23 décembre, à l'approche des fêtes de Noël :
Après avoir couru de long en large tout l'après midi afin de préparer les cadeaux et les valises pour notre départ demain matin j'avais fini par me laisser tomber sur le canapé, morte de fatigue. Si Kevin et Alek semblaient bien s'amuser, d'après les rires du premier moi ce n'était pas le cas. Pour penser à autre chose qu'au stress du premier voyage avec bébé et du premier repas de famille avec lui j'avais allumé la télé, espérant que ça me divertirait mais ça ne marchait pas vraiment. Le son me faisait mal à la tête et la lumière me brûlait les yeux, j'étais absolument morte et il fallait que j'aille dormir. Sans plus tarder j'avais donc quitté le salon et emprunté les escaliers pour aller à l'étage, de là sans même m'arrêté j'étais allée dans ma chambre et avais plongé dans mon lit folle de joie au contact du matelas qui m'avait tant manqué. Une fois bien installée et calée sous ma couette j'avais alors fermé les yeux en espérant pouvoir avoir une heure à moi toute seule, au calme sans interruption.
Bien évidemment c'était sans compter sur l'enfant qui me servait de fiancé et qui n'avait toujours pas quitté la chambre de son fils dans laquelle ils jouaient depuis des heures. Si ça me plaisait de les savoir si heureux j'avais vu rouge et m'étais levée folle de rage, j'étais allée jusqu'à la porte face à la nôtre à grandes enjambées et l'avais ouverte brusquement. Même si j'essayais de calmer mes nerfs ça devenait compliqué avec la fatigue et les douleurs qui s'accumulaient, j'avais rarement des crises comme celles-ci mais chaque semaine fois elles étaient horribles. Quand enfin les deux garçons tournèrent la tête dans ma direction je me retins de hurler pour ne pas effrayer mon bébé tout en fixant Kevin comme je le pouvais :
-Fermez là sérieusement, sinon je vais péter un câble.
-Calme ! On joue juste.
-Et tu crois que je joue moi depuis cinq heure du matin ? Entre les lessives, les repas, la vaisselle, le repassage, le ménage, les nuits blanches.
-Ok, ok, on va faire moins de bruit, mais lâche pas tes nerfs sur moi.
-Je lâche mes nerfs sur qui je veux, et là en l'occurrence c'est toi. Si ça te plaît pas vas te...
-Pas de gros mots, y'a Alek.
En tournant la tête vers le petit blond je fus prise d'un énorme poids de culpabilité d'engueuler Kevin devant lui, telle une mère indigne. Un peu perdue, les yeux presque clos à cause de mes cernes je m'étais retournée en titubant pour retrouver mon lit sans rien ajouter. De toute façon ça ne servirait à rien, le bel allemand ne semblait pas vouloir me comprendre et le petit blond n'avait rien à voir avec ça. Dans les vapes je me laissais tomber à nouveau sur le matelas en fixant le plafond blanc pour arrêter de penser à tout et n'importe quoi. C'est à cet instant que la porte s'était ouverte et que j'avais soupiré :
-Bouge de là s'il te plaît.
Mais les mots n'avaient pas suffis à repousser Kevin qui avait pris place à mes côtés comme ci de rien n'était alors que je l'ignorais. Seulement je n'avais pas tenu longtemps puisqu'il me regardait intensément de son côté et lorsque j'avais craqué aucun sourire ne lui avait échappé, il semblait blasé.
-Je sais que c'est dur Julia.
-T'as pas l'air de tant savoir.
-Qu'est ce que je pourrais faire pour que ça aille mieux ?
-Occupe toi de moi. Je veux juste ça.
-Qu'est ce que tu essayes de me dire ? Mets des mots précis sur tes pensées, je suis pas devin.
En cessant de le regardant pour fixer le mur j'avais réfléchi. Moi même je ne savais pas ce que je voulais, j'étais un peu perdue et mon cerveau ne fonctionnait plus correctement. Ces derniers temps c'était l'ascenseur émotionnel entre la joie de l'arrivée d'Alek et la fatigue que ça avait engendré. Il y avait des jours où j'étais là plus heureuse des femmes et le lendemain je n'étais que l'ombre de moi même. Pourtant j'étais comblée, j'avais une vie qui semblait parfaite malgré que Kevin ai quelques déplacements pour ses matchs la semaine.
