Pose un peu au bord du chemin
Le fardeau de ta destinée :
La vie t'a bien trop malmenée
Pour lui accorder ton chagrin.
À quoi bon traîner sur ton dos
Ce seau plein de toutes tes larmes ?
Ne vois-tu pas que tous ces drames
Ne sont des murs que pour de faux ?
Va donc promener à grands pas
Les beaux pieds de ta liberté
Et faire chaque jour repas
De soleil, de fleurs et de prés !
Gonfle bien tes poumons noircis
Du gruau gris de tes soucis
Afin que tout ton cœur s'emplisse
D'un air qui enfin te ravisse !
Bientôt, tu reviendras ici
Non pour reprendre la corvée
Mais pour arpenter mieux nantie
Ces chemins qui t'ont malmenée.
Tu y redresseras les tiges
Que tu ne pouvais plus porter,
Et tu n'auras plus le vertige
De voir les autres te juger.