Honte sur les adultes

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Tu es là dans ta nuit, les racines brumeuses,
Tu cries seule et sans bruit, déclines malheureuse,
Et les corps qui t'entourent sont des rocs trop durs,
Et les cœurs tout autour ont des crocs et des murs.

Alors tu te délites, grain d'infinité,
L'esprit rongé aux mites, l'horizon bouché,
Ne cherchant plus l'amour, n'espérant plus la vie,
N'attendant rien du jour et plongeant dans la nuit.

Tu as lancé des mots comme autant de bouteilles
Afin que l'océan des hommes te surprenne,
Qu'un esquif salutaire au crépuscule vienne
T'arracher à tes chaînes, t'aimer sans pareille,
Mais tes maux sur les flots, ignorés des bateaux,
Vont un à un s'échouer sur tes rives désertes
Et hanter ton regard des reflets et échos
Des rêves qui sont morts et de leurs voix muettes.

Et moi qui de l'espace observe tes marées,
Qui vois que ton espoir ténu va s'abîmer,
J'alerte les étoiles, les dieux et les fées,
Je secoue les châteaux, les manoirs, les palais,
Mais ton sourire s'efface au milieu de la foule
Et ne laisse en passant que la terrible trace
D'une vie que l'on gâche, de l'espoir que l'on casse,
De mon cri dans le vide et mes larmes qui coulent.

Aubes et crépuscules 2/4Où les histoires vivent. Découvrez maintenant