Une jeune mercenaire de 26 ans, confrontée à un choix. Signer ce contrat risqué, avec un vieil homme vengeur pour abattre une cible du nom de Dario Lucci.
Corvi, est-t-elle nommé. Signifiant... 𝑼𝒏 𝒄𝒐𝒓𝒃𝒆𝒂𝒖. Sa représentation ? Un oiseau trè...
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𝑨𝑼𝑹𝑨
Tout était différent, tout avait changé. Je n'avais plus ce quotidien bouleversant dans lequel je tuais de sang-froid, dans lequel la violence primait avant tout et je n'ai plus de contrat. Je n'en signe plus depuis au moins un an. Je n'avais plus envie de continuer et j'avais l'opportunité d'arrêter alors je l'ai saisi. Voilà maintenant un an que j'ai dit au revoir à Corvi et deux ans que je suis seule, c'était une carapace avec trop de responsabilités et pour mon bien et celui de mon entourage, je devais changer ça.
J'avais pris goût à la féminité. Les jolies robes, la dentelle, le maquillage et les manucures. Les Tic Tac aussi, les fameux... Tant de choses que je n'ai pas pu apprécier avant parce que j'étais trop occupé à souffrir et me terrer dans mes noirceurs.
J'en ai fini, vraiment fini. J'ai tiré un trait sur les règles de mon père, toutes sans exception. J'en ai bâti de nouvelles pour enfin vivre et non juste survivre...
Depuis un an, je vis pleinement et chaque jour est une nouvelle opportunité pour moi surtout en ce beau soleil du mois de juillet. Malheureusement, je ne peux pas me réjouir de ma vie, ou du moins pas entièrement. Il manque quelque chose d'important à l'équation, quelque chose que j'ai rayé trop vite de ma liste sans apprécier sa valeur.
Il fallait que je fasse machine arrière, je devais reconstruire ce que Corvi a laissé pour mort. Il n'y a aucun regret que j'ai qui compte le plus et je pense... Je pense que j'aurais dû réfléchir avant de prendre ma décision dans la panique.
Il s'était livré à moi, à cœur ouvert.
Et je l'ai pris en main pour le réduire en miettes.
J'avais ruiné toutes ses espérances et j'avais au passage brisé mon cœur. Le sien s'accordait au mien lorsque tout semblait s'écrouler et en broyant le sien, j'avais causé la chute du "nous". J'avais balayé notre chance en un claquement de doigts et j'étais... Tellement en colère.
J'ai craqué, un nombre incalculable de fois en constatant ce que j'avais fait. Nora m'écrivait toujours, je ne pouvais pas lui faire ça une seconde fois elle était la seconde aile qui me faisait voler et surtout celle qui m'a aidé à retrouver une humanité dans ce fameux café.
Elle m'en a terriblement voulu, mais nos appels ont apaisé les tensions.
Une chose est sûre, chaque appel me détruit puisqu'elle me rappelle sans cesse que leur Capo a été profondément blessé et que mon départ fut très dur.
Et je le sais, parce que pour moi c'est aussi dur d'être loin d'eux... Je ne sors avec personne, je n'ai ni amis, ni famille. Je n'avais qu'eux. Et sans m'en rendre compte, j'avais laissé derrière moi une famille qui était prête à se jeter dans une cave maudite pour venir me sauver.
J'ai bien dit à Nora qu'un jour, je reviendrais, mais j'appréhende tellement... Je sais que ça ne sera pas simple et je me prépare déjà à de futurs rejets, mais je sais que j'en souffrirais. Je me rassure en me disant que ça ne peut pas faire plus mal, mais je sais que ça sera pire.
La souffrance ne m'effraye pas, la vraie source de ma terreur, c'est de ne plus être capable de faire machine arrière et de perdre pour toujours celui qui m'a fait découvrir un monde dont je n'avais pas la connaissance.
Je n'ai pas peur de me battre, je n'ai pas peur de l'affronter. J'ai simplement peur de le voir partir et c'est bien culotté de ma part puisque je l'ai fait. Alors, oui, j'accepterais lorsqu'il brisera mon cœur. J'accepterais lorsqu'il me dira des horreurs et j'encaisserai sa douleur.
Parce qu'à partir de maintenant, c'est à deux que je veux avancer. Et lorsque j'ai des ambitions, je n'écarte jamais mon objectif de ma ligne de mire.
Le corbeau n'est plus en course, mais la colombe s'apprête à passer la ligne d'arrivée.
Je souffle, une fois pour toutes. Main sur la poignée, je n'ai qu'une hâte. Sortir de cette voiture et lui montrer que les plumes que j'ai laissées m'ont ramené ici. Digne d'un conte de fées, quel malheureux Petit Poucet...
