Il était là,
Couché,
Caché sous les buissons,
À l'affût,
Aux aguets,
Pour ne pas le manquer.
Il respirait tout bas,
Et il ne bougeait plus ;
Vissé dans son viseur,
Son œil ne cillait pas.
Statue dans le sous-bois,
Souche de chair figée,
Il attendait.
Implacable.
Déterminé.
Il l'aurait.
Alors des ombres vertesIl a surgi soudain :
Paré de clair-obscur,
Les andouillers vivants,
Le muscle frissonnant,
Le geste minutieux,
Il a reniflé l'air.
Il ne soupçonnait rien :
Il avança serein
Dans l'air frais du matin.
Il venait se nourrir,
Se croyant isolé
Et en sécurité...
Il ne se doutait pas
Qu'à quelques petits pas,
Un homme le visait,
Plus immobile encore
Qu'une pierre tombale.
Quelques instants encore,
Et il sera dans l'axe,
L'alignement parfait,
Au bout de la visée.
L'animal s'est penché
Pour cueillir quelques feuilles,
Puis il s'est redressé,
Mâchant, dressant l'oreille.
Son poitrail étincelle ;
Le cœur de l'homme bat.
Son œil luit au soleil ;
Un doigt tremble tout bas.
Là !
Maintenant !
Le roi des bois plastronne !
Le soleil le couronne !
C'est le moment rêvé !
Pas question qu'il le rate,
Qu'il s'en retourne sans !
Alors, tout doucement,
Il met l'image en boîte.