Kevin se leva, hors de lui, ses poings étaient serrés, ses joues rouges de colère, les veines sur ses bras ressortaient. D'un pas vif il se dirigeait vers la sortie, presque en courant, des pas étaient lourds, rapides. Je savais où il voulait aller mais je ne voulais pas qu'il s'en prenne à Layvin. J'étais la seule coupable dans l'histoire, le métis n'avait rien à voir la dedans. Je quittais le canapé aussi vite que l'allemand pour le rattraper. Je réussis seulement au moment où il s'était arrêté pour mettre ses chaussures, ma main s'était posé sur son épaule. J'avais vaguement essuyé les larmes qui roulaient sur mes joues à l'instant où Kevin s'était redressé et tourné vers moi. D'un geste d'une violence que je ne lui connaissais pas il nous sépara afin qu'on n'ai plus aucun contact physique. Son regard était dur, le mien fuyant, Kevin rigola, pour se moquer de moi, à quel point j'étais ridicule. Il soupira et me contourna pour poser sa main sur la poignée de la porte d'entrée.
-Kevin n'y va pas je t'en supplie.
-Je vais le tuer, s'écria-t-il furieux.
Pour la seconde fois je tentais de la retenir en attrapant sa main cette fois-ci mais à nouveau il se défit de mon étreinte.
-C'est pas lui Kevin... C'est... C'est moi qui ai merdé. Je suis désolée. C'est pas lui.
Il se tourna vers moi, se trouvant dos à la porte. Il me faisait peur comme ça, il était tellement énervé.
-T'as pas à me retenir Julia, mon poing dans sa gueule ça lui fera du bien.
-Mais c'est moi Kevin... C'est moi ! dis je en sanglot, encore une fois c'est de ma faute.
-Ce connard t'a embrassé.
-C'est ton ami Kevin, je veux pas...
-Non c'est pas mon ami, mon ami m'aurait pas fait un coup de pute comme ça.
-Calme toi je t'en supplie.
-Tu me demandes de me calmer ? Sérieusement ?
Il hurlait tellement fort que je tremblais, j'étais effrayée, je savais qu'il ne me ferait rien évidemment mais j'étais effrayé à l'idée qu'il puisse me quitter ou pire m'en vouloir à vie. Puis il en voulait à Layvin, je gâchais toujours tout autour de moi.
-Kevin c'est de ma faute. Tout est de ma faute. Je suis désolée.
Le blond mit sa tête entre ses mains, perdu par toutes ses informations qu'il devait digérer.
-Je te déteste Julia.
Mes doigts glissèrent sur sa joue alors qu'il s'adossait à la porte, dépassé par les évènements. Ses yeux étaient rougis, il avait les larmes aux yeux. Il était sur le point de pleurer, je le rendais malade. Je ne l'avais vu qu'une seule fois pleurer, il y a trois ans. J'étais horrible, la pire des petites-amies, je l'avais trompé.
-Pourquoi t'as fait ça Julia ?
Mes bras retomberent le long de mon corp. Je baissais mes yeux jusqu'à regarder mes pieds, mes mains tremblaient. Je n'avais aucune réponse à lui donner. Enfin j'en avais une mais je n'était pas prête à lui avouer. Seulement il méritait la vérité, toute la vérité, rien que la vérité. Je reculais d'un bon pas, honteuse alors qu'il m'interrogeait du regard.
-Pourquoi t'as fait ça ? T'en avais envie ?
-Non, enfin si sur le moment mais j'ai de suite regretté.
-Dis moi. S'il te plaît.
-J'avais besoin de toi.
Ma révélation faite j'avais voulu faire demi-tour pour aller me cacher, le plus loin possible. Mais la main de Kevin enlaça mon poignet, il avait fait un effort pour ne pas me serrer fort, pour ne pas me faire mal, contrôlant ses nerfs.
-Je t'avais proposé de revenir, tu m'as invité à tester aux Etats Unis.
-Je voulais ce qu'il y a de mieux pour toi.
Comme il n'ajouta rien je compris qu'il fallait que je continue mon histoire. Je cherchais mes mots mais toutes les versions étaient terribles. Le mois qui venait de passer était terrible. Ce que j'avais fait était terrible.
