Chapitre 19

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-Est-ce-que je peux aller le voir ?

Le médecin fit une moue moyennement ravi par ma question mais acquiesa en hochant sa tête de haut en bas.

-Normalement ce n'est pas autorisé, mais je peux faire exception.

Et je savais que s'il avait choisir de faire une exception c'était à cause, ou plutôt grâce, à la célébrité de Kevin, ce qui m'attrista même si au fond j'étais heureuse de pouvoir enfin le voir. Même si ça allait être probablement très douloureux. Je serrais alors la main du vieil homme et me leva rapidement pour sortir dans le couloir où Layvin et Rob discutaient, l'un un peu plus affecté que l'autre, assez calmement. Ils semblaient bien s'entendre et c'était probablement le seul point positif de cette journée. Je m'approchais alors de mon ami et de mon frère pour demander où se situait la fameuse chambre, car j'avais malencontreusement oublié de demander au médecin et que j'étais perdu dans cet immense couloir blanc.

Le métis m'indiqua alors une porte, aussi simple et sans vie que les autres, et me souhaita bonne chance, je compris alors que ce que je verrais me fera un mal fou et que ça sera compliqué à gérer, néanmoins j'avais besoin de voir l'allemand alors je poussais la porte doucement, prenant tous mon temps, reportant ce moment fatidique. Alors que la porte était entrouverte je remarquais que la chambre était très grande, il y avait comme un tout petit canapé et le reste était vide, ce qui faisait encore plus ressortir l'immensité de l'endroit, ce ne fut que lorsque j'ouvris encore plus la porte que j'aperçus un fauteuil, puis un lit, des machines énormes, des fils, et enfin un corp. Il reposait tranquillement sans un bruit, immobile, ce fût ce qui me frappa de plein fouet, cet horrible silence.

Je fis alors un pas en avant, puis un deuxième jusqu'à être assez avancée pour fermer la porte derrière moi et je continuais, me rapprochant du lit presque à reculons, plus j'avançais et plus j'étais horrifiée, mes larmes avaient refait surface, beaucoup plus nombreuses, lorsque le visage du blond m'apparut.

Son teint était atrocement pâle, ses beaux yeux verts clos, sa bouche sèche, ses mains paraissent rêches, ses veines ressortaient dans son cou, sur ses bras. Ses joues, son front, son menton, son nez, son visage entier était recouvert d'égratignures, quelques petites mais également des plus imposantes, il était méconnaissable, des bleus s'étaient formés sur sa pommette et sur sa mâchoire, son oeil était gonflé. J'en fûs paralysée, et me retrouvais à l'observer sans oser bouger. Jamais je ne l'avais vu dans un tel état.

Je fermais alors mes yeux quelques instants pour me reprendre et m'assis sur le fauteuil à côté du lit pour ne pas tomber à la renverse tant j'étais mal. Puis, je fis un geste qui m'étonna particulier : je serrais mes mains, l'une dans l'autre et me mis à prier. C'était comme ci c'était la seule chose que je pouvais faire, et pourtant je n'étais pas croyante, ça me prouvait à quel point j'avais peur. Alors oui, je priais, récitant les seules prières que je connaissais, mais en pensant chaque mot, en y croyant. Je priais, priais, priais, pour qu'il se réveille et que tout redevienne comme avant.

Seulement au bout d'un moment je m'arrêtais, lasse de chuchoter les mêmes paroles en boucle et j'osais jeter un coup d'oeil au blond, je ne l'avais pas beaucoup regardé lorsque je priais et je mon plus grand désespoir ce n'était pas un rêve, il était bien là, recouvert de blessures, entouré de fils. J'attrapais alors sa main qui reposait sur le matelas, elle était atrocement froide, et pâle, c'était probablement la première fois de ma vie que j'étais plus bronzé que lui. Quelle horreur. Je la serrais fortement tout en le regardant, espérant qu'il fasse un geste, mais non, rien. Mes larmes n'avaient cessées de couler entre temps et j'avais l'impression que je n'avais fait que ça ces dernières vingt-quatre heures, pleurer. Je tentais de me ressaisir comme je le pouvais mais le résultat n'était pas concluant alors je me laissais aller, de toute façon personne ne me voyait.

