Chapitre 13A:La maladie.

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Ma grand-mère était chez nous depuis presque un mois,et le mois de juin,mois ensoleillé,aube du dernier été d'une Pologne en paix,s'étirait tranquillement.Ma grand-mère habitait toujours avec nous.Cette mère et sa fille(ma mère),se disputaient assez souvent sur le plan idéologique,car le petit monde de Sohana était subtilement divisé en deux clans:Les juifs,c'est le bien.Les autres,c'est le mal,enfin plus ou moins,les polonais par exemple ça va.Par contre,dans le clan des juifs elle ne compte que ceux qui le sont depuis la naissance.Se convertir,pour elle,c'est impensable,peu importe la religion dans laquelle on naît.Au moins,on ne peut pas lui reprocher d'être prosélyte.

Mais ma grand-mère était le plus souvent trop fatiguée pour parler,tout son énergie était dépensé dans la préparation du déménagement en France.C'était ma mère qui venait la chercher.Tout opposait ma mère à la sienne,comme tout opposait ma mère à sa soeur.Ma grand-mère et ma tante avaient beau être des belles femmes à la beauté juive,elles avaient beau être d'excellents cuisinières,c'était des femmes qui rêvaient d'ascension sociale,ne montraient aucune coquetterie amoureuse à un mari que pourtant elles aimaient(pourtant Shoshele l'ingénieure a épousé un chantre),méprisaient les chrétiens(elles disaient les polonais,ce qui faisait hurler ma mère).

Je suis critique,mais moi non plus je suis pas fan du christianisme,et du reste j'en ai jamais voulu à ma grand-mère.Elles étaient ainsi.Seule leur pratique pointilleuse de la religion me laissait un peu pantoise,même si ma mère est croyante.

Mais aujourd'hui,tout ça n'a plus d'importance.Car le 23 juin,trois jours avant que nous ne fuyons vers la France,la veille de l'arrivée de nos cousins chez nous,notre destin bascula.Nous dînions sur la terrasse de notre maison,d'un somptueux riz au cumin,et nous trinquions à nos derniers jours varsoviens .Sohana piquait du bout des doigts une petite olive rouge dans un récipient peint en blanc.Elle la fit glisser derrière ses dents,alors que nous l'observions.Nous étions un groupe de gens assis sur un divan extérieur pour prendre l'apéritif,j'assume totalement que ce soit nous.Sohana mangeait des olives du bout de ses ongles peints assise sur le bras droit du divan et j'évitais de la regarder.Mais à la troisième...

J'ai entendu un affreux bruit de gorge,ma grand-mère est tombée du matelas en agitant les bras,elle ne pouvait plus rien aspirer,elle saignait.Ma soeur a crié parce que c'était impressionnant,mon frère tremblait devant la violence de cette scène,et ma mère appelait à l'aide,nous envoyant mon père et moi chercher désépérément l'aide des voisins.Nous avions réussi à appeler en urgence un médecin urgentiste,qui a réussi à ne pas arrivé trop tard.L'homme courait à travers la maison vers la scène du drame,bousculant ma soeur encore sous le choc,s'accroupissant à côté de ma grand-mère iconsciente sur le sol.Ma mère lui lança un regard désespéré,mi reconnaissant mi suppliant.Le visage du médecin ne traduisait aucune émotion,tant il était habitué à faire ce genre de choses tout le temps.

-Sohana...Dans quel monde vivez-vous...

Sohana était admise à l'hôpital,le médecin tenait à nous parler seuls à seuls dans le service inoccupé d'à côté.Sa main bouge en l'air pour montrer des ordonnances accrochées au mur,à son nom.Ma mère,d'abord surprise par la révélation,éclate en sanglot.

-Sohana a les poumons emplis de métastase depuis combien de temps?

-Depuis six mois au moins...Elle ne vous en a jamais parlé?

-Jamais;..

-Pourquoi vous l'aurez-t elle caché?

-Je sais...Dans trois jours,nous devions quitter la Pologne.Vous savez,l'invasion...Elle ne voulait pas nous empêcher de partir....Elle ne l'a même pas dit à son mari,pour le garder en sécurité...

-Je comprends...Ecoutez,Madame Symonek ne doit pas voyager,vous me comprenez!Il faut vous occuper d'elle....

-Mais..fit mon père en se retenant de pleurer,mes nièces et neveux doivent  arriver demain,pour partir,et il n'y a personne pour accompagner nos enfants...

Ma mère s'est effondrée sur la table basse,et j'encaissais la nouvelle avec toute la force dont j'étais capable.Ma grand-mère allait mourir,et si l'invasion survenait avant notre départ,quand bien même nous partions,il allait falloir affronter l'ennemi.

Les bourgeons de la Haine [Between shades of gray fanfic]Unde poveștirile trăiesc. Descoperă acum