Sommeil

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Quel est donc ce vertige où sombre ma raison ?

Me voilà l'homme lige à ton cou enchaîné,

A tes pieds prosterné, enivré du poison,

Délicieuse oraison, de ton parfum d'été !


Quel merveilleux vertige où me laisser sombrer !

J'emplis de ton prestige un avide poumon

Qui s'épuise à pomper l'élixir éthéré

De ta peau veloutée où courent mes frissons !


Je voudrais bien sombrer dans un si beau vertige,

Car plus rien ne m'afflige, ainsi de toi gorgé,

Mais se creuse entre nous un abîme glacé,

Quand ton soleil se noie dans mon sang qui se fige.


Ma lune sur ta tige a perdu tout éclat

Et j'erre dans le noir, en néant qu'on fustige,

Pourtant c'est un litige qui ne vit qu'en moi :

Tu arraches déjà à mon cœur ton prodige.

Aubes et crépuscules 2/4Où les histoires vivent. Découvrez maintenant