10-My Prince

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Une semaine plus tard. 

***

J'arrive en cours en sueur,  je cours pour ne pas arriver plus en retard en classe que je ne le suis déjà. J'ai déjà cinq minutes de retard. Ça m'apprendra à ne plus regarder de séries jusqu'à deux heures car je n'assume pas assumé en ce jour. En soit, j'aurais adoré raté ce cours de littérature mais je ne peux pas. L'école est très exigeante avec les absences, je préfère éviter des conflits administratifs inutiles. 

Lorsque j'ouvre la porte, tout le monde se retourne vers moi, un silence immédiat se fait. Eh merde, il semble que le cours ait déjà commencé. Je souris un peu timidement et tente de me faufiler à travers les tables. 

—Givenchy, vous êtes en retard. 

—Excusez-moi, dis-je tout en me faisant toute petite. 

Je m'assied à la seule place disponible, au fond de la salle. Je déteste le fond, mais je n'ai pas le choix aujourd'hui. 

Le cours reprend bien vite alors je sors mes affaires. Je crois comprendre qu'aujourd'hui nous travaillons sur une oeuvre française que je ne connais pas du tout: Les fleurs du mal de Baudelaire. On devait le lire à la maison mais je ne l'ai pas fait, ça ne m'intéresse pas du tout, ça m'a donc semblé facultatif pour mon cas. Je sors dès lors mon petit cahier de mathématique et commence les exercices donnés pour la prochaine leçon.

Malheureusement je bloque bien vite sur un exercice plutôt complexe, je soupire et me décide à enfin écouter le prof.  

Il parle dans le vide depuis tout à l'heure et nous fait un résumé d'un certain poème en particulier : l'Albatros. J'ai toujours eu tendant à trouver la littérature française trop complexe, alors ça m'ennuie. Je m'amuse plutôt en observant tous ces élèves qui utilisent leur téléphone portable en cachette, je parie sur celui qui se fera coller le premier. 

Même le génie de Sean s'y met. Et il ose me dire qu'il en a quelque chose à faire de l'école ? Pourquoi n'en ai-je pas l'impression? Un élève déterminé n'a pas autant d'insolence et ne surf pas sur son smartphone. C'est illogique. 

Il est toujours aussi froid dans son attitude même en cours, c'est déroutant. 

Et puis, alors que le professeur continue de parler, Sean fronce les sourcils puis relève ses yeux, il semble que quelque chose le contrarie, il lâche son portable et analyse longuement ce que le professeur démontre. Après un moment, il lève sa main. Le professeur, surpris par cette faible participation l'interroge de bon cœur. 

—Mais c'est des conneries ça. 

—Je vous demande pardon ? réplique le professeur un peu durement.

—Ce que vous racontez est totalement faux, enfin, ce n'est pas mon interprétation, je pense que vous vous trompez. 

Cela jette un froid dans la classe, il a une telle audace que l'on est bouche-bé.

—Tu veux peut être faire le cours à ma place ? demande t-il terriblement vexé. 

—Ça ne me dérangerait pas. 

Est-ce une blague ? Je ne sais même pas s'il a comprit l'ironie dans la proposition du prof. Il avance jusqu'au bureau et se tourne vers nous, sous nos regards choqués. Ses deux pupilles brillent car il est en en pleine inspiration.  

—Bien sûr, je ne veux pas vous manquer de respect, juste apporter mon opinion. Vous dites que ce poème démontre l'exclusion du poète, je suis d'accord, sauf que sous votre interprétation, cette exclusion serait uniquement due à la société, je ne suis pas d'accord sur ce point, cela va plus en profondeur, cette exclusion est due à la société mais également au poète même. Il a un problème d'adaptation, lui non plus ne fait pas d'effort contre cette exclusion. Je veux dire, il faut prendre en compte les deux points de vus, on ne peut pas uniquement rejeter la faute sur la société, ce n'est qu'un facteur en amont. Baudelaire se détache, si l'on reprend la métaphore de l'oiseau, en volant et cela démontre clairement sa supériorité morale et spirituelle.

GOOD AS GOLD ( Terminé)Where stories live. Discover now