notre fenêtre,et se retournant vers nous,nous demanda:

-Puis-je faire quelque chose pour vous?

Sa voix est douce dans la noirceur.C'est d'autant plus frappant que dehors il s'agissait d'une véritable noirceur,celle où les âmes des morts visitaient les vivants.

-Reviens nous aider,un peu.

Il fait justement ça.J'ai ouvert les tiroirs de la cuisine,totalement inutiles vu qu'il n'y a pas de nourriture,et j'ai glissé des couteaux dans la poche de mon manteau.

Je me suis retournée,afin de voir si les dix autres dormaient,à part Wladislaw et Maman qui veillaient Bronka,et j'ai sauté par la fenêtre.

Alors que les soldats faisaient la ronde,alors que le moindre être vivant encore éveillé à cette heure se faisait tuer,nous étions à l'extérieur.

Les bourgeons de la Haine [Between shades of gray fanfic]Where stories live. Discover now