-Hier soir je me suis remise à la lecture, j'ai lu les hauts de hurlevent. Quand je l'ai trouvé dans la petite bibliothèque de Layvin, très petite bibliothèque, déclarais je en rigolant, j'ai directement pensé à toi et je l'ai lu entièrement. Je me suis rappelée de la première fois où on s'est vu, au bar, je t'avais renversé une tasse de café dessus, j'étais tellement gênée... Le lendemain tu t'es ramené avec ce bouquin et on a discuté. Ça m'a fait du bien de m'en rappeler, c'est le genre de moment que j'avais tendance à oublier.
Toujours à un bon mètre de Kevin immobile je continuais mon petit discours, balançant des phrases sans aucun sens qui me venaient en tête.
-Bref, ça faisait un petit bout de temps que j'avais pas lu un livre et j'étais heureuse de reprendre la lecture, j'ai pu m'évader plusieurs heures, en plus les garçons ne m'ont pas dérangé. Venant de Rob ça ne m'étonne pas vraiment tu sais, c'est un vrai bout en train mais il sait être calme, alors que venant de Layvin c'est inquiétant. Il n'a pas dit un mot de la soirée, il a cuisiné les yeux rivés vers la télévision et ce qui m'a frappé c'est à quel point il semblait aller mal, son visage était fermé, c'était atroce, jamais je n'avais remarqué qu'il pouvait aller aussi mal. Au début je voulais aller le réconforter mais j'ai eu peur de pas trouver les mots, du coup on s'est ignoré toute la soirée.
Je mordis ma lèvre inférieure fortement.
-Et la j'ai un peu peur parce que je ne l'ai pas prévenu que je venais à l'hôpital et il va m'engueuler. Mais bon, je voulais faire le trajet seule alors c'est pas grave. Eh ! Je sais pas si je t'ai dis mais j'apprends le français à Rob, vu qu'on est là. En Allemagne on parlait polonais nous deux mais vu qu'on habite chez Layvin je voulais qu'ils se comprennent, et il m'a dit qu'il aimerait te rencontrer. Je suis tellement impatiente ! Je suis sûre que vous vous entendrez super bien vous deux, il est aussi débile que toi.
J'entendis frapper à la porte mais ça s'aténua rapidement et finalement j'entendis des bruits de pas s'éloigner. Je fronçais alors mes sourcils avant de me lever pour m'approcher du blond.
-Après demain je serais pas là, je suis désolée, je t'avais promis de venir tous les jours mais ça va être "l'anniversaire", si on peut dire ça comme ça, de la mort de mes parents adoptifs, je vais aller au cimetière. Ça va être la première fois que je vais aller les voir là bas, avant j'ai jamais osé, souhaite moi bonne chance. Je sais que ça va être dur, très dur mentalement mais je m'y suis préparée pendant quatre ans alors ça devrait aller. Enfin j'espère.
Je finis alors par me retrouver à quelques centimètres à peine de l'allemand et je tendis doucement ma main pour attraper la sienne, elle était atrocement froide et ça me stupéfia, je l'observais alors avant de reprendre.
-Je sais que je me répète tous les jours, mais tu me manques vraiment.
Je passais ma main libre dans ses cheveux au moment où une larme roula sur ma joue pour atterrir sur le matelas blanc de mon ex.
-Ça fait mal de...
Je fronçais les sourcils en regardant nos mains enlacées puis tenter de reprendre :
-De...
Seulement mon regard se porta à nouveau sur nos mains et cette fois-ci je n'essayais même pas de continuer, bien trop sous le choque pour parler jusqu'à ce qu'un autre mouvement se produise.
Il venait de bouger, légèrement bien sûr, mais il avait bougé sa main. Je l'avais senti.
Je le regardais en souriant, les larmes aux yeux. Ma main n'avait pas lâché la sienne. J'essayais de ne pas bouger pour sentir s'il bougeait à nouveau et il ne se fit pas attendre, à peine une seconde après je sentis sa main trembler dans la mienne pour mon plus grand bonheur.
