Soupçons

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En réponse à des échanges que j'ai régulièrement avec des poètes sur les enjeux du rythme en poésie, voici deux variations poétiques. Elles mettent en œuvre avec plus ou moins de bonheur les questions rythmiques qui agitent sporadiquement nos réflexions lors de l'écriture de textes en vers.


Le premier est régulier (tous les vers font la même longueur), et cette régularité est renforcée par une épiphore (retour final d'un même groupe de mots), mais la construction des vers crée un balancement qui donne une impression d'irrégularité rythmique.


Le second est irrégulier (alternance de vers longs et courts), mais les vers longs sont tous de la même longueur entre eux et les vers courts (presque) tous de la même longueur entre eux, et, le déséquilibre est aussi atténué par le fait que les vers longs font sentir un hémistiche (coupure centrale) qui correspond à la longueur du vers court, ce qui rétablit une certaine forme de régularité.


Bref, tout ça pour illustrer les différentes stratégies pour jouer avec le rythme. ;p


Bonne lecture !


***


Soupçon d'équilibre


Tout ira bien, mon doux amour,

Et le passé est oublié.

Prends-moi la main, mon bel amour,

Et continuons de nous aimer !


Tu ne dis rien, mon doux amour,

Mais tu ne peux rien me cacher :

Entre tes seins, mon bel amour,

Je sens la chaleur de l'été.


Entre tes reins, mon doux amour,

Je sais pouvoir me réfugier,

Et ce chemin, mon bel amour,

Est celui de l'éternité.


Contre ton cou, mon doux amour,

S'accroche mon dernier baiser.

Il oublie tout, mon bel amour,

Sauf ce que nous avons été.


Ta peau glacée, mon doux amour,

N'abrite plus qu'un souvenir.

Tes yeux fermés, mon bel amour,

Emporteront nos derniers rires.


En rouge et bleu, mon doux amour,

Tu dors de ton sommeil au bois,

Mais rien ne peut, mon bel amour,

Jamais me séparer de toi.


J'ai ton parfum, mon doux amour,

Tatoué sur la chair de ma bouche,

Et mon baiser, mon bel amour,

Te marque de mon sceau farouche.


***


Soupçon de déséquilibre


Tu as ma bouche tatouée à tes jugulaires envies,

Pour marque de ton infamie.

Tu as l'étreinte de mes doigts pendue au cou de tes somnies,

Pour sanction de ton incurie.


Tu étais mienne, à moi, ma reine, et rien ne nous séparerait,

Pas même le trépas !

Ô ma sirène, à toi, ma peine, en toi l'univers s'amassait,

Et j'en étais le roi.


Mais sur mon trône de guingois tu as assis un imposteur

Tandis que je rêvais de nous.

Et dans ma nuit pleine de songes, tu m'as interdit ton cœur,

Qui m'était absolument tout.


Pourquoi a-t-il fallu, amour, que mon feu s'éteigne en ton âme ?

N'était-il pas ardent brasier ?

Qu'attendais-tu, mon bel amour, que je fasse de cette flamme,

Si tu n'en veux pour te chauffer ?


Mon incendie s'est déchaîné hors de sa cage et de nos cœurs,

Et voilà qu'à présent tu meurs.

Le temps est bien un ennemi qui change l'ardeur en aigreur,

Alors il est temps que je meure.



Aubes et crépuscules 2/4Où les histoires vivent. Découvrez maintenant