-Kevin, déclarais-je doucement, je sais pas à quoi tu joue là, je sais pas pourquoi t'es dans ce lit, réveille toi merde ! J'ai peur quand je te vois ici, j'ai atrocement peur de te perdre. Ça me paraît inimaginable de ne plus t'avoir dans ma vie. Tu n'as pas le droit de me laisser seule. Tu m'avais promis que tu serais toujours là pour moi, mais là c'est moi qui suis là pour toi, c'est pas comme ça que ça marche. Ça devait pas arriver ça. Tu ne peux pas savoir à quel point je souffre en te regardant, même moi je n'arrive pas à m'en rendre compte tant c'est douloureux. Je veux juste que tu te réveilles, comme ça je pourrais te serrer dans mes bras, t'embrasser, j'en rêve depuis tellement longtemps, tes lèvres contre les miennes, rien que pour ça tu n'as pas le droit de lâcher, tu n'as pas le droit de me laisser comme ça.

J'essuyais mes larmes rageusement avant de reprendre :

-T'es plus fort que ça, je te connais, t'es un battant. Tu peux pas abandonner. Tu vas t'en sortir hein ? Oui, bien sûr que tu vas t'en sortir et je te promets que je serais toujours là pour toi, que je te laisserais plus partir, j'ai été bête de le faire une première fois, je recommencerais pas. Ça me rend dingue de te voir dans cet état, tu ne le mérite tellement pas, j'ai presque l'impression que c'est de ma faute. Je sais que tu ne veux pas que je pense que c'est à cause de moi, mais au fond j'en suis persuadée, j'ai joué avec toi alors que c'est moi qui était en faute, je sais que t'es du genre à pas mal réfléchir, ça devait te trotter en tête et t'as pas fait attention à la route, je me sens tellement coupable.

Alors que je m'apprêtais à continuer mon stupide discours j'entendis quelqu'un frapper à la porte, je me levais alors lentement, ça devait être la fin des visites. Je tentais un dernier regard vers Kevin et ouvris la porte, mais ce n'était ni une infirmière, ni un médecin, ni n'importe qui, c'était Leïla. Mon coeur en prit un coup, je l'avais oublié. Je détournais alors la grande métisse et me retrouvais dans le couloir sans même lui avoir adressé un seul mot, je me sentais idiote d'avoir dit tous ses mots à Kevin, même s'il n'a probablement pas entendu, alors qu'il était en couple, encore une fois j'avais foiré. Je mis alors ma tête entre mes mains et rejoignis mon frère et mon meilleur ami. À peine Rob m'avait remarqué qu'il m'avait serré dans ses bras, sans me poser aucune question, il caressa simplement mon crâne quelques secondes espérant me réconforter, et je le remerciais tellement d'être là pour moi. Lorsqu'il me lâcha ce fût alors à Layvin de faire exactement la même chose. Je le serrais alors fortement contre moi.

-Vous dormez chez moi ce soir, me dit il à l'oreille. J'en ai discuté avec ton frère, je vais pas vous laisser aller à l'hôtel.

-T'es vraiment génial.

Il déposa un baiser sur mon front et me lacha également.

Lorsque nous étions arrivé chez Layvin j'avais directement trouvé ma chambre, celle qui m'avait indiqué et m'étais mise dans mon lit, Rob avait fait de même dans celle qui lui avait également été indiquée et Layvin n'avait pas tardé non plus à retrouver son lit. Nous étions tous exténués par cette journée douloureuse et avions besoin d'une bonne nuit de repos. Seulement le sommeil ne me venait pas alors j'étais allée retrouver mon meilleur ami dans sa chambre, il n'avait pas bronché lorsque je m'étais allongée à ses côtés, il avait simplement continué de fixer le plafond blanc, l'air démuni.

-J'espère qu'il va s'en sortir, me dit il alors, je sais pas comment je ferais sans lui. C'était comme mon frère, on a vécu tellement de choses ensemble, il a pas le droit de me laisser comme ça. C'est tellement égoïste.

J'avais sentis des sanglots dans sa voix et ne m'étais pas trompée, des larmes roulaient sur ses joues. Je posais alors ma tête sur son torse tandis qu'il entourait ma hanche de son bras.

-Il est fort tu sais, il va se battre, il nous laissera pas, je te le promet.

Il hocha alors la tête de haut en bas et ferma ses beaux yeux verts espérant trouvé un sommeil réconfortant, loin de cette atroce réalité.

PSG // Tome 2Where stories live. Discover now