-Pendant que tu étais à l'autre bout du monde j'avais mal, j'avais la nausée, quelques vomissements, des maux de tête, j'étais fatiguée, j'avais besoin de parler, d'être réconfortée, aidée, soutenue, j'avais besoin d'une présence à mes côtés. Comme tu n'étais pas là je demandais à Layvin de passer régulièrement jusqu'à ce qu'on finisse par passer nos journées ensemble. Inconsciemment dans ma tête il prenait ta place. J'en suis tellement navrée. C'est lui qui était à mes côtés et c'est allé vite hier soir, je me suis laissée aller. J'aurais pas du. J'en avais même pas envie. Je... Je crois que je n'ai jamais autant regretté quelque chose. Kevin pardonne moi.
Le regard de mon petit ami ou ex petit ami était distant. Ce que je venais de lui dire c'était dégueulasse, j'avais mis un autre homme à sa place dans ma vie. Je fis alors un autre pas en arrière, toujours aussi honteuse. Mais la main de Kevin serrait toujours mon poignet et il me retint. Il me tira vers lui, pour que je m'approche un peu plus. Je pris une grande inspiration, et courageuse, je m'autorisais à le regarder, dans les yeux. Ses doigts passèrent dans ma nuque, passèrent sur ma mâchoire, s'arrêtèrent sur ma joue. Il la caressa doucement.
-Kevin je suis vraiment, vraiment désolée.
-Parle plus de ça.
-Mais j'ai...
D'un geste incroyablement doux il posa son index sur mes lèvres, me coupant la parole. Sa langue passa sur la lèvre inférieure et remit sa main dans ma nuque.
-Est ce que tu m'en veux Kevin ? Je veux pas que tu m'en veuille. Je sais que ça ne se reproduira plus.
-Je sais. Je sais Julia.
Je hochais la tête, rassurée. Apeurée.
Kevin se pencha lentement, je le regardais sans savoir quoi faire ni ce qu'il allait faire. Et sans que je m'y attende il scella nos lèvres ensemble. Un torrent de papillon prit place dans le creux de mon estomac. Mes jambes tremblaient, je risquais de tomber sous le choc et l'émotion.
-Je suis désolée Kevin, vraiment.
-Je sais pourquoi tu as fais cette connerie, je te pardonne.
-Ça peut pas se passer aussi facilement.
-Tu voudrais que je te quitte ?
-Non, je pensais juste que...
-Je t'aime. Je veux rester avec toi.
***
Après une trentaine de minutes de discussion et d'excuses nous avions fini par aller dans la chambre. À peine j'avais franchis le seuil de la porte que les mains de mon petit-ami s'était posé sur le ourlet de mon tee-shirt qu'il avait retiré. Seulement il l'avait retiré d'une manière différente de d'habitude, il ne voulait rien faire aujourd'hui. Je me tournais simplement pour être face à lui alors qu'il avança, me faisant reculer jusqu'à ce que je m'assois sur le lit.
Ses doigts passèrent de mon épaule à ma hanches sans s'attarder sur ma lingerie en dentelle, il posa sa main sur mon ventre, fasciné. Finalement, il me fit m'allonger et se mit au dessus de moi les jambes de chaque côté de mon corp. Un sourire s'étirait sur son visage. Puis, ses lèvres se posèrent sur mon ventre arrondi.
-Y'a notre bébé la dedans Julia.
Je passais ma main dans ses cheveux délicatement pour le caresser.
-J'ai tellement hâte qu'il soit là.
-Je vais être papa. C'est génial.
-Tu seras le meilleur.
À nouveau il embrassa mon ventre puis finit par s'allonger à mes côtés, sa tête sur ma poitrine. Moi qui me sentais encore terriblement coupable pour hier soir tout semblait aller pour le mieux. N'étais tellement heureuse qu'il m'ai pardonné cette erreur.
-Cette fois je reste à Paris.
-Hors de question.
-Je veux être là pour toi. Je sais que tu avais besoin de moi mais je n'étais pas là, maintenant je serais là.
-Je ne veux pas gâcher ta vie.
-Tu la rends juste plus belle.
-Ton stage c'est tout ce qui compte pour l'instant.
-Non. Je te le répète pour la dernière fois et je ne te le dirais plus : tu es tout ce que j'ai, tout ce que je veux. À partir d'aujourd'hui je veux être là pour toi et pour le bébé. Je veux rien faire d'autre de mes prochains mois que de t'accompagner.
-Tu es incroyable !
-Je continuerais le stage... À Paris. Je trouverais un moyen, je reprendrais le foot mais je serais là. Je te le promet.
-D'accord. Je te crois.
