Le soignant n'est pas Dieu
Et soigne comme il peut.
Une aiguille, un sourire
Font autant pour guérir,
Mais c'est bien au patient,
À la chance et au temps
Qu'on doit que notre corps
Élude un peu la mort.
Alors, ma blouse blanche,
Alors, ma blouse rose,
Quand arrive dimanche,
Que ton âme repose.
Le lundi sera gris,
Sera peut-être noir,
Mais tu sais que la vie
Alterne les espoirs
Avec les désespoirs,
Alterne les soucis
Avec les embellies.
Ne cache pas tes pleurs,
Si jamais la douleur
Passe un peu dans ton cœur :
Toi aussi en chemin,
On peut prendre ta main,
Ou essuyer tes larmes
Si d'aventure un drame
Te frappe ou bien te touche,
Car la mort qui te couche,
Quand parfois elle fauche
L'âme que tu as prise
Un instant dans tes bras
Et qu'elle t'a reprise
En l'arrachant à toi,
En toi reste et s'accroche.
Alors ne va pas croire
Quand un proche grimace
Que c'est contre ta face
Que cogne son regard.
C'est que tu restes seul,
Quand l'être aimé s'en va
À tenir le linceul
Où leur deuil se débat.
Puis nul n'ignore en vrai
Que tout est très bien fait
Pour que les plus petits
Soient les plus démunis,
Car, tant qu'on s'entretue,
Les puissants sans efforts
Profitent de nos morts
Pour compter leurs écus.