On peint des arcs-en-ciel dans les cours des écoles
Pour ignorer là-haut que les cieux sont si gris ;
On feint de ne pas voir que les espoirs s'envolent
Quand les rêves s'en vont avec la sonnerie ;
On trace sur le sol de si jolies marelles
Pour chasser par le jeu la vie de corps trop jeunes,
Mais on s'étonne encor que ces enfants bouillonnent
Quand un seul jet de pierre arme enfer contre ciel.
On dessine au tableau de belles perspectives,
Mais les projets futurs se cognent au réel,
Et l'errance de l'âme nourrit l'invective,
Abreuve nos terreurs, met sur nos plaies du sel.
À quoi bon enseigner comme est beau le printemps
Si chaque abeille meurt et si notre air nous tue,
Si l'océan se vide et si le ciel s'est tu,
Si l'amour s'est enfui devant tant de néant